L’Algérie soigne encore les stigmates du dramatique été 2021 alors qu’une nouvelle sécheresse s’annonce. Si le manque de précipitations aggrave la situation, le gaspillage et le mauvais état des réseaux d’acheminement sont également en cause. La saison des pluies tire à sa fin et, de mémoire, elle aura rarement été aussi décevante. Pour la deuxième année consécutive, l’Algérie fait face à un déficit pluviométrique record. Face à cette problématique, une solution, le dessalement d’eau de mer.
Par Réda Hadi
L’une des solutions privilégiées par le gouvernent pour y faire face en effet, est le recours au dessalement de l‘eau de mer. A ce jour l’Algérie comptent 21 stations reparties sur 14 wilayas côtières. Sur instruction du président Abdelmadjid Tebboune, un nouveau plan d’urgence de dessalement d’eau de mer a été lancé l’été dernier. Il ambitionne de doter la vingtaine de wilayas qui concentrent l’essentiel de la population du pays de stations de dessalement. La solution miracle n’existe pas, mais, des mesures ciblées peuvent grandement améliorer les choses.
Aussi, et dans ce contexte, la station de dessalement d’eau de mer dans la commune de Bordj-El-Kiffan (Est d’Alger) entrera en exploitation en ce mois d’avril, a annoncé, à Alger, le ministre des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique, Karim Hasni. Outre la station de Bordj-El-Kiffan, celle d’El Marsa, d’une capacité de 60.000 m3/j, devra également être opérationnelle dès juillet prochain, a ajouté le ministre, rappelant que la capitale a bénéficié d’un programme initial de réalisation de trois stations de dessalement d’eau de mer à Zeralda, Palm Beach (Staoueli) et Ain-Benian, avant qu’un programme supplémentaire d’urgence pour la réalisation de trois autres stations ne soit décidé par le président de la République.
A titre de comparaison, l’Algérie possède le même nombre de stations que le Maroc qui en dipode de 20, mais qui est en train de construire la plus grande station de dessalement en Afrique dans la ville de Casablanca
Le dessalement l ‘unique solution?
Si effectivement, ces stations, une fois opérationnelles soulageront la capitale et les villes qui en sont dotées, d’autres problèmes sont également mis au jour.
Selon certains spécialistes, le taux de déperdition lié à la vétusté des réseaux peut dépasser les 50%.
Billel Aouali économiste et consultant, parle plutôt «d’une adéquation entre les faits et les paroles. Les stations de dessalement sont une vraie alternative aux ressources phréatiques, qui ne doivent pas être utilisées qu‘en cas de force majeure, et nous n‘en sommes pas là». Celui-ci souligne également qu’«il ne faut pas disperser et savoir gérer aussi notre eau. Il ne faut pas oublier le réchauffement climatique qui peut avoir un rôle à jouer dans la crise hydrique. Nous avons eu un mois de novembre exceptionnellement pluvieux, mais une saison pluvieuse sèche et les prévisions météorologiques sont très pessimistes. Il ne faut pas s’attendre à beaucoup de pluie à cause d’une mer Méditerranée froide, non pourvoyeuse d’humidité… Ne gaspillons, donc, pas notre eau. De plus, il faut appeler à plus de civisme de la part des citoyens, qui ne doivent utiliser ce précieux liquide que d‘une manière opportune»
La nature pas la seule responsable
D’aucuns estiment qu’il convient, donc, de ne pas tout mettre sur le dos de la nature, l’homme ayant une large part de responsabilité dans cette crise devenue cyclique. On tirait sur les ressources qui existaient comme si elles n’allaient jamais s’épuiser…
Les barrages ont un rôle à jouer. Celui de suppléer aux défaillances techniques ou de gestion des autres systèmes d’alimentation. En premier lieu, les forages et les usines de dessalement, dont certaines ont plus de quinze ans d’âge. Ils ne peuvent cependant compenser les erreurs de gestion. Selon certaines sources, les chiffres fournis très récemment encore sur les besoins en eau réels de la ville d’Alger, ils ont été évalués autour de 700 000 mètres cubes par jour, mais, dans la réalité, on distribue entre 1,2 à 1, 3 million de mètres cubes jour, soit, presque le double des besoins réels. Une différence qui s’explique par le taux de déperdition lié à la vétusté des réseaux.
Des spécialistes avancent aussi qu’il est encore possible de capter l’eau des cours d’eau pour les refouler vers les barrages. Nos oueds s’écoulent trop rapidement vers la mer. Il faut mettre des digues pour ralentir l’écoulement des eaux. Cela permet à l’eau de s’infiltrer dans les nappes et donne la possibilité de refouler vers les barrages les plus proches.
Comme quoi, si les petits cours d’eau font les grandes rivières, les petites solutions peuvent aider à résoudre les grandes crises.
R. H.