S’il est indéniable que le tramway d’Alger a apporté un soulagement aux Algérois, il n’en demeure pas moins que cela a entrainé aussi des désagréments qui insupportent les usagers. L’insécurité est le problème majeur qui caractérise ce mode de transport. Une insécurité telle, que les agents de la Setram n’en peuvent plus de ces agressions à répétition. Même les conducteurs du tramway ne sont pas à l’abri : ils avaient déjà observé un débrayage pour dénoncer l’insécurité. Les usagers, quant à eux, se disent à la merci de quelques bandes de voyous, qui fréquentent de manière assidue le tramway et à des heures précises, celles de pointe.
Par Nahida Lyna
Les incidents entre bandes rivales sont fréquents, au point où «un jeune a tiré un couteau en plein tramway bondé à une heure de pointe, semant la panique et l’effroi. La rame s’est arrêtée et les gens, particulièrement les femmes, se sont vite enfuies», nous raconte une jeune fille habituée à circuler sur cette ligne, tout en précisant que «les forces de l’ordre sont intervenues très rapidement et ont pourchassé les délinquants».
Des abonnés sont nombreux à affirmer que les vols y sont récurrents et la présence de voyous fréquente, notamment, dans des endroits bien précis. «Généralement, c’est en arrivant aux arrêts de Bordj El Kiffan et Dergana que les problèmes commencent», affirme l’un d’entre eux qui nous assure qu’entre la station Lycée de Bordj El Kiffane et Sidi Driss, «il faut se tenir sur ses gardes». La plupart des actes d’agression sont signalés sur ce tronçon «très chaud» et mal sécurisé. Les voyous, profitant de l’impunité, n’hésitent parfois pas à tirer des couteaux et autres objets pour accomplir leurs sales besognes.
A cette insécurité s’est ajoutée, récemment, la ruée des jeunes adolescents en mal d’affirmation, qui envahissent eux aussi et aux heures de pointe, le tramway. Ce ne sont alors qu’embêtement des filles. Des cris, parfois des empoignades, ces jeunes laissent libre cours à leurs fantaisies et nuisent à la sécurité des passagers.
Un agent de police de Bordj El Kiffane, nous a affirmé qu’il est «impossible de mobiliser au moins 3 agents dans chaque rame du tramway. Nos effectuons des rotations, particulièrement aux heures de pointe, et sur un tronçon précis, mais impossible donc de mobiliser une équipe permanente dans chaque rame», nous dit-il, tout en minimisant le faits, et d’ajouter : «Il existe bien des incidents, mais ils ne sont pas aussi fréquents que vous le dites, vous les journalistes. Les rondes que nous effectuons, dissuadent les délinquants».
L’insécurité touche aussi bien les usagers que les employés de la Setram. Ce sont principalement les contrôleurs qui en font les frais.
Contrairement au métro qui bénéficie d’un plan de sécurité efficace, le tramway en est tout bonnement dépourvu. D’ailleurs, nombreux sont les usagers à le prendre sans payer un sou. Certes, des groupes de trois agents se relaient aléatoirement pour vérifier si les usagers ont payé leur ticket, mais cela ne semble pas dissuader les fraudeurs.
Certains individus n’hésitent d’ailleurs pas à tenir tête même aux agents de vérification. «Il est nécessaire de mettre en place des équipes de sécurité permanente et de coordonner avec la police pour qu’ils interviennent rapidement en cas de dérapage ou d’agression», nous dira un homme ayant l’habitude de prendre le tram. «Il est aberrant que de simples citoyens payent leur ticket sans qu’ils ne bénéficient du minimum, à savoir la certitude d’être transportés sans le risque de finir dans les urgences d’un hôpital ou assister à des scènes de violence et d’obscénités en famille», s’est-il indigné.
Celui-ci n’a pas manqué de relever que la sécurité des voyageurs est de la responsabilité du transporteur.
N. L.