L’Algérie accuse un énorme retard dans le domaine du contrôle de la qualité et de conformité. Le nombre de laboratoires et organismes de contrôle ne dépasse pas les 110 sur un potentiel de 2000 organismes, dira d’emblée Noureddine Boudissa, directeur général de l’Organisme Algérien d’Accréditation (Algerac).
Par Akrem R.
Un travail de titans reste, donc, à consentir par notre pays afin de répondre aux exigences des marchés, en matière de production et de contrôle au niveau de nos frontières (terrestres et aéroportuaires).
À titre d’exemple, dans le domaine agroalimentaire, l’Algérie possède seulement 16 laboratoires. Un nombre insuffisant, indique Bousissa en faisant savoir que les besoins de ce secteur, à lui seul, sont de l’ordre de 50 laboratoires. Même chose au niveau du ministère du Commence qui dispose de 8 laboratoires de contrôle de la qualité et 11 autres en cours d’accréditation avec l’assistance de l’UE.
Afin de rattraper ce retard et combler au déficit en matière d’organisme de conformité, le DG de l’Algrac a appelé à l’élaboration d’une réglementation spécifique pour notre pays, pour une meilleure protection de son marché dans un contexte d’économie ouverte et libérale.
« L’Algérie doit également protéger son marché en imposant ses propres exigences techniques sur les produits importés», suggère-t-il, en appelant également à la création d’un Fonds d’aides à l’accréditation. C’est avec la mise en place de mesures incitatives que l’on va pousser les opérateurs à s’inscrive dans une démarche normative.
« Il faut identifier les secteurs où l’accréditation doit être obligatoire, à l’exemple des domaines où la sécurité des consommateurs est engagée, et mettre en place des incitations pour les secteurs où l’accréditation serait volontaire », recommande-t-il.
Noureddine Boudissa a noté dans une déclaration à la radio nationale, que 60 dossiers pour l’accréditation dans divers secteurs d’activités (industrie mécanique, agroalimentaire, chimie et autres) sont en cours de préparation. « On a l’objectif d’atteindre les 240 organismes d’évaluation de la conformité à court terme. Les laboratoires quelle que soit leur nature, doivent être accréditées selon une norme nationale et international», souligne-t-il.
La norme 17065 pour la certification de produit
Les procédures d’accréditation et de certification des produits et savoir-faire algériens sont une nécessité pour favoriser l’exportation des biens et services « made in Algérie ». De nos jours, « le commerce international est basé sur les normes », prévient Noureddine Boudissa, en annonçant qu’Algerac se prépare au lancement de la norme 17 065
Qu’il s’agisse du marché européen ou africain, « la production algérienne a besoin de se mettre aux normes pour multiplier ses chances de conquérir des clients à l’international. Pour qu’on puisse donner la chance au produit algérien de ‘exporter on doit lui fournir ce certificat», précise-t-il.
Aujourd’hui, même l’acte d’export est lié à un nombre de certificats d’accréditations remis par Algérac, touchant aux différentes activités, la traçabilité, la spécificité technique, manière de conditionnement et circuit de distribution. En effet, pour atteindre le volume d’exportations de 7 milliards de dollars hors hydrocarbures, «nous devons impérativement, mettre en conformité nos productions et services avec la norme de ces pays».
L’Afrique est, certes, un marché naturel pour les produits algériens. Mais ce marché a ces normes, ces exigences et spécificités, «alors, nous devons produire par rapport aux besoins du marché que nous ciblons. Le certificat de produits, laboratoire d’essai et organisme d’inspection sont nécessaires pour accompagner l’acte d’export. Dans notre pays, cette culture n’est pas ancrée chez les producteurs et les exportateurs, mais il y a une volonté d’y accéder».
Les organismes d’accréditation, sont eux aussi, soumis à des normes pour être reconnus à l’international, rappelle le directeur d’Algérac. Après avoir mérité la reconnaissance par ses pairs en 2017, Algérac doit renouveler sa propre accréditation en février 2023, et compte « introduire des demandes d’extension de l’accréditation sur de nouveaux référentiels, tels que, la certification produit, des personnes, ou encore, tout ce qui touche aux biologies médicales », précise Noureddine Boudissa. « Le processus est en cours et tout est mis en place pour accueillir les experts de l’organisation européenne d’accréditation», conclut-il.
A. R.