L’Algérie affiche ses ambitions et s’engage résolument dans un processus de transformation numérique à l’horizon 2030. Une stratégie nationale intitulée « Algérie numérique 2030 » vient, ainsi, d’être dévoilée par le Haut-Commissariat à la numérisation.
Par Akrem R.
En effet, c’est lors d’une rencontre organisée hier à Alger, sous le haut patronage du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, que la Haut-Commissaire à la numérisation, avec rang de ministre, Mme Meriem Benmouloud, a présenté les grands axes de cette stratégie ainsi que les objectifs à atteindre durant les cinq prochaines années (2025– 2030).
Selon l’intervenante, cette transformation est fondée sur une vision ambitieuse et réaliste, centrée sur des aspirations nationalistes et conforme aux valeurs et principes de l’État algérien. Cet engagement, traduit par cette vision, reflète une compréhension profonde des défis et des opportunités du contexte national et international actuel, dira-t-elle.
En effet, l’Algérie affiche clairement son ambition à devenir un leader continental en matière de transformation numérique, à travers «une connectivité de haute qualité pour tous, des services publics 100% numérisés et une économie numérique nationale créatrice de richesses, tout en maintenant une dimension social forte.
Selon Mme Meriem Benmouloud, la stratégie « Algérie Numérique 2030» constitue la première référence nationale en matière de numérisation. Elle encadre et structure le processus global de transformation numérique du pays, précise-telle, en affirmant que cette stratégie a été élaborée dans une approche participative associant ministères, experts, opérateurs économiques et partenaires du secteur numérique.
Elle place le citoyen, l’entreprise et l’économie nationale au cœur de ses priorités, à travers, détaille la Haut-commissaire à la numérisation, la facilitation et la rapidité des démarches administratives ; un accès universel aux services publics numériques et la promotion d’un environnement économique numérisé, inclusif et performant.
Dans son discours, Benmouloud a rappelé d’abord que cette stratégie est guidée par cinq principes directeurs, à savoir le citoyen et l’entreprise, dont ces derniers sont placés au cœurs de la stratégie de transformation numérique, en garantissant que toute initiative engagée est utile, prioritaire et apporte le maximum de valeur tant pour le citoyen que pour l’entreprise ; Inclusive et participative ; préservation de la souveraineté numérique ; protection de la vie privée des données personnelles et encouragement du partenariat public-privé.
Elle a ainsi précisé que «les objectifs visés par la mise en œuvre de cette stratégie tendent à promouvoir un ensemble de valeurs telles que la transparence, l’efficacité dans la gestion, la justice, l’égalité, la stimulation de l’économie nationale et la garantie d’un développement social et économique durable».
Les cinq axes principaux de la stratégie
Par ailleurs, Mme Benmouloud a détaillé, lors de cette rencontre, les 5 piliers fondamentaux de cette stratégie, dont deux sont considérés comme la base essentielle pour la réussite de la transformation numérique dans notre pays.
Il s’agit de «l’infrastructure de base», constituée principalement de réseaux d’interconnexion de haute qualité et de centres de données, et «les ressources humaines, la formation et la recherche et développement».
Quant aux trois autres axes, ils ciblent respectivement les composantes de l’Etat, à savoir : les autorités publiques qui gouvernent et administrent à travers l’axe de «la gouvernance numérique», l’économie créatrice de richesse à travers l’axe de «l’économie numérique», et la société civile pour atteindre l’inclusion numérique à travers l’axe de la «société numérique».
Chaque axe comprend un ensemble d’objectifs stratégiques, totalisant vingt cinq (25) objectifs à atteindre, durant la période de 2025-2030.
Des objectifs ambitieux
Parmi les objectifs assignés dans le premier axe «Infrastructure de base des TIC», le document de la stratégie nationale a cité notamment assurer une connectivité de qualité pour tous (Individus et Ménages) ; 100% des institutions/établissements publics connectés et rentabiliser les investissements réalisés en connectivité et en bande passante.
Ce dernier vise à tirer profit des capacités de connectivité nationales pour exporter les services numériques aux pays voisins de la région Subsaharienne. En outre, l’Algérie ambitionne la création de cinq centres de données nationaux.
Cet objectif vise à mettre en place des centres de données répartis sur le territoire national, capables de supporter les besoins nationaux (public/privé) en matière de traitement, de stockage et d’hébergement. Ceci va renforcer l’indépendance technologique et la souveraineté numérique.
Quant aux objectifs du deuxième axe concernant le «Capital Humain & Formation», la stratégie table sur la réduction de 40% des départs des compétences TIC vers l’étranger. Des efforts seront consentis afin de mettre en place un écosystème numérique durable et compétitif pour inciter à pré- server et garder des compétences spécialisées au niveau national.
S’agissant du troisième axe «Gouvernance Numérique», des objectifs amitieux ont été également fixés visant principalement à numériser l’ensemble des procédures de fonctionnement liées aux différentes structures du secteur public ; augmenter l’attractivité du secteur public aux compétences numériques et instaurer les principes d’une collaboration multisectorielle (Une interopérabilité à 100%).
La stratégie « Algérie numérique 2030» a consacré une grande partie à l’économie numérique dans son quatrième axe.
Des objectifs ambitieux ont été également fixés, à l’instar de la réduction des transactions de paiement en cash, ciblant l’élimination du paiement en cash des transactions dépassant les 500 000 DA. Cet objectif vise à favoriser l’utilisation des modes de paiement électronique en matière de transactions financières pour promouvoir l’inclusion financière, explique la même source.
L’autre objectif fixé c’est l’augmentation l’utilisation des systèmes numériques dans la gestion interne des PME/PMI à 80%, et faire du numérique un levier porteur de richesse pour l’économie nationale.
En effet, cet objectif vise à placer le secteur du numérique au cœur du développement économique, dont la contribution de l’industrie numérique et de l’économie numérique sera de l’ordre de 20% du PIB national.
Création de 100.000 sociétés/Startups
Ainsi l’Etat vise la création de 100. 000 sociétés/startups activant dans le domaine du numérique. À tous cela s’ajoutent, l’objectif de l’augmentation des exportations des produits et services TIC à 500 millions de dollars d’ici 2030, l’émergence d’au moins 50 champions dans le domaine du numérique d’envergure internationale et enfin l’augmentation des IDE.
En effet, dans sa stratégie, l’Algérie vise attirer un milliards de dollars de capitaux étrangers pour stimuler la croissance économique et favoriser le développement de l’économie nationale.
Il reflète la volonté d’ouvrir le marché national aux investissements étrangers dans le domaine du numérique par le renforcement des relations économiques avec les acteurs économiques étrangers et de tirer parti des avantages de l’intégration dans les chaines de valeurs mondiales.
Concernant le cinquième axe «Société numérique», des objectifs important ont été également fixés, à savoir garantir un accès équitable et inclusive aux technologies et services numériques ; augmenter la participation de la population dans la vie publique à travers l’espace numérique et promouvoir un contenu numérique national destiné à toutes les catégories de la société.
Quant aux fondements de la Stratégie Nationale de la Transformation Numérique, ils résident d’une part dans l’aspect juridique et réglementaire global qui organise, encadre et régule le domaine du numérique dans notre pays à travers la loi sur le numérique, que le Haut Commissariat à la Numérisation, s’attèle actuellement à élaborer avec la participation de tous les secteurs concernés par ce domaine.
D’autre part, cette stratégie portant sur la sécurité numérique, qui constitue un fondement essentiel et crucial pour assurer la protection de ces axes en vue de sécuriser les données et les systèmes contre les menaces cybernétiques, il est pris en charge dans le cadre de la stratégie nationale de la sécurité des systèmes d’information 2025-2029, adoptée par le conseil National de la Sécurité des systèmes d’information.
Et ainsi, «nous sommes résolus à aller de l’avant pour atteindre les objectifs suscités et réaliser les nobles aspirations de notre pays, une réalité que l’Algérie vivra avec succès, en accomplissant sa transformation numérique grâce aux bonnes volontés, aux intentions bienveillantes et les efforts de tout un chacun ».
A. R.
