Le transport routier sur les liaisons inter-wilayas a repris dès samedi dernier, 2 janvier. Une reprise qui s’est faite d’une manière timide et sous haute surveillance, quant à l’application des gestes barrières anti-Covid. Nous sommes, en tout les cas, loin des affluences passées, et les clients n’étaient pas nombreux, tant au niveau de la gare routière du Caroubier d’Alger, que de celui de la station de taxis inter-wilayas. C’est donc sous le signe de l’application stricte des règles sanitaires, que cette reprise a eu lieu. Une semaine après la levée d’interdiction de circuler, l’affluence n’a, donc pas encore atteint son rythme de croisière.
Par Réda Hadi
Au niveau de la gare routière, l’accès était, notamment, marqué par une prise de la température obligatoire des usagers par les agents de sécurité, outre leur intransigeance quant au port obligatoire de la bavette avant d’accéder à l’enceinte de la gare. A l’intérieur, le calme règne. Pas de bousculades comme auparavant. Un marquage au sol a été tracé afin de faire respecter la distanciation physique devant les guichets de vente de billets, guichets, équipés désormais de verre plexiglas.
Le hall est relativement vide, et face au peu d’affluence des clients, les magasins en majorité, avons-nous constaté, sont restés fermés. Les seuls ouverts, sont la cafeteria et les sandwicheries.
Selon les témoignages des commerçants ouverts, beaucoup de leurs collègues préfèrent attendre passer quelques jours avant de lever leurs rideaux.
Cette reprise du trafic inter-wilaya, a évidemment, réjoui les voyageurs présents dans la gare. Beaucoup d’entre eux résidant en dehors de la wilaya, et qui travaillent à Alger, n’ont pu voir leur familles depuis des mois.
Au niveau de la station de taxis, l’affluence, là aussi, n’est pas au rendez-vous. Sur les quais, les clients ne sont pas nombreux, et les chauffeurs « rabattent » leur clientèle, à « la criée », indiquant leur destination.
A ce niveau aussi, les règles barrières sont fortement appliquées. Comme les horaires de confinement partiel ont été maintenus de 20h à 5h du matin, les horaires de la station ont dû s’adapter à la nouvelle situation. Ainsi, les voyageurs peuvent se présenter à partir de 6 heures du matin, avec un dernier départ programmé à 15 heures.
Le protocole sanitaire est respecté à la lettre, selon Belkhous H’hamidet de la Fédération des chauffeurs de taxis d’Alger de l’Ugcaa (Union générale des artisans et artisans algériens), à travers le port obligatoire de la bavette par les chauffeurs et par tous leurs passagers, la disponibilité du gel hydro-alcoolique à bord des taxis et aussi, la limitation du nombre de voyageurs à 50% des capacités du véhicule (5 personnes pour les véhicules à 9 places et 4 pour les véhicules à 6 places).
La hausse des tarifs non exclue
Le secrétaire général de la Fédération, M. Aliouat Rabah, nous a précisé que la tarification habituelle a été maintenue, mais que la probabilité d’une éventuelle augmentation est en cours d’étude, et ne se fera pas sans accord du ministère du Transport. Toute augmentation, en dehors de ces conditions, ne pourra être qu’individuelle, au risque et péril de celui qui la pratique.
En somme, cette reprise tant attendue, que cela soit pour les bus ou les taxis, s’est faite progressivement, de façon plutôt laborieuse. En effet, s‘agissant des bus, certaines grandes lignes ne peuvent être assurées en raison des horaires de confinement qui sont toujours en vigueur dans 29 wilayas. Selon des agents de la Sogral, ce sont surtout les régions Est et Sud, qui ont enregistré le plus de départs.
Pour les taxis, la reprise a été plus dure à amorcer et ce sont les wilayas les plus immédiatement proches d’Alger qui ont connu une meilleure affluence.
Selon toute les personnes que nous avons rencontrées, la cadence va s’accélérer dans les jours à venir, et tous s’accordent à dire que les dix mois d’arrêt du transport routier des voyageurs, n’ont profité qu’aux chauffeurs de taxis clandestins qui ont profité de la situation pour appliquer des prix inimaginables.
Pour rappel, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a décidé, jeudi 31 décembre 2020, en application des instructions du président de la République et suite aux consultations avec le comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie du Coronavirus et l’autorité sanitaire, de la reprise progressive et contrôlée, dès vendredi 1er Janvier 2021, des transports routiers sur les liaisons inter-wilayas.
R. H.
Aliouat Rabah secrétaire général de la Fédération des taxis d’Alger
« Il faut lutter contre le terrorisme administratif»
Ahmed Aliouat, secrétaire général de la Fédération des taxis d’Alger, affiliée à l’Ugcaa (Union générale des commerçants et artisans algériens), nous a fait état dans cet entretien, de la situation vécue par les chauffeurs de taxi inter-wilayas, lors du confinement. Pour ce responsable syndical, certaines gens pratiquent un « terrorisme administratif qu’il faut combattre ».
Eco Times : Pour pallier, un tant soi peu, les pertes engendrées par le confinement, les pouvoirs publics ont mis en places des aides. Les avez-vous jugées suffisantes ?
Ahmed Aliouat : Le confinement a été très dur à supporter, tant sur le plan financier que psychique. En ce qui concerne ces «aides», je précise que c’est par la volonté du Président Tebboune qu’elles ont été octroyées. Au départ, ces aides étaient de 10 000 DA, mais au vu des événements, et de la durée du confinement, elles sont passées à 30 000 DA.
30 000 DA, est-ce suffisant ?
Non, pas véritablement. Mais il faut savoir accepter la réalité. Nous vivons une période difficile, et nous devons nous adapter. Mais ce que notre Fédération déplore, c’est l’excès de zèle de certains cadres du ministère du Transport. De plus, je tiens à souligner surtout que cette aide n’a pas été octroyée à plus de la moitie des chauffeurs de taxis. Elle s’est faite dans la confusion la plus totale et de manière précipitée. De plus, comment voulez-vous qu’une aide soit efficiente, quand ce ne sont pas moins de 4 ministères qui la gèrent, les Transports, les Finances, l’Intérieur et celui des Solidarités ! Avec 4 ministères, dont chacun veut imposer sa propre démarche, il ne peut en résulter que de la confusion.
Vous avez parlez d’excès de zèle de certains cadres. Précisez votre pensée
En effet, le directeur des Transports est notre interlocuteur immédiat. Or, je ne sais pour quelle raison celui-ci nous met des bâtons dans les roues, et persiste à associer l’aide, au versement des cotisations (Casnos 2019), alors que le président de la République ne l‘a jamais exigé. Par ailleurs, au niveau de la direction générale des impôts, on nous a bien signifié que ce n’est pas dans les prérogatives du ministère d’exiger cette clause. Cela n‘est pas de son ressort. Une requête a été déposée au ministère pour plus d’éclaircissements. A cela s’ajoute le fait que certains chauffeurs de taxis qui se sont présentés pour bénéficier de cette aide, se sont vu notifier qu’ils l’auraient déjà reçue. Or ceux-ci, affirment le contraire…Dans cette optique, une lettre a été adressée au ministre de tutelle. A ce sujet, notre Fédération a demandé à prendre en compte l’année 2020. En effet, si un chauffeur, durant 2019, n’a pas cotisé, il n’en demeure pas moins que celui-ci n’a rien demandé à l‘Etat et s’est pris en charge lui-même pour tous ses frais, médicaux et autres
Au Sujet de l’observance des règles sanitaires, qu’en est-il vraiment ?
Les mesures sanitaires sont respectées à la lettre par les chauffeurs de notre Fédération. Nous procédons, nous-mêmes, à des campagnes de sensibilisation auprès de nos adhérents pour le respect des règles sanitaires. De plus, les contrôles par les services de sécurité au sortir de la station, sont très rigoureux. Sans parler des contrôles au niveau des barrages le long des trajets. Nous déplorons juste le fait que, nous autres, nous nous employons a respecter la loi, alors que les transporteurs de bus urbains, font toujours fi de ces règles et ne sont pas pénalisés.
Propos recueillis par Réda Hadi