Par Lyazid Khaber
Lors du derniers Conseil des ministres, tenu avant-hier, le Président Tebboune a ordonné la création d’un Conseil supérieur de l’éthique et de la déontologie du journalisme, ayant pour prérogatives «de statuer sur les questions à caractère professionnel dans toutes les spécialités médiatiques (Sic!)». Voilà une bonne chose que d’aucuns parmi les professionnels des médias saluent, car ce Conseil permettra à l’avenir de redessiner les contours d’une presse tombée, depuis déjà fort longtemps, dans les travers de la désuétude et de la médiocrité. Cette démarche a, bien évidemment, un double objectif puisqu’en plus du fait que ce Conseil permettra de déterminer «les concepts relatifs à la définition des catégories professionnelles du secteur de l’information», il permettra de donner une meilleure prise en charge des problèmes liés à l’éthique professionnelle, en distinguant entre la violation des règles de la déontologie de presse et le volet pénal. Ainsi, on n’aura plus désormais à faire l’amalgame entre acte délictuel tombant sous la sanction prévue dans le code pénal (spécialité des juridictions compétentes), et les «dépassements» nécessitant des sanctions professionnelles et/ou administratives, sans avoir à faire recours à des procès souvent inutiles qu’encombrants, qui ne manquent pas d’écorner l’image du pays. Ladite décision arrive à un moment crucial de l’histoire de la presse nationale, laquelle se voit prise dans l’étau des nouvelles technologies et des nouveaux moyens de communication, ainsi que celui de la dégradation des «mœurs journalistiques», avec l’arrivée d’une flopée de vils intéressés, qui ne reculent devant rien pour faire leurs «affaires», abusant ainsi de ce statut qui leur permet facilement l’accès aux dirigeants, décideurs, hommes d’affaires et… autres. Cependant, si l’installation de ce Conseil est une merveilleuse chose, et tout est à l’honneur du Président Tebboune, qui lui donne de la consistance, il demeure que beaucoup reste à faire dans ce secteur. Et au premier lieu, il y a la formation qu’il faudra inclure dans le programme, éventuellement par la réactivation du fond d’aide à la presse, lequel permettra un meilleur encadrement des jeunes journalistes notamment. Car, il ne suffit pas de sanctionner pour mettre un terme aux dérapages. Il faut plutôt inculquer aux gens les valeurs intrinsèques à ce métier, et jeter les bases d’une presse citoyenne, responsable et efficace. Nos journalistes doivent indubitablement se débarrasser de leurs «tics» et de s’inscrire dans une démarche innovante en redoublant d’effort, pour mieux comprendre les enjeux de l’heur. Il s’agit-là d’une obligation, car on ne doit absolument pas oublier que nous assurons un «service public» de l’information, ce qui implique le respect rigoureux de certaines règles et obligations. Puis, viendra le rôle des «patrons» de presse, lesquels doivent se débarrasser de la culture de «rentier», et s’engager résolument dans une démarche de construction en consentant des investissements sérieux dont l’objectif est d’améliorer leurs prestations, tout en veillant sur l’assurance d’une formation continue de leurs journalistes et autres techniciens. Enfin, et comme l’ensemble des titres de la presse nationale, vit grâce aux insertions des administrations et autres organismes publics, via l’ANEP qui joue le rôle de régulateur, il est grand temps à l’État d’exiger des résultats tangibles tout en veillant à assurer une meilleure distribution de ce qui s’apparente à une «subvention déguisée» qui parfois va partout ailleurs sauf dans des projets destinés à développer la presse du pays. Il va sans dire que l’Algérie, comme tous les autres pays, a besoin d’une presse sérieuse, responsable et influente qui ne lésine pas sur les moyens pour assumer pleinement son «devoir de pédagogie», et pour cela il faut bien investir dans la formation et l’encadrement. Pour ce faire, il est souhaitable d’imposer à la presse écrite, comme cela est le cas de l’audio-visuel, un cahier des charges qui contraint chacun à rendre des comptes. Les temps de la jungle sont révolus, et l’engagement du Président Tebboune, depuis son accession au pouvoir, avec à la clé son programme ambitieux, ne doit pas être sabordé par des apprentis bonimenteurs qui feront perdre au pays cette chance historique d’aller vers de nouveaux horizons prometteurs. L’Algérie mérite bien d’être la meilleure, et la presse nationale ne doit pas ignorer son rôle pour accompagner cet élan.
L. K.