Trois importants projets lancés sur fonds propres : Sonatrach met le cap sur la pétrochimie

Siège de la Sonatrach à Alger

Le groupe Sonatrach intensifie ses investissements dans le domaine de la pétrochimie et raffinage. Dans son plan de développement, le groupe public pétro-gazier consacre 20% de son budget global à la pétrochimie. En effet, au moins trois projets sont en cours de réalisation, dont l’entrée en production est prévue entre 2025 et début 2027. Des projets qui devraient contribuer à la réduction de la facture d’importation de certains produits et intrants essentiels pour les industries de transformation, avoisinant actuellement les 10 milliards de dollars.

Par Akrem R.

Indiquant que la pétrochimie est un axe stratégique pour Sonatrach, le Vice-Président de l’activité raffinage et pétrochimie de la compagnie nationale, Slimane Slimani, a annoncé qu’une unité pour la production est en phase de construction du MTBE (Méthyl tert-Butyl Ether) à Arzew, pour la valorisation des matières premières méthanol et butane avec une production attendue de 200 KTA du MTBE utilisé comme additif pour la fabrication de l’essence sans plomb. Elle sera remise en service en juin 2025, annonce-t-il.

Deux autres projets importants sont également en cours de réalisation. Il s’agit de la réalisation d’une unité de production de méthanol d’une capacité de 100 000 tonnes en plus d’autres types de résines.

Selon le même responsable qui s’exprimait sur les ondes de la radio « Chaîne III», Sonatrach s’est lancée aussi dans la réalisation d’une autre unité pour la production de STEP (Production de polymères PDH-PP) d’Arzew visant la valorisation de la matière première propane en vue de produire le polypropylène, actuellement importé, avec une capacité de production de 50 000 tonnes de PDH et qui entrera en exploitation courant du 1er semestre 2027.

Un autre projet de production de 100 000 tonnes de LAB (Linéaire Alkyl Benzène), qui valorisera le Kérosène et le benzène est évoqué. Le LAB représente la principale matière première pour la production des détergents.

« 100 000 tonnes de LAB seront produites par cette unité destinée à la fabrication de détergents, qu’actuellement, nous importons de l’étranger, à raison de près de 40 000 tonnes à 1600 dollars/ T. Donc, ce projet LAb va nous nous permettre de ré- pondre aux besoins du marché local et même de se lancer dans l’export», précise-t-il, en soulignant que ces projets sont réalisés sur fonds propres de Sonatrach.

Un autre projet en partenariat avec une société turque pour la production du PDH-PP est à réaliser, dont la décision finale de l’investissement sera prise d’ici fin 2024.

Raffinerie de Hassi Messaoud en service en 2027

Concernant le raffinage, le Vice-Président de l’activité raffinage et pétrochimie à Sonatrach a annoncé que le projet de la réalisation de la raffinerie de Hassi- Messouad est toujours en cours, dont la mise en production est prévue en 2027, expliquant, au passage, que ce projet a connu du retard, suite à la crise de la Covid-19.

En effet, cette raffinerie apportera des quantités additionnelles de 2,7 millions de tonnes en gasoil et 1.7 million de tonnes en essence, en plus d’une production de 500 000 tonnes de bitume.

En effet, la production nationale en carburant sera renforcée par cette nouvelle raffinerie, dont le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait donné des instructions fermes pour sa relance.

D’ailleurs, et après avoir garanti une autosuffisance en matière d’essence et gasoil, l’Algérie pourrait se lancer dans l’exportation dès 2027. Un excédent de production de près d’un million de tonnes sera orienté vers les marchés internationaux.

« Effectivement le plan d’investissement de Sonatrach dans la pétrochimie et raffinage prévoit la réalisation d’une unité de Reforming à Arzew. Une quantité additionnelle de 1,2 million de tonnes en essence sera produite. Ceci mettra le pays dans une situation confortable, d’autant que la consommation locale est stabilisée aux alentours de 3,5 millions de tonnes/ an durant ces trois dernières années. Donc, avec l’ajout de ce Reforming à Arzew, en plus de la raffinerie d’Hassi Messouad, on va recouvrer notre statut de pays exportateur de carburant», détaille-t-il.

Nécessité de rationaliser la consommation en local

Questionné sur la capacité de l’Algérie de répondre aux besoins de la demande locale en forte croissance notamment avec le lancement de grands projets structurants, à l’image de celui de Gara Djebilet à Tindouf, l’intervenant s’est montré rassurant, indiquant que Sonatrach prend en considération les différents paramètres dans son plan d’investissement. Néanmoins, il a estimé qu’il est nécessaire de rationaliser la consommation des carburants. Pour lui, des actions de rationalisation doivent êtres mises en place pour freiner cette consommation.

« Nous n’avons pas de levier pour agir sur la demande. Les produits sont subventionnés pour le bien-être de la population, nous attendons à ce que des actions soient prises afin d’agir sur la consommation», souligne-t-il.

En termes clairs, il faut revoir la tarification des carburants en Algérie qui est parmi les plus bas dans le monde. Slimane Slimani a en outre rappelé qu’aucune goutte de carburant n’a été importée depuis mars 2020.

La production nationale couvre actuellement les besoins du marché local en matière de gasoil avec 10 millions de tonnes et près de 4 millions de tonnes d’essence, dont la consommation est de 3,5 millions/T. Beaucoup de consommateurs, signale-t-il, se sont orientés vers le Gplc.

La consommation nationale de ce carburant est passée de 250 000 tonnes à 1,7 million de tonnes en 10 ans. C’est ce qui explique d’ailleurs la stagnation de la consommation d’essence au niveau de 3,5 millions/T.

3,5 milliards de dollars pour la réhabilitation des trois raffineries

S’agissant du programme de réhabilitation des raffineries, il est toujours en cours, alors que dans sa partie concernant les raffineries du Nord du pays, il a déjà permis une augmentation conséquente des produits de raffinage du pétrole brut.

Le vice-président de l’activité raffinage et pétrochimie au groupe Sonatrach, a indiqué que cela s’est traduit par la mise sur le marché de quantités additionnelles passant de 27 millions de tonnes à 30 millions de tonnes entre 2018 et 2023, tous produits confondus.

Il a précisé que « notre activité vise à répondre, en priorité, aux besoins du marché national sans négliger les engagements de Sonatrach à l’export». Dans le détail, l’invité de la Radio a expliqué que « la production d’essence est passée de 2,2 millions de tonnes à 3,7 millions de tonnes, et d’une production de gasoil de 7,8 millions de tonnes à 10,3 millions de tonnes avec satisfaction totale des besoins du marché national en carburant, y compris en kérosène, et ce, depuis 2020 ».

Il est très important de souligner que ce programme d’adaptation et de réhabilitation de ces trois raffineries, d’un coût global de 3,5 milliards de dollars, a permis de renforcer la sécurité en termes de sécurité industrielle et surtout de s’adapter aux exigence de l’environnement.

A. R.

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