À l’horizon 2027, l’Algérie compte hisser le secteur industriel de façon à prendre une bonne place, soit 10 %, dans l’ensemble produit intérieur brut (PIB). Jusqu’au milieu de l’année en cours, ce secteur représente 4,1 % du PIB, ce qui est considéré comme une modeste contribution qui a bien ses causes, dont, entre autres, les désinvestissements de la fin des années 1990, faiblement compensés par l’embellie financière des quinze premières années du début du nouveau siècle.
(1ère partie)
Par Amar Naït Messaoud
L’Algérie avait connu le désinvestissement industriel particulière ment lorsque, à partir de 1994, notre économie était appelée à passer sous les fourches caudines du Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre du Plan d’ajustement structurel (PAS) ayant accompagné la mise en œuvre de l’accord du rééchelonnement de la dette extérieure du pays.
Le nouveau souffle dont bénéficie l’économie nationale, malgré les quelques errements politicofinanciers d’avant 2019, la met dans une situation d’exigence de continuité et de maintien de la dynamique de développement et de croissance.
L’industrie locale « a pour ambition de contribuer de manière plus importante au PIB du pays à travers l’ensemble des secteurs, dont ceux de l’automobile, du ciment, du pharmaceutique et de la transformation, notamment agroalimentaire », a déclaré, en mai dernier, Ali Aoun, ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique.
La croissance du secteur industriel est appelée à être tirée principalement, selon le ministre, par le «renforcement de la chaîne de valeur dans des secteurs tels que l’agroalimentaire, la sidérurgie, la chimie, la mécanique, le textile, les matériaux de construction et l’industrie pharmaceutique».
Il s’agit également de « renforcer les mécanismes d’accompagnement des entreprises industrielles publiques et privées pour améliorer leur compétitivité et la contribution aux réformes visant à relancer l’actif économique non exploité ».
Le gros morceau de ces réformes consiste à hisser le niveau et la qualité de la gouvernance des entreprises publiques, là où l’État détient la majorité ou la totalité des actions à travers des contrats de performance que les ministères de tutelle respectifs signeront avec les groupes publics (ancien holdings).
La nouvelle perspective que le gouvernement compte tracer pour le secteur industriel à une échéance de court et de moyens termes, requiert de nouveaux paradigmes en matière de gouvernance des entreprises, et particulièrement dans les domaines de la formation de la ressource humaine, de l’innovation et de la compétitivité.
En effet, dans des segments aussi stratégiques que la transformation agroalimentaire et de la construction automobile, la relation et les passerelles avec l’Université et la recherche scientifique s’avèrent un passage obligé et une nécessité vitale en tant que facteurs de croissance et promotion des activités ciblées.
En effet, passer de 4,1 % à 10% de part de PIB en l’espace de deux ans, est un défi majeur à relever dont les conditionnalités ne peuvent pas échapper aux gestionnaires de l’économie nationale.
Encadrer le transfert de technologie
Dans la typologie des contrats de partenariat lié à l’investissement que l’Algérie a signés avec des firmes étrangères au cours de ces dernières années, il est généralement fait mention du volet de la formation et de transfert de technologie.
Ceci est aussi valable même pour les entreprises étrangères de travaux qui ont pris des marchés de réalisation relatifs aux travaux publics, aux ouvrages hydrauliques et autres infrastructures et équipements.
L’une des mesures, prise dans ce sens il y a une dizaine d’années, est celle portée par le programme de relance du logement, par le truchement de l’Agence nationale de l’amélioration du logement (AADL), où des accords signés avec des entreprises portugaises pour la construction de milliers d’unités de logement prévoient, également, la formation de techniciens et de conducteurs de travaux algériens dans le domaine de la construction et de l’habitat.
Il s’agissait de tenter de rattraper un tant soit peu ce qui n’a pas pu être réalisé au début des années 2000, sachant que les programmes d’investissements publics avaient d’abord profité aux entreprises étrangères.
Une telle situation avait même provoqué des grincements au niveau de certaines sphères de décision, à tel point que l’on a cherché à rectifier le tir avec des amendements apportés au code des marchés publics afin d’y consacrer la »préférence nationale », aussi bien pour les contrats de travaux que pour ceux portant sur les études et les prestations de service.
Cependant, tout en constituant une initiative louable, cette conditionnalité qui accompagne les marchés signés avec les partenaires étrangers et visant à former le personnel algérien sur les nouvelles techniques de travaux et sur les nouvelles machines employées dans les ateliers et chantiers, comporte nécessairement ses limites objectives, du fait que le partenaire étranger serait peu enclin, quand bien même en contrepartie d’une forte rétribution, à »céder » son savoir et ses techniques dans une opération habituellement très délicate.
L’on a assisté à des comportements bassement « cachotiers » de certains opérateurs étrangers lorsque des Algériens travaillant avec eux tentent de comprendre un processus industriel ou une simple technique mise en œuvre dans un atelier.
Donc, hormis les quelques cas de cadres des travaux publics pris en charge à l’étranger pour des stages de perfectionnement, on ne sait pas exactement ce que représente- en termes de niveau d’implication et d’efficacité- ce volet d’accompagnement en matière de formation.
A. N. M.