Avec comme but notre sécurité alimentaire, le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane sur instruction du Président Tebboune, a souligné, hier à l’APN, la nécessité d’orienter les fonds alloués par l’Etat pour l’importation des céréales, à la subvention aux agriculteurs en vue de soutenir la production locale des céréales et atteindre la sécurité alimentaire. Ainsi donc, les dépenses de l’Etat pour l’importation du blé doivent être affectées à la subvention aux agriculteurs en vue de produire ce produit localement.
Par Réda Hadi
Le Premier ministre, néanmoins, n’a pas été par quatre chemins, pour dénoncer des contreperformances dans un secteur qui a perdu le sens «de la valeur du travail», et qui est miné par «le trafic et la corruption dans les terres agricoles».
Pour M. Benabderrahmane, le défi que le gouvernement relève, conformément au programme du président de la République et en concrétisation de la sécurité alimentaire et sanitaire, est «d’œuvrer pour une approche globale dans le domaine agricole, en vue de donner la terre à celui qui la cultive seulement».
Le Premier ministre prévoit, par ailleurs, que la bonne exploitation des terres agricoles permettra d’atteindre l’autosuffisance (alimentaire) vers fin 2022. Aussi, et pour prétendre à cela, il s’agira d’orienter les fonds alloués à l’importation des céréales, au soutien des agriculteurs.
Une politique de soutien aux agriculteurs, qui selon le Premier Ministre, permettra à l’Etat d’acquérir ses céréales à un prix plus juste, comparativement aux sommes dépensées pour en importer.
Une aide qui ne se fera pas sans contrepartie, cependant, a-t-il averti. En effet, le Premier ministre, exige des agriculteurs des rendements en conséquence de l’aide apportée. M. Benabderrahmane exige de «l’agriculteur de passer à des niveaux de production différents des niveaux existant actuellement», et s’étonne que nous importions des céréales de Lituanie, un pays 10 fois plus petit que le nôtre.
M. Benabderrahmane a indiqué, dans le même contexte, que le gouvernement a relancé la banque des gènes qui a été créée en 1985 et que ce pôle scientifique permettra de former une banque de gènes, qui concerne l’élevage d’animaux et le domaine agricole, notamment, les céréales. L’aide sera, donc, apportée, mais avec contrat de performance.
Une année sera-t-elle suffisante pour atteindre cet objectif ?
«Avec l’appui financier nécessaire et beaucoup de travail, c’est réalisable» affirment des observateurs qui soulignent que ça sera tout de même rude.
M. Radja Ahmed, ingénieur agronome et consultant à la Fao, estime «que c’est aller trop vite en besogne». Pour cet expert, en effet, «les gigantesques défis, tant internes qu’externes, postulent à l’évidence la définition d’une politique agricole consensuelle, participant à la sortie de crise, dans un contexte de transition vers l’économie de marché et de contraintes prégnantes, dictées par les échéances internationales. A ces enjeux, s’ajoutent celles liées à l’insuffisance et/ou à la mauvaise utilisation des principaux facteurs de production : terre, eau, équipement, intrants agricoles, structures d’appui et autres. Ceci éclaire, en partie, la faiblesse des politiques économiques et l’inefficacité de certaines politiques agricoles menées ces dernières années.»
Pour ce consultant, l’enjeu est de taille: «Il faut pouvoir et savoir se réapproprier la fonction du travail agricole dans son terme le plus noble. Et surtout, pouvoir réaliser en une année, que l’on n’a pas pu faire en 50 ans»? conclut-il
R. H.