La transition énergétique s’impose, désormais, d’elle-même à l’Algérie. Des démarches sont d’ores et déjà entamées par le gouvernement afin de préparer notre pays à l’amorcer en s’orientant progressivement vers les énergies renouvelables (EnR).
Par Akrem R.
Ceci nécessitera, certainement, la mise en place d’une véritable stratégie en associant les différents secteurs pour sa réussite. C’est, du moins, c’est qui a été souligné, hier à Alger, par les participants aux travaux de la 26éme édition de la Journée de l’Energie, placée sous le thème : «60e anniversaire de l’indépendance : pour une transition énergétique avec l’hydrogène vert».
En effet, les défis sont multiples, et l’Algérie ne doit pas être en marge de ce qui s’opère dans le domaine énergétique, notamment, partout dans le monde, dira d’emblée le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab. En clair, la transition énergétique est devenue une nécessité absolue et n’est plus un choix. «Les défis sont nombreux, tant ceux liés à la transition énergétique à travers la construction d’un nouveau modèle énergétique qui prend en compte les capacités du pays en ressources naturelles, que la façon de les utiliser et de s’appuyer de plus en plus sur l’efficacité énergétique, d’une part . De s’adapter, d’autre part, aux contraintes environnementales et aux changements climatiques, ainsi qu’aux nouveaux modes de mobilité et de consommation d’énergie», a souligné, M. Arkab dans son allocution à cette occasion. Notre pays doit, donc, accompagner et s’adapter à ces transformations pour bâtir une économie forte et diversifiée. L’Algérie qui enregistre des taux de croissance de consommation énergétique presque à deux chiffres, notamment, en matière de gaz, risque de «perdre» le statut d’explorateur dans le moyen terme si elle n’accélère pas la mise en place du programme EnR, visant la production de 15 000 MW à l’horizons 2030-2035.
Il est à noter que 99% de l’électricité sont produits actuellement par le gaz naturel. Conscient de cette problématique, le secteur de l’Energie a adopté «une stratégie dans la perspective d’assurer la sécurité énergétique à long terme en augmentant nos réserves en énergie fossile, en particulier, le gaz naturel, en diversifiant le mix énergétique avec une transition progressive et croissante vers de nouveaux et les énergies renouvelables, notamment solaire et nucléaire, et le développement de l’hydrogène avec la maîtrise des consommations d’énergie par la mise en œuvre du programme national d’efficacité énergétique dans toutes les activités économiques, ainsi que les usages domestiques», ajoute le ministre de l’Energie.
On doit se préparer pour la production de l’hydrogène
Concernant l’hydrogène vert, le ministre Mohamed Arkab a annoncé que son département est chargé par le gouvernement de l’élaboration d’une stratégie nationale de développement de l’hydrogène. A cet effet, une commission ministérielle mixte a été constituée, regroupant les secteurs de l’Energie, de la Transition énergétique, de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, des startups, des sociétés financières et commissaire aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique, afin de préparer cette stratégie. D’ailleurs, l’hydrogène, un dossier stratégique pour la sécurité énergétique à long terme du pays, sera examiné par le Haut Conseil de l’Energie.
Indiquant que l’Algérie dispose des qualifications importantes, lui permettant de s’intégrer rapidement dans la dynamique régionale de développement de l’hydrogène, Arkab a affirmé que le développement de cette énergie en Algérie «nous amène à nous interroger sur les exigences fondamentales et les défis qui doivent être relevés. Et ce, afin de créer un environnement économique, et préparer un cadre législatif et réglementaire approprié, identifier les secteurs prioritaires pour l’utilisation de l’hydrogène, préparer et qualifier le capital humain et la recherche scientifique, la réalisation des études nécessaires à la construction de projets de la recherche expérimentale, la recherche de financements et, enfin, le développement de relations et d’opportunités de coopération internationale».
Pour une transition globale et sécurisée
Pour sa part, le ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, Benattou Ziane, a plaidé pour une transition énergétique bénéfique, sécurisée et globale, tout en se conformant aux spécificités de notre pays afin d’atteindre la faisabilité économique. Il a souligné, également, que l’Algérie aspire à la construction d’un modèle énergétique répondant aux défis d’avenir et basé sur nos potentialités naturelles et nos richesses. M. Benattou a, en outre, indiqué que la transition énergétique est une mutation nécessitant plusieurs des transitions dans divers domaines, notamment numérique, industrielle, technologique et même sociétale.
Le ministre a rappelé, au passage, que la feuille de route de la transition énergétique et des EnR s’articule sur trois axes principaux : l’encouragement de l’utilisation des EnR avec la production de 15 000 MW d’électricité, le raccordement des secteurs de l’agriculture et des ressources en eau, des zones isolées, éclairages public, des écoles, hôpitaux et mosquées en énergie solaire. Le deuxième axe concerne l’efficacité énergétique pour les secteurs énergivores (habitat, transport et industrie) et, enfin, l’élaboration d’un modèle de mix énergétique à l’horizon 2030-2035. Benattou Ziane a souligné, dans ce cadre, l’importance cruciale de l’hydrogène vert, qui permettrait de faire un bond en avant dans le stockage de l’énergie et de réduire l’empreinte carbone.
Cap sur la formation de l’élément humain
Par ailleurs, la réussite de cet ambitieux projet de transition énergétique nécessite la formation d’une main-d’œuvre qualifiée, le développement de nouvelles techniques en interne, l’innovation et l’introduction de nouvelles technologies. Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Abdelbaki Benziane a, sur ce point, réitéré la disposition de son département à répondre aux exigences de ce secteur et l’économie d’une manière générale. Pour lui, les travaux de la recherche scientifique dans divers domaines doivent être absolument transoformés en projets et stratégie pour le développement économique du pays.
A. R.