L’Algérie depuis l’année 2001, avec le Plan de recherche scientifique (PNR), essaie d‘établir un pont entre une économie qui peine à s’affirmer et une recherche scientifique moribonde. Interrogé par des confrères de la chaîne 3, le directeur général de la Recherche scientifique au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mohamed Bouhicha, a révélé que 800 propositions de projets scientifiques ont été reçues dont 403 ont été sélectionnées. Celui-ci a expliqué que notre pays met en valeur la recherche fondamentale, mais que les entreprises devraient se monter plus intéressées, et participer.
Par Réda Hadi
M Bouhicha a expliqué que, contrairement aux expériences précédentes, le critère de sélection des projets repose impérativement sur l’implication directe des secteurs socio-économiques en vue de garantir leur applicabilité et leur conférer l’impact sociétal attendu. Pour ce responsable, l’Algérie a fait un bon immense dans la recherche scientifique et ce d‘autant plus, qu’en 2001, les publications de nos recherches dans les mensuels internationaux étaient de 15, alors qu‘en 2021 elles étaient au nombre de 188.
Pour ce responsable cela est dû au fait que l’Algérie a su mettre en avant ses chercheurs et su valoriser leurs situations sociales
Reste que pour les projets qui ont été agréés, le critère de leur sélection repose impérativement, sur l’implication directe des secteurs socio-économiques en vue de garantir leur applicabilité et leur conférer l’impact sociétal attendu. Concrètement, tous les projets sont constitués à parts égales (50%) à la fois d’organismes de la recherche scientifique et des secteurs utilisateurs. «Il s’agit-là, administrativement parlant, d’une condition d’acceptabilité du projet» a expliqué M. Bouhicha.
Il n ‘en demeure pas moins que pour ce responsable, le secteur économique devra être associé aux recherches, pour alléger les contraintes de financement.
Conditions et critères
Interrogé à ce sujet, M. Billel Aouali, économiste et consultant, estime «que la recherche scientifique ne peut être que liée au nombre de publications internationales, même si leur impact est positif. L’Algérie compte plus de 37 000 chercheurs, mais certains obstacles freinent leur développement. Il faut encourager les pratiques de recherche innovantes, outre l’adoption d’une stratégie visant l’instauration d’un environnement plus propice à la recherche. En outre, 94 % de la production scientifique mondiale est rédigée en anglais et les chercheurs ne maîtrisant pas l’anglais perdent d’énormes informations. La langue dans ces cas, constitue une entrave qu’il s’agit de traiter » nous a-t-il dit
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Par ailleurs s’est-il interrogé, «pourquoi l’Algérie, en dépit de toutes les politiques scientifiques et technologiques qui ont été mises en place depuis plus de deux décennies, appuyées par des revenus importants provenant du secteur des hydrocarbures pour financer ces politiques, n’arrive pas encore à construire une économie de la connaissance ? Comment pourra-t-elle le faire pour la transition de son modèle de croissance ? Nous pensons que même avec la volonté de l’État et les moyens importants mobilisés, la transition vers un modèle de croissance fondé sur une économie de la connaissance, nécessite certaines conditions portant sur la capacité d’absorption des savoirs externes, l’insertion dans les chaînes de valeur mondiales, la bonne gouvernance et la qualité des institutions. Ce n’est qu’à ce prix que notre recherche contribuera et prendra sa place dans notre économie»
R. H.