La faible pluviométrie dure depuis quelques années déjà en Algérie. Une situation à prendre au sérieux par le gouvernement mais aussi, par les ménages qui sont appelés, plus que jamais, à s’inscrire dans une stratégie d’économie d’eau.
Par Akrem R.
En effet, et sur instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le ministère des travaux publics, de l’Hydraulique et des Infrastructures de base entame la mise en place d’un programme d’urgence pour sécuriser l’alimentation des populations en eau potable. Hier, dimanche, le ministre de tutelle, Lakhdar Rekhroukh a assuré que l’alimentation en eau ne sera pas impactée par la baisse des niveaux des barrages, dont le taux de remplissage (la moyenne nationale) est de 32%. Elle est en baisse de 5%, comparativement aux données de l’année dernière (2022).
S’exprimant, lors d’un point de presse à l’issue d’une rencontre avec les cadres de son secteur, le ministre a précisé que, certes, le taux de remplissage des barrages a diminué cette année de 5 % par rapport à l’année précédente, mais «toutes les mesures ont été prises pour fournir de l’eau potable, d’autant plus que nous sommes au début de la saison hivernale».
La faible pluviométrie a affecté, sérieusement, les réserves en eau potable dans les wilayas de l’ouest du pays, contrairement aux wilayas de l’Est où la pluviométrie est plus importante, dira le ministre, en rappelant le plan du gouvernement pour combler ce déficit. Il consiste en la réalisation de nouvelles stations de dessalement d’eau de mer, la réhabilitation des stations à l’arrêt et, également, en le recours à la nappe phréatique.
Le ministre Rekhroukh a expliqué que l’eau stockée dans les barrages et les retenues collinaires est fournie aux régions de l’intérieur du pays et des Hauts-Plateaux, tandis que les villes côtières sont approvisionnées à partir des stations de dessalement de l’eau de mer. Il a ajouté que des mesures sont prises pour que l’approvisionnement des citoyens en cette ressource rare, soit assuré sans manquement. Un programme d’urgence supplémentaire a été inscrit afin de bien préparer le mois de Ramadhan et la saison estivale de 2023.
En effet, il a été décidé lors de la dernière réunion du gouvernement, la reconduction du plan d’urgence mis en place durant les années 2021 et 2022. Ces mesures s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’action visant à garantir la sécurité hydrique sur les court et moyen termes. Sur ce point, le ministre a noté que le programme national pour le dessalement de l’eau de mer permettra l’approvisionnement des localités à l’intérieur du pays sur une profondeur de 150 km de notre côte et la couverture de 80% des besoins en eau potable.
Il est à rappeler que le président Tebboune avait ordonné d’élaborer un plan pour la généralisation des stations de dessalement de l’eau de mer tout le long de la bande côtière, afin d’éviter les répercussions de la situation climatique difficile que connaît le monde.
Distribution régulière d’eau à la Capitale
S’agissant de l’alimentation de la capitale en eau potable, le ministre a fait savoir que 50% de la population sera alimentée en répartition quotidienne et les 50% autres restantes seront alimentés jour après jour. « Nous rassurons que la distribution de l’eau sera régulière et il n’y aura aucune perturbation», souligne-t-il.
Parmi les nouveaux projets approuvés par l’entreprise SEEAL, figurent la réhabilitation de 5 stations de dessalement d’eau de mer au niveau de la capitale, et l’achèvement de deux immenses stations, la première à la Marsa d’une capacité de 60 000 mètres cubes, qui sera lancée prochainement, et la deuxième à Korso, d’une capacité de 80 000 mètres cubes. Des projets qui devraient entrer en production en juin 2023, a fait savoir le DG de la Direction Générale de la Société d’Eau et d’Assainissement d’Algérie « SEAAL », Lyes Mihoubi. En outre, il y aura, ajoute-t-il, des projets supplémentaires, y compris de grandes stations d’une capacité de 300 000 mètres cubes, qui sont actuellement en construction, et devraient être livrées fin 2024.
L’entrée en vigueur de nouvelles stations de dessalements et la réhabilitation d’autres, permettront d’augmenter la couverture de la demande nationale en eau potable issue de l’eau dessalée à 22% en 2023, 40% dans le moyen terme (d’ici 2024) pour atteindre les 60% en 2030.
Onze stations sont érigées tout au long du littoral algérien et les projets pour la réalisation de cinq autres ont été lancés pour pouvoir faire face à la demande croissante sur cette matière vitale.
La stratégie nationale aborde la question de la sécurisation de l’eau, via trois axes principaux: le dessalement de l’eau de mer, l’épuration des eaux usées et la rationalisation de la consommation.
S’agissant de la récupération des eaux usées, le ministre a fait savoir que l’Algérie produit, annuellement, un milliard de m3/an, dont des quantités très minimes sont utilisées actuellement. Il a souligné que les systèmes de canalisation qui passent directement aux usines de traitement des eaux usées seront renforcés, permettant la réutilisation de ces eaux dans le secteur agricole. Le ministre a, en outre, assuré que cette utilisation sera encadrée de manière à ce qu’elle ne soit pas aléatoire.
Haro sur le gaspillage de l’eau
Sur un autre registre, le gouvernement compte mettre en place une nouvelle stratégie pour l’économie d’eau et la rationalisation de son utilisation. Des campagnes de sensibilisation sur la question seront lancées, annonce Lakhdar Rakhroukh, en appelant les citoyens à la préservation de cette eau en tant que ressource rare et à l’utiliser de manière rationnelle. Il soulignera que le taux d’utilisation de l’eau en Algérie ne diffère pas du taux d’utilisation dans les pays à eau abondante, ce qui n’est pas négligeable. Il a également souligné la nécessité d’utiliser l’eau de manière rationnelle, d’éviter les branchements illicites, et, également, la réalisation de puits sans autorisation. Des sanctions sévères seront infligées à l’encontre des contrevenants, conformément à la loi en vigueur, avertit-il, en soulignant que, jusqu’à présent, « nous privilégions la sensibilisation». L’activation du rôle de la Police des eaux, en charge de contrôler les champs d’utilisation des eaux dans tous les domaines et de lutter contre le gaspillage partout dans le pays, permettra, sans doute, de lutter contre ces phénomènes ayant pris de l’ampleur ces dernières années.
A. R.