À l’occasion du lancement des travaux de la réunion du gouvernement avec les walis, durant les journée de samedi et hier, dimanche, le chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune, qui a présidé la rencontre, a tenu à s’exprimer sur la flambée des prix qui lamine fortement, les budgets des ménages, doublement pénalisés par la double crise sanitaire et économique. Le Président n’y est pas allé par quatre chemins, et a directement qualifié de «parasites» les spéculateurs à l ‘origine de cette flambée des prix, ayant donné des instructions pour l’élaboration de textes de loi criminalisant la spéculation sur les produits de base.
Par Réda Hadi
Pour mettre un terme définitif à ce genre d’agissements, «des lois dissuasives ont été mises en place pour criminaliser le spéculation sur les prix des produits alimentaires. Le ministère du Commerce est tenu de trouver une solution à ce problème», a ajouté le président Tebboune.
Ferme, le président a fait savoir que la hausse des prix des produits alimentaires est provoquée par des spéculateurs. «Certains parasites et intrus du commerce ont misé sur la spéculation pour provoquer cette augmentation des prix», a dénoncé,Abdelmadjid Tebboune.
Le problème de la spéculation et si grave que le Présidait a, donc tenu, lors de cette rencontre, à s’exprimer sur la question. S’agissant de la crise de la farine, le Chef de l’Etat révèle que ce sont «ceux qui ont provoqué la crise de la semoule qui sont derrière cette pénurie». Le constat est fait et les instructions données.
Décisions saluées
Le ministre du Commerce, quant à lui, n’a de cesse de mettre en garde les commerçants et appeler à doubler les contrôles, mais cela ne semble pas avoir l’effet escompté sur le terrain. Que ce soit pour les fruits et légumes, les produits de large consommation, ou même les articles scolaires, l’augmentation enregistrée est ahurissante. Même le pain a augmenté, sans que cela ne soit réellement annoncé, puisque le pain ordinaire dont le prix est fixé officiellement à 8,5 DA n’existe plus.
Aussi, cette décision a été unanimement saluée, tant par les associations de consommateurs, que par celles des commerçants.
Pour Mustapha Zebdi, président de l’Apoce (Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement), «cette mesure ne peut être que saluée, et ce, d’autant plus que c’est une revendication de l’Apoce. Mais pour cela, nous demandons à ce que les textes soient vite élaborés et mis en application. L’Apoce et prête à collaborer avec le ministère du Commerce pour plus d’efficacité et demande, en parallèle, à ce que les sanctions soient exemplaires et strictement applicables. Le ministre de la Justice a un rôle important à jouer dans ce sens». M. Zebdi n’a pas manqué de rappeler que toutes ces mesures ne peuvent avoir d’effets, que si l‘environnement économique est sain et transparent, et cela commence par la traçabilité du produit vendu ». a-t-il conclu.
Du côté de l’Anca (Association des commerçants et des artisans algériens), son président soutient que la criminalisation de la spéculation réhabilite la notoriété des vrais commerçants. «L’Anca a toujours milité pour pénaliser ceux qui profitent de la faiblesse du marché et des lois. Car en soi, les spéculateurs ne sont pas de comercants honnêtes, mais bien des personnes intermédiaires qui emmagasinent des produits et les distillent au compte-goutte pour mieux profiter de la crise.»
Pour M. Hadj Tahar Boulenouar, président de cette association, «le commerçant ne tire aucun bénéfice d’une hausse des prix. En période de hausse, le consommateur achète beaucoup moins, donc, ce n’est pas rentable pour son commerce », et de citer en exemple des volaillers d’Oran et de Mila «qui vont baisser rideau à cause de la hausse des prix du poulet, faute d’acheteurs».
Pour l’Anca, aussi donc, « quel que puisse être le bénéfice de cette mesure, elle n‘a de sens que si elle est accompagnée par des mesures collatérales, à commencer par renforcer les contrôles en amont (grossistes, producteurs), par un supplément de personnel, augmenter la production surtout. L’exemple de l’oignon est significatif, car celui-ci étant abondant sur le marché, n’a pas connu de hausse»
M. Boulenouar a tenu, tout de même, à préciser que «tout le monde dit être solidaire pour mettre fin à la spéculation et que le gouvernement a une priorité qui est celle d’éradiquer le marché parallèle»
R. H.