A la faveur de la conjoncture internationale et son impact sur les différentes économies dans le monde, la monnaie nationale semble tirer son épingle du jeu et revient dans les bonnes grâces des agences de notations internationales, lui prévoyant des perspectives plutôt positives pour les mois à venir, et même durant l’année 2023.
Par Mohamed Naïli
C’est le cas de l’agence Fitch Solutions du groupe américain Hearst Corporation, qui vient d’effectuer une évaluation du dinar algérien, relevant une appréciation notable de sa valeur et des indicateurs pour la poursuite de cette tendance jusqu’à l’année prochaine.
Sur le marché, il y a lieu de constater que depuis la mi-août dernier, le dinar ne cesse pas de retrouver lentement mais progressivement de la vigueur. Après avoir évolué dans les alentours des 160 DA pour un euro et presque le même taux pour un dollar, la monnaie nationale a amorcé une tendance vers l’appréciation depuis quelques semaines, laquelle tendance qui s’est confirmée ces derniers jours, en passant au début de ce mois de septembre carrément sous la barre des 140 dinars pour un euro ou pour un dollar, dans le sillage du basculement historique qu’a connu la monnaie européenne en passant sous la barre d’un dollar américain, il y a quelques jours.
Profitant de la conjoncture internationale actuelle, marquée notamment par le renchérissement des cours des hydrocarbures et des tensions sur les approvisionnements en gaz, un créneau dans lequel l’Algérie est en passe de jouer un rôle central en venant à la rescousse de nombreux pays européens en quête d’alternatives au gaz russe, la monnaie nationale se maintient en tout cas à un niveau appréciable.
Sur la cotation de la Banque d’Algérie (change officiel) pour la journée d’hier mardi, un euro est coté à 142,36 dinars à l’achat et à 142,41 dinars à la vente, tandis que le dollar américain, lui, est coté à 140,40 dinars à l’achat et à 140,41 à la vente. Même sur le marché de change parallèle, le redressement de la valeur du dinar n’a pas tardé à avoir des répercutions. Après avoir frôlé la côte des 220 dinars pour un euro et celle des 210 dinars pour un dollar, les taux de change de ces deux principales devises ont enregistré un léger repli, en revenant à égalité à 209 dinars (pour un euro un dollar) à l’achat et 211 dinars à la vente dans la journée d’hier sur les principales places de change à Alger ou Sétif.
C’est donc sur la base de ces indicateurs que l’agence de notation Fitch Solutions a passé au crible la situation de la monnaie nationale dans une note d’analyse publiée la semaine précédente sous le titre « un dinar algérien plus fort se répercutera sur une baisse de l’inflation et une croissance plus rapide » et dont l’élément phare qui en ressort est la prévision que le dinar algérien puisse continuer à s’apprécier à 136,30 dinars pour un dollar américain d’ici la fin 2022.
Cette appréciation n’est pas limitée à l’année en cours aux yeux des experts de ladite agence de notation qui estiment qu’ « en 2023, nous pensons que la monnaie continuera de s’apprécier en raison de la volonté politique de soutenir la monnaie et des facteurs économiques qui le permettent ».
Evoquant « l’intervention monétaire » comme l’une des raisons de cette appréciation, les experts de Fitch Solutions estiment que ce redressement graduel de la valeur du dinar vient comme une suite à « la promesse du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le 1er août dernier de soutenir la monnaie qui s’est déjà appréciée de 3,5% au cours du même mois ».
Tenant compte des indicateurs actuels, les analystes de l’agence en question n’écartent pas la possibilité pour la monnaie nationale de terminer l’année en cours avec une appréciation de 1,8% par rapport à son niveau à la fin de l’année précédente (2021).
Accélération de l’activité économique
L’évolution du marché mondial des hydrocarbures est toutefois perçue comme un des principaux facteurs contribuant au raffermissement de la monnaie nationale. En effet, est-il souligné dans la note de cette agence, « les prix du pétrole devraient atteindre en moyenne 100 dollars le baril en 2023, en légère baisse par rapport aux 105 dollars le baril en 2022. Cela maintiendra le solde du compte courant en excédent (0,3 % du PIB), permettant aux réserves de change de grandir. Un tampon externe relativement plus fort permettra à la Banque d’Algérie de continuer à soutenir le dinar, qui devrait atteindre 131,80 DA/USD d’ici fin 2023 ».
Qu’en sera-t-il donc de l’impact de cette appréciation sur l’économie nationale, notamment en matière de pouvoir d’achat ? En se penchant sur les implications de l’évolution de la monnaie nationale sur l’économie locale, la note d’analyse de Fitch Solutions précise d’emblée qu’ « une devise plus forte ralentira l’inflation pendant le reste de l’année », avant de revoir à la baisse ses prévisions d’inflation pour l’année en cours en Algérie, passant ainsi de taux de 9,7% prévu précédemment à 9% dans le sillage de cette nouvelle appréciation du dinar.
Dans le détail, les rédacteurs de la note d’analyse portant sur le dinar algérien précisent que « l’appréciation significative du dinar fera baisser les prix à l’importation », tout en rappelant que « l’Algérie est fortement dépendante des biens importés pour répondre à la demande locale ». En conséquence, cette appréciation de la monnaie nationale et la baisse des prix à l’importation constitueront un facteur qui « conduira à une décélération généralisée des taux d’inflation, passant d’un sommet de 11,8 % en glissement annuel en juin 2022 et d’une moyenne de 10,1 % en glissement annuel au premier semestre 2022 à une moyenne de 7,9 % au deuxième semestre 2022 », est-il encore précisé.
S’étalant plus sur les retombées de l’atténuation de l’inflation, les mêmes analystes poursuivent qu’ « une inflation plus faible pèsera moins sur les revenus réels et la consommation privée », avant de revoir à la hausse le taux de croissance du PIB pour l’année 2022 de 3,4 % à 3,6 %.
Cependant, en termes de répercussions directes sur l’état de l’économie et de retombées pour les ménages, les auteurs de ladite note soulignent que « la baisse du taux d’inflation ainsi que les ajustements des salaires et des pensions plus tôt dans l’année soutiendront la demande intérieure ». Autant d’indicateurs laissant donc de prévoir « une légère accélération de l’activité économique en 2022 par rapport à 2021 ».
M. N.