Gelées jusqu’à présent, les opérations d’exportations des produits et dérivés céréaliers (les pâtes, huile et sucre, pourraient être relancées dans les prochaines mois. Le ministère du Commerce, en collaboration avec des parties concernées, travaillent sur la question, avec comme but de mettre en place une nouvelle réglementation afin de bien encadrer l’opération d’exportation des produits «subventionnés en Algérie».
Par Akrem R.
L’annonce a été faite par Mme Souhila Abdellache, chargée des études et synthèse au niveau du ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, lors de son passage sur les ondes de la radio nationale.
Cette responsable a expliqué que la démarche du département de Kamel Rezig vise à ne plus pénaliser les exportations hors hydrocarbures, d’autant plus que le gouvernement a fixé l’objectif d’exporter pour 10 milliards de dollars en 2023 et d’atteindre les 15 milliards en 2024. Ce qui exige l’exploitation et l’optimisation de toutes nos capacités de production, tout en diversifiant nos gammes de production.
« On n’est pas obligé d’exporter seulement ce que nous produisons, on peut également exporter en admission temporaire. Nous avons des usines et des plateformes. On peut importer des produits et mettre de l’emballage pacquage et réexporter.
Des devises supplémentaires vont être engrangées», a plaidé l’intervenante. Il est à noter que beaucoup de pays recourent à cette pratique, à l’instar de la Tunisie, qui n’est pas un pays producteur, à titre d’exemple, en matière de dattes, mais est classé parmi les premiers pays exportateurs de ce produit…
Selon les chiffres du ministère du Commerce, quelque 30 millions de dollars est la facture globale des exportations de la filière «pâte» que l’Algérie avait réalisée avant la mesure d’interdiction prise en 2020, suite à la crise de la Covid-19 et sa généralisation, en mars 2022, à d’autres produits de large consommation que l’Algérie importe, tels que le sucre, l’huile, la semoule, et tous les dérivés du blé. Quant au sucre, l’Algérie réalise annuellement quelque 500 millions de dollars, sans compter l’huile de table.
Faire fonctionner à plein régime nos usines
Des montants importants que pourrait réaliser annuellement l’Algérie, en participant à l’augmentation des exportations hors hydrocarbures, le renforcement de notre balance des paiements et, surtout, rentabiliser les investissements consentis dans le domaine de la transformation. D’ailleurs, nos usines ne tournent qu’à 20% de leurs capacités de production!, avait déploré le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), en l’occurrence, Abdelwahab Ziani. Une situation due à la saturation du marché intérieur, notamment en matière de produits subventionnés à l’instar des pâtes, les dérivés de blé et le sucre.
« Il y a un travail qui est en train de se faire pour autoriser l’exportation des produits subventionnés. Le ministère du commerce et d’autres services concernés travaillent sur ce sujet. Une démarche visant à ne pas pénaliser l’exportation, parce il y a vraiment un potentiel assez important», a précisé Mme Souhila Abdellache.
Un encadrement spécifique en préparation
Il est à rappeler, qu’auparavant, les industrielles étaient dans l’obligation d’importer eux-mêmes de la matière première pour la transformer et ensuite l’exporter. Mais avec les changements effectués, en donnant l’exclusivité à l’OACI d’importer les quantités nécessaires de blé, le gouvernement doit mettre en place une organisation particulière afin de distinguer entre le blé subventionné et celui destiné à la transformation et l’export, par la suite. Certes, c’est une tâche difficile qui nécessite une réglementation spécifique et surtout une numérisation de tout le processus en passant de l’importation de la matière première, transformation et à la commercialisation.
« L’exportation des produits et dérivés subventionnés, est une filière qui va être encadrée d’une manière bien ficelée et va permettre aux opérateurs qui travaillent dans la transformation et qui possèdent des usines, des infrastructures d’arriver d’abord à satisfaire le marché local et aller aussi vers l’exportation», ajoute l’intervenante, en faisant savoir que sur les 6,7 milliards de dollars exportés en 2022, la plupart des produits sont finis et d’autres semi-finis, généralement.
Dans le plan d’action du gouvernement, la priorité est accordée à la transformation de la matière première en local, et ce, dans le but de la valoriser, de créer de l’emploi et de la valeur ajoutée. D’ailleurs, c’est dans ce cadre que s’inscrit la nouvelle politique de l’Algérie en matière de Commerce extérieur. Cinq zones franches seront implantées dans le grand Sud algérien pour donner de la profondeur africaine à notre pays et promouvoir les échanges commerciaux avec les pays limitrophes. En somme, l’Algérie peut désormais devenir l’usine de l’Afrique, en garantissant la transformation de leurs matières premières dans nos usines.
A. R.