La baisse de la consommation chez les ménages inquiète les producteurs. La double crise sanitaire et économique que traverse le pays a imposé un nouveau mode de la consommation chez les Algériens, notamment, avec la flambée des prix que connaissent la plupart des produits de large consommation.
Par Akrem R.
Le panier des ménages est de plus en plus vide. D’ailleurs, les commerçants trouvent d’énormes difficultés à faire écouler leurs marchandises, tels les produits laitiers (Yaourts et fromages), les boissons gazeuses et non gazeuses, les biscuits, habits et autres).
Ces derniers sont, d’ailleurs, unanimes à dire que l’activité commerciale est en pleine crise. Ceci ne peut refléter que la situation de léthargie que connait l’économie nationale depuis 2014, où les prix du pétrole avaient enregistré une chute libre.
Même avec le maintien très haut du montant consacré aux transferts sociaux, soit près de 1900 milliards de DA, le pouvoir d’achat des ménages poursuit son érosion. Le gouvernement est appelé à revoir sa copie, en mettant en place les mécanismes adéquats pour relancer la consommation, un des leviers de la croissance pour l’économie nationale.
Selon un sondage réalisé par une association de protection du consommateur en 2020, près de 81% des 8.500 entreprises algériennes productrices ont affirmé avoir constaté une récession de leurs transactions commerciales et que certaines entreprises ne tournent qu’à 20% de leurs capacités de production.
Il est à rappeler qu’en 2020, près d’un million de travailleurs avaient perdu leurs postes d’emploi, près de 50.000 registres de commerce ont été supprimés par leurs propriétaires et que l’activité commerciale avait connu une baisse entre 30 à 40%, selon les chiffres de l’association des Commerçants (ANCA).
Réduire la TVA sur les produits de large consommation
Le président de l’Association de producteurs algériens de boissons (APAB), Ali Hamani, a relevé, hier, que cette filière est en difficulté et que beaucoup d’unités de production ont mis la clé sous le paillasson. Il a expliqué que la Covid-19 et la régression du pouvoir d’achat des ménages ont impacté négativement la production nationale, notamment, la filière boissons. M. Hamani a appelé les pouvoirs publics à prendre des mesures urgentes afin de préserver le pouvoir d’achat des ménages. Sans cela, estime-t-il, la relance de l’économie nationale sera impossible. « On ne peut pas relancer l’économie nationale sans la relance de la consommation», a-t-il insisté.
M. Hamani qui s’exprimait sur les ondes de la radio « chaîne 2», a relevé que son association a proposé la réduction de la TVA imposée aux produits de large de consommation à 5% au lieu de 19%. «Il est anormal qu’un produit de large consommation soit taxé au même niveau que celui de l’or, véhicules et appareils d’électroménagers. En 2012, nous avons fait appel à des experts pour faire une étude sur la question. La solution proposée est de réduire le taux à 5% pour les produits alimentaires, tout en augmentant la taxe sur les produits non essentiels. Ceci permettra au Trésor public de minimiser ses pertes», a-t-il proposé, en insistant, encore une fois, sur la nécessité de relancer la consommation. Le président de l’APAB a critiqué sévèrement les décisions du gouvernement, concernant, notamment, la révision à la hausse des certaines taxes sur l’eau embouteillée (adoptée dans le cadre de la loi des Finances 2021). «La loi de Finances 2021 a introduit des augmentations sur les taxes des eaux embouteillées. Elles sont passées de 1 DA à 2 DA par litre. Si on y ajoute les 4% sur l’économie d’eau et 4% sur la qualité de l’eau, on se retrouve à 17% du prix de revient. C’est énorme !», déplore-t-il. Le président de l’Association de protection de consommateur et de son environnement (APOCE), Mustapha Zebdi, a proposé, pour sa part, la suppression carrément de la taxe sur les produits de large de consommation. Relevant que cette taxe va directement vers les producteurs et que l’Etat n’en est pas bénéficière, Zebdi a fait savoir que plusieurs pays recourent à cette pratique, dans le but de préserver le pouvoir d’achat des citoyens. Par ailleurs, l’enseignant universitaire, Pr Nadji Khaoua a plaidé pour la révision de la grille des salaires, et ce, dans le but d’adoucir les difficultés sociales, tout en garantissant un niveau de consommation acceptable.
A. R.