L’Algérie multiplie ses initiatives pour réussir sa transition énergétique, notamment à travers la généralisation progressive des énergies propres dans divers secteurs, dont celui des transports. En effet, des démarches sont en cours pour réduire l’empreinte carbone du pays, conformément à ses engagements en matière de protection de l’environnement, tout en préservant ainsi sa compétitivité à l’international. D’autant plus qu’une taxe carbone entrera en vigueur dès 2026 dans les pays de l’Union européenne.
Par Akrem R.
C’est dans ce cadre que s’inscrit le colloque international sur l’environnement dans l’aviation civile, organisé au siège de la compagnie nationale Air Algérie, sous le slogan : « La durabilité en esprit, pour une aviation verte », en présence du ministre des Transports, Saïd Sayoud, de la ministre de l’Environnement et de la Qualité de vie, Mme Nadjiba Djilali, du secrétaire d’État auprès du ministre de l’Énergie, chargé des Énergies renouvelables, M. Noureddine Yassa, du directeur général des Douanes algériennes, le général-major Abdelhafid Bekhouche, ainsi que du président-directeur général d’Air Algérie, Hamza Benhamouda.
L’objectif de cette rencontre est d’identifier des leviers concrets de décarbonation, de mutualiser les bonnes pratiques, de partager les expériences et de structurer une feuille de route commune pour une aviation plus durable, plus résiliente et mieux intégrée à son environnement.
Dans son allocution, le ministre des Transports, Saïd Sayoud, a souligné que les défis climatiques actuels imposent aux États d’accélérer la transition vers des systèmes de transport aérien plus durables. Il a affirmé que l’Algérie est pleinement consciente de l’impact de l’activité aérienne sur l’environnement et qu’elle s’efforce de concilier développement économique et préservation des ressources naturelles.
Dans ce contexte, le ministre a présenté les principaux axes de la stratégie du ministère des Transports, parmi lesquels figurent le renouvellement de la flotte par des avions à haute performance environnementale. D’ailleurs, les nouveaux avions acquis par Air Algérie seront équipés des dernières technologies permettant de réduire la consommation énergétique et la pollution.
Dans sa feuille de route, le ministère encourage également l’utilisation de biocarburants et d’énergies propres dans le secteur de l’aviation, le développement des infrastructures aéroportuaires conformément aux normes environnementales internationales, ainsi que la modernisation des procédures de navigation aérienne afin de limiter les émissions de gaz.
À cela s’ajoute la formation, qui demeure un élément clé pour garantir la réussite de cette transition. Le ministère accorde une importance particulière à la formation des ressources humaines et à leur sensibilisation aux enjeux de la transformation écologique du secteur.
Saïd Sayoud a aussi insisté sur le fait que cette démarche environnementale ne se limite pas à des aspects techniques. Elle comprend également le renforcement de la coopération internationale, l’échange d’expertises et l’ouverture à l’innovation verte.
Il a enfin lancé un appel à l’ensemble des acteurs du secteur pour intensifier les efforts et renforcer la coordination à l’échelle mondiale, afin de faire de l’aviation civile un secteur vert, sûr et en phase avec les exigences du développement durable.
L’Algérie affiche ses ambitions vertes
Pour sa part, le secrétaire d’État chargé des Énergies renouvelables, M. Noureddine Yassa, a mis en avant l’importance d’une approche collective pour renforcer la durabilité environnementale dans l’aviation. Il a rappelé que l’Algérie est pleinement engagée dans la transition énergétique, à travers un programme national ambitieux visant à produire 15 000 MW d’énergies renouvelables d’ici 2035.
Fin 2023, la capacité installée atteignait déjà 600 MW, avec des impacts positifs mesurables sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la consommation d’hydrocarbures.
La première phase de ce programme, représentant 3 200 MW, est actuellement en cours de réalisation à travers 20 centrales solaires réparties sur l’ensemble du territoire national, dont une centrale stratégique à Tindouf, destinée en partie à l’alimentation énergétique du mégaprojet minier de Gara Djebilet.
Le secrétaire d’État a également annoncé le lancement de projets pilotes pour la production de carburants aériens durables (SAF), notamment du kérosène et du méthanol verts, qui permettront de réduire jusqu’à 80 % les émissions du secteur aérien, conformément aux standards internationaux.
Par ailleurs, l’Algérie a lancé une stratégie nationale sur l’hydrogène vert, structurée autour de sept axes prioritaires, incluant la création de cadres réglementaires, la promotion de la recherche et le renforcement des partenariats internationaux, à l’instar du programme TaqatHy+ avec l’Union européenne, ou encore le projet SoutH2 Corridor pour l’exportation d’hydrogène vert algérien vers l’Europe.
Yassa a réitéré le soutien de son département aux efforts d’Air Algérie dans sa transition vers un transport aérien plus propre, notamment sur les volets technologique, énergétique et de formation. Il a affirmé que les problématiques environnementales et écologiques ne sont plus un choix mais une nécessité.
C’est pourquoi, dira-t-il, «Nous saluons et encourageons Air Algérie pour l’ensemble des plans et stratégies qu’elle met en œuvre en vue de développer une aviation durable. Le ministère de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, à travers les entreprises Sonatrach, Naftal et Sonelgaz, accompagnera et soutiendra également Air Algérie dans le développement du carburant d’aviation durable».
Et de conclure : « Il est désormais impératif d’intégrer ce carburant dans les vols d’Air Algérie. Ce sont là de nouvelles technologies qui exigent des compétences et un savoir-faire technique».
Il est à noter que l’Algérie a intégré dans sa Contribution déterminée au niveau national (CDN) un objectif de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 7% à 22% sur la période 2021-2030, un engagement toutefois conditionné à l’obtention d’un soutien financier et technologique international.
Cet effort national est d’autant plus primordial que la région de l’Afrique du Nord est identifiée comme particulièrement vulnérable aux impacts du changement climatique, notamment la hausse des températures.
A. R.