Dans un contexte où l’Algérie cherche à accélérer son processus de transition énergétique, à l’instar de tous les pays du monde, les regards sont plus que jamais tournés vers le renouvelable, avec toutes les potentialités dont dispose l’Algérie, pour sortir graduellement des énergies fossiles.
Par Mohamed Naïli
Ainsi, outre l’hydrogène vert, le photovoltaïque ou l’éolien, c’est dans le domaine des énergies issues du solaire thermique que l’Algérie renferme décidément un important potentiel. C’est ce que vient de faire savoir le consultant et expert en questions énergétiques, Toufik Hasni, appelant à « libérer le champ des investissements pour accélérer le programme de la transition énergétique », hier sur les ondes de la chaine 3 de la radio nationale dont il a été l’invité de la rédaction.
C’est ainsi que, dans le contexte actuel, marqué par de fortes tensions sur le marché mondial de l’énergie, pour ce spécialiste en transition énergétique, la crise énergétique que traverse le monde, notamment l’Europe, doit « nous inciter à accélérer le programme de transition énergétique, et ce, en libérant au plus vite le champ des investissements ». Pour ce dernier, en améliorant le climat des affaires dans notre pays, « les entreprises étrangères s’intéresseront davantage au marché algérien », ce qui fera donc, ajoute-t-il, que « l’Etat n’aura plus besoin de financer la transition énergétique ». Laquelle transition qui sera en conséquence financée par des porteurs de projets parmi les leaders mondiaux des industries énergétiques qui ne cessent de surcroit de manifester un intérêt réel pour investir dans le secteur des énergies renouvelables en Algérie.
Dans le même registre, l’expert en transition énergétique estime que l’Algérie est un pays qui respecte ses engagements contractuels et c’est ce qui fait notre forme, dit-il, en rappelant que « nous n’avons jamais failli à nos contrats. Même aux moments de crises avec des partenaires, on continuait à livrer du gaz malgré nos désaccords sur certains points ». « C’est un point déterminant qui fait la force du pays », poursuit Toufik Hasni, faisant allusion à l’Espagne qui est un partenaire dont le groupe Sonatrach n’a pas cessé d’approvisionner en gaz, selon les accords les liant depuis des années, et ce, malgré une conjoncture marquée par des accords entre Alger et Madrid, suite aux errements diplomatiques du gouvernement de Pedro Sanchez. Récemment, le groupe pétrolier Sonatrach, rappelle-t-on, a fait savoir que l’Algérie a livré plus de 83 milliards de m3 de gaz via le gazoduc Medgaz, ce qui est plus que la moyenne des livraisons durant les années précédentes. Dans le même sillage, d’autres partenaires, à l’instar de l’Italie ou de la Commission européenne, n’ont pas manqué de considérer l’Algérie comme un partenaire « fiable » en mesure d’aider l’Europe à surpasser les pressions qu’elle subit du fait des tensions sur le gaz russe conséquemment à la guerre en Ukraine.
De l’électricité entre 8 et 10 DA le kilowattheure
Au-delà de cette configuration, l’expert Toufik Hasni a précisé aussi que l’Algérie jouit d’un important avantage comparatif sur le marché mondial concernant les coûts de revient du solaire thermique produit localement. Pour lui, l’Algérie peut ainsi produire de l’électricité à un prix imbattable sur le marché mondial. « Nous sommes en mesure de produire de l’électricité à un prix qui va être compétitif avec toutes les formes alternatives. Aujourd’hui, on le situe entre 8 à 10 DA le kilowattheure », a-t-il affirmé hier.
Revenant sur le type de l’énergie pour lequel il plaide, à savoir le solaire thermique, le spécialiste en transition énergétique expliquera que la particularité de celui-ci (le solaire thermique en l’occurrence), c’est que 90 % des charges de son processus de production sont fixes. Cet atout évitera donc à l’Algérie de subir d’éventuelles fluctuations des coûts de production et c’est « ce qui va nous permettre de faire une offre de prix qui peut rester constante pendant 20 à 25 ans. Personne ne peut faire ça. On a donc un avantage sans pareil », a fait savoir Toufik Hasni.
Cependant, avec les potentialités qu’elle referme, l’Algérie semble en mesure de se distinguer parmi les leaders mondiaux du solaire thermique, tel que vient de l’expliquer le spécialiste en question, faisant savoir que le potentiel de l’Algérie dans ce domaine s’élève à un équivalent de pas moins de 40 000 milliards m3 en solaire thermique. Ce qui fait que ce créneau de l’énergie issue du solaire thermique constitue « l’avenir du secteur énergétique en Algérie ».
En revanche, l’expert révèle des divergences de vue quant à l’intérêt pour ce volet du solaire thermique, puisque, précise-t-i, la stratégie basée sur le solaire thermique « ne plait pas à certains, qui veulent nous orienter vers le photovoltaïque et l’hydrogène ». Il reste à savoir quels seront les enjeux du choix entre ces différents types d’énergies renouvelables dans lesquels, pourtant, l’Algérie dispose de potentialités importantes.
M. N.