De nouveaux défis menacent notre sécurité alimentaire. La pandémie de coronavirus et la crise ukrainienne imposent, en effet, à l’Algérie de revoir sa copie en matière de stratégie pour le développement agricole. Sans cela, on risque d’avoir de sérieux problèmes à l’avenir, notamment avec la flambée des prix des matières premières (le blé) atteignant des niveaux record, et subissant une baisse de l’offre sur les marchés mondiaux.
Akrem R.
À cet effet, l’Etat doit mobiliser tous les moyens humains, techniques et financiers pour réduire notre facture d’importation alimentaire, avoisinant les 10 milliards de dollars annuellement, et surtout, garantir la sécurité alimentaire de la population en plein croissance, durant les périodes de crises.
Si les pouvoirs publics n’ont pas lésiné sur les moyens, en accordant des subventions importantes pour le développement de l’agriculture et l’amélioration des rendements, beaucoup de choses restent, cependant, à faire sur les différents plans.
À cet effet, la mise en place d’une nouvelle stratégie basée sur un encadrement, un accompagnement et un soutien financier adéquat pour l’agriculture, s’impose comme jamais auparavant. En effet, l’administration et les institutions de l’Etat en charge de ce secteur névralgique sont appelées à être des facilitateurs et non pas des outils de blocage des initiatives.
Libérer les initiatives
«Il faut libérer les initiatives des agriculteurs et les encadrer par le biais de l’université afin de trouver de nouvelles techniques et solutions pour remédier aux problématiques rencontrées sur le terrain, notamment, celle du manque de pluviométrie. L’université doit être au service de l’agriculture», a recommandé, hier, l’expert agronome le professeur Arezki Mekliche dans une déclaration à la radio.
Pour ce maître de conférence à l’Ecole nationale supérieure d’Agronomie (ENSA), l’augmentation des rendements dans la filière céréalière, dont l’Algérie est dépendante à 60% des marchés mondiaux, est toujours «possible». Ceci est tributaire, dira-t-il, de l’adoption d’une nouvelle stratégie à long terme, basée sur la connaissance scientifique et faisant appel aux potentialités du grand Sud.
L’agronome Arezki Mekliche, est catégorique sur ce point: « Notre avenir en matière de sécurité alimentaire est dans les régions du Sud algérien. Nous avons des superficies énormes de 200.000 hectares cultivables, de l’eau, de l’energie et surtout il ya la volonté des Algériens qui veuelent investir dans ce domaine. Il suffit de faire appel à des techniques spéciales et la mise à la disponibilité des agriculteurs, les semences et les engrais de bonne qualité et à temps, sur l’ensemble du pays entre les mois d’août et de septembre, au même titre que les engrais ou encore, les pièces détachées».
D’ailleurs, ces deux dernières sont les principales problématiques rencontrées par la plupart des agriculteurs. L’agronome a appelé à la levée des restrictions sur l’importation et la distribution des engrais. Le processus actuel est long et pénalisant pour les agriculteurs, notamment dans le Sud. En somme, il faut libérer le secteur des lourdeurs administratives, recommande-t-il.
Revoir les techniques appliquées dans la céréaliculture
Sur un autre registre, l’universitaire estime qu’il est nécessaire de revoir les techniques appliquées dans les cultures de céréales. A ce titre, Mekliche a assuré que l’adoption de nouvelles techniques, permettra de «surmonter» le manque de pluies, en affirmant que «le climat algérien est en mesure de nourrir la population et même de réaliser des exportations», pour peu que les technologies innovantes soient généralisées et utilisées par l’ensemble des agriculteurs.
L’expert a estimé, en outre, que les rendements de blé tendre seraient supérieurs à ceux du blé dur, «si les bonnes terres lui étaient réservées», soulignant que le blé tendre est «moins sensible à la sécheresse» que le blé dur.
Sur le plan financier, l’enseignant à l’ENSA a mis l’accent sur l’opportunité d’instaurer des incitations financières qui encouragent les agriculteurs à s’orienter vers la culture des céréales, notamment en proposant des prix d’achat des récoltes qui soient «proches de ceux appliqués sur les marchés internationaux». Cela pourrait doper la production de l’orge, par exemple, vu que sa culture est «beaucoup plus facile» que celle du blé dur ou tendre, a-t-il expliqué.
A. R.