«La situation devient sérieuse lorsque l’entreprise n’est plus qu’une bulle d’air dans le tourbillon spéculatif.»
John Maynard Keynes
Il y a quelques jours, la vox populi qui se moque de la vox Dei, s’est mise à spéculer sur ce qui est appelé «pénurie». Tantôt, on parle de semoule, tantôt de lait. Mais, la denrée qui a fait couler plus de salive que d’encre est l’huile de table. La rareté de cette denrée essentielle s’est faite sentir dans les étals de nos commerces d’alimentation générale depuis un peu plus d’un mois, et personne n’a pu réellement identifier le problème, car… tous les concernés le savent. Les responsables au niveau des DCP, et même ceux du ministère du Commerce, ne sont pas loin de cette réalité, mais ont tous feint de ne pas connaitre le secret. Il y avait même ceux qui, dans la presse ou sur certains plateaux télé, se sont adonnés à la spéculation en essayant de régler leurs propres comptes à des opérateurs qu’ils ne portent pas dans le cœur. Croyant avoir trouvé l’occasion d’en finir, ces faiseurs d’opinion sans grand talent, se sont permis bien des explications pour soutenir des demandes exprimées dans un passé récent, mais à quoi ils n’ont pas trouvé l’argumentaire idoine. Tout comme les petits commerçants du coin qui ont eu recours à la vente concomitante, en obligeant le client à prendre sucre, farine, et tout autre produit qu’ils voulaient «liquider», ces intervenants sur les plateaux procèdent de la même façon. Toutefois, et comme l’on parle d’un secret de polichinelle, il se trouve que tout l’argumentaire déployé pour prouver la pénurie de l’huile s’est avéré nul. Le souci se trouve au niveau de l’organisation du marché. Il y a une semaine, sur ces mêmes colonnes, nous expliquions cette situation, en rappelant que si l’Algérie produit des quantités largement suffisantes pour satisfaire ses besoins internes en la matière, il demeure que l’intervention de l’Etat dans ce circuit, n’arrange pas beaucoup les choses. Car, si le prix de l’huile est plafonné, ce qui est une bonne chose, il faudra également penser à réguler les différents segments pour assurer une production rentable. Les producteurs obligés de travailler avec des distributeurs et autres grossistes qui ne souhaitent pas se faire facturer la marchandise qu’ils commandent se trouvent moins tarabustés que les producteurs, soumis au régime réel d’imposition et qui, avec toutes les charges et autres taxes qu’ils supportent, peinent parfois à dégager des marges bénéficiaires suffisantes pour faire perdurer leur business. Ceci dit, l’Etat doit intervenir pour mettre de l’ordre dans ce circuit et imposer des normes applicables à tout le monde. Et de-là, il serait grand temps de ne plus tolérer ces commerces qui vivent à la périphérie du formel.
L. K.