Le développement des Energies renouvelables (EnR) s’impose. L’Algérie est appelée à accélérer sa transition énergétique afin de faire des gains en matières de consommation du gaz et surtout pour augmenter la compétitivité des entreprises, à l’exportation.
Par Akrem R.
Sans la réduction des émissions du gaz carbone, nos entreprises et produits seront lourdement taxés par le mécanisme d’ajustement effet carbone, dès 2023 et qui sera effectif dès 2026.
Conscient de l’ampleur de cette nouvelle exigence mondiale, le gouvernement a pris déjà les devants, en mettant en place un protocole de stratégie qui permettrait de faire bénéficier des entreprises exportatrices dans six domaines d’activités.
Il s’agit en effet, de l’acier, l’aluminium, le métal, l’électricité et les engrais, a fait savoir, hier, Mohamed Hammoudi, chef de cabinet au ministère de la Transition énergétique. Il a rappelé qu’une taxation supplémentaire sera en vigueur et que «nous devrons payer à partir de 2026 et comptabiliser à partir de 2023, à chaque fois que nous exporterons vers l’Europe. Nous ne pourrions y échapper, par conséquent, qu’à travers un accès aux crédits carbone».
En clair, la réduction de l’utilisation des énergies fossiles, en les substituons par des énergies propres «nous permettra de donner aux entreprises exportatrices un argument économique de taille qui leur permettra d’accéder au marché européen avec un meilleur coût et être compétitives, et, surtout, de prendre option sur les autres concurrents en matière de conquêtes de nouvelles parts de marché», explique-t-il, lors de son passage sur les ondes de la radio nationale «Chaîne III».
« Au sein de notre département, on travaille sérieusement sur ces aspects là. Nous avons été instruits par le Premier ministre sur cette question pour donner des solutions valables et pérennes et gagner plus de crédits carbone», a-t-il fait savoir.
À cet effet, un programme pour la généralisation des EnR (solaire, éolienne et hydrogène vert), est en cours d’exécution. Tout cela participera à la réduction de 7 à 22% d’émission carbone par l’Algérie et «va nous permettra d’avoir plus de puissance au niveau des entreprises exportatrices concernées par la taxation». Il est à rappeler que l’Algérie a fixé un objectif de réduire sa dépendance aux hydrocarbures dans les trois années à venir, et ce, en diversifiant son économie et, à travers l’émergence de nouvelles filières à l’export. C’est le cas d’ailleurs du ciment et de l’acier.
En somme le programme EnR de l’Algérie vise la préservation des quantités de gaz utilisées dans la production de l’électricité et à faire moins de CO2. Ce programme permettra, selon les prévisions du ministère de la Transition énergétique de réaliser des gains de l’ordre de 30 milliards de dollars, et ce, en impliquant les autres secteurs, à savoir, l’industrie, l’agriculture, l’eau (dessalement de l’eau de mer, traitement des eaux usées, le transfert d’eau). Un programme plus ambitieux permettra à l’Algérie de multiplier ce chiffre par 1,5 dira le même responsable.
8,77 milliards m3 du gaz/an seront économisés
En détail, le programme des 15 000 MW permettra d’économiser 8,77 milliards m3 de gaz/an et 220 millions de crédits carbone sur 25 ans. C’est très considérable, dira-t-il. L’installation d’un Haut Conseil de l’Energie ne peut être qu’un signal fort des pouvoirs publics pour accélérer la transition énergétique et la mise en place d’un nouvel modèle de consommation.
Actuellement, le gaspillage de l’électricité et du gaz bat son plein, d’où, la nécessité de mettre en place une stratégie claire afin de préserver les sources énergétiques et de garantir notre sécurité énergétique.
Vers l’exportation de l’électricité
En seconde phase, indique Mohamed Hammoudi, l’Algérie s’intéressera à l’exportation de l’électricité renouvelable, génératrice de crédits carbones. Dans ce cadre, les Italiens ont déjà manifesté leur intérêt pour participer au programme des EnR et alimenter leur pays en électricité depuis l’Algérie. L’autre source sur laquelle notre pays table, c’est l’exportation de l’hydrogène vert.
«Nous avons l’une des meilleurs potentialités dans la région, pour ne pas dire dans le monde. A titre d’exemple, si on devait satisfaire de 5,5% les besoins de l’Europe en hydrogène vert, on devra produite 1 million de tonne/an, soit, l’équivalant de 15 GW en oléine 30 GW solaire, outre, générer 59 millions de crédits carbone et également de l’oxygène. Pour chaque million de tonnes de l’hydrogène produit, il y a 8 millions de tonnes d’oxygène produits. En gros, en peut valoriser les deux localement et à l’international. En contrepartie, on va produire des crédits carbone qui vont être utilisés à d’autres fins», détaille-t-il.
S’agissant du retard accusé dans la mise en œuvre des programmes de l’EnR lancés depuis 1984, le responsable s’est montré optimiste pour l’avenir : « On va rattraper ce retard avec une meilleure technologie, une intégration nationale et surtout à moindre coûts», conclut-il.