La guerre russo-ukrainienne à chamboulé les approvisionnements énergétiques de l‘Europe et particulièrement l‘Allemagne. Dans ce contexte de tensions et de jeu géopolitiques, l‘Algérie par la voix du PDG de Sonatrach se dit «disposée à soutenir ses partenaires européens en cas de situations difficiles». Un soutien, cependant, qui reste tributaire de la disponibilité de volumes excédentaires. Dans cet engagement, il faut souligner que l’Algérie , n ‘est pas le seul pays à montrer sa disponibilité. Le Qatar et l‘Iran, font état des mêmes sollicitudes.
Par Réda Hadi
Répondant à une question de confrères sur le redéploiement de Sonatrach sur le marché gazier européen dans le contexte de la crise ukrainienne, M. Hakkar a soutenu que le groupe pétrolier public dispose d’une capacité non utilisée sur le gazoduc Transméditerranéen (reliant l’Algérie à l’Italie), qui pourrait être, selon lui, utilisée pour augmenter les approvisionnements du marché européen.
Selon le PDG de Sonatrach, la contribution de la compagnie en matière d’approvisionnement gazier pourrait s’élargir aux pays non desservis par les gazoducs reliant l’Algérie et l’Europe à travers des ventes GNL.
Évoquant la proximité géographique, il a souligné que l’Europe constitue le «marché naturel de prédilection» pour les produits énergétiques algériens, précisant que l’Algérie contribue à hauteur de 11% dans le total des importations en gaz du continent.
Mais qu‘en est il vraiment?
Quand bien même sous contrainte, les pays européens voudront-ils se tourner vers l ‘Algérie, le Qatar, voire, l ‘Iran? Les membres du Forum des pays exportateurs de gaz, dont font partie l’Algérie et le Qatar, ont indiqué, il y a quelques semaines, lors d’un sommet à Doha, qu’ils disposent de capacités limitées pour augmenter rapidement l’approvisionnement de l’Europe. Et donc lui permettre de desserrer l’étau de la dépendance au gaz russe. L’Algérie, troisième fournisseur de gaz naturel à l’Europe derrière la Russie et la Norvège, et devant le Qatar, selon les chiffres d’Eurostat, a donc raison de caresser des ambitions pour l’avenir. Mais, ses capacités actuelles pourraient-elles combler le manque du gaz russe, si le conflit s’éternise?
Pour M. Nabil Djemaâ, expert judiciaire en opérations financières et bancaires, «la confrontation entre Moscou et Kiev a mis l’Europe en échec en matière de gaz, puisque la Russie est actuellement l’un des principaux fournisseurs de gaz naturel des pays de l’Union européenne. En réponse à cela, l’Algérie a proposé ses réserves de gaz comme alternative pour compenser l’éventuel manque de cette ressource. L’Algérie est connue pour produire du gaz moins cher que le gaz russe et plus facile à transporter, mais elle ne dispose pas des infrastructures nécessaires pour le transporter à grande échelle. En outre, l’Algérie est dans l’incapacité de remplacer le gaz russe en raison de l’écart de production entre les deux pays. La quantité de gaz expédiée par l’Algérie dépasse les 42 milliards de mètres cubes par an, mais un seul gazoduc russe est capable de pomper cette quantité».
L’expert explique aussi que «la Russie et l’Algérie ont signé un accord de partenariat stratégique en 2001 pour une coopération dans divers secteurs tels que l’armée et l’énergie, et Sonatrach entretient également des relations étroites avec certaines entreprises russes. La possibilité de nuire à ces relations diplomatiques est l’une des principales raisons pour lesquelles nitre pays hésite, même s’il ne le dit pas, de jouer le rôle de substitut gazier pour l’Europe. Mais celà c’est une question politique à laquelle je ne peux répondre» dit-il. «L’approche de l’Algérie en la matière a toujours été économique et pragmatique, et les calculs politiques ont toujours été mis de côté. Cependant, l’Algérie ne peut pas faire face au marché européen et sa production n’est pas suffisante pour couvrir les approvisionnements russes».a-t-il conclu.
L ‘Algérie par la voix de Hakkar tempère et précise que ces éventuels appoints en gaz naturel et/ou GNL restent tributaires de la disponibilité des volumes excédentaires après satisfaction de la demande du marché national et de ses engagements contractuels envers ses partenaires étrangers.
R. H.