La compagnie nationale pétro-gazière « Sonatrach» renforce sa présence en Libye. Une nouvelle découverte pétrolière importante vient d’être réalisée dans le bassin de Ghadamès par le groupe algérien, a annoncé la société libyenne «National Oil Corporation» (NOC), en confirmant la commercialité de la découverte A-65/2. La même source a précisé que Sonatrach prépare désormais son développement pour une mise en production dans les brefs délais.
Par Akrem R.
Selon des données consultées par la plateforme spécialisée «Energy Platform», Attaqa, basée à Washington, ce gisement pourrait produire jusqu’à 4 200 barils par jour. Cette découverte s’inscrit dans le cadre des efforts constants de la NOC pour accroître les ré- serves pétrolières et gazières de la Libye.
Sonatrach détient, depuis l’appel d’offres public de 2008, une licence d’exploration et de partage de production dans le bassin de Ghadamès.
Après plusieurs années d’interruption, la compagnie algérienne a repris ses activités début 2024, à la suite de la levée, en novembre 2023, de l’état de force majeure décrété sur certaines zones contractuelles.
En effet, cette nouvelle découverte de Sonatrach en Libye marque une étape stratégique dans la relance de ses activités dans ce pays voisin, ouvrant ainsi la voie à des projets ambitieux de développement des vastes réserves d’hydrocarbures du bassin de Ghadamès. Il est à rappeler que le 14 janvier 2024, un premier avenant au protocole d’accord signé en février 2022 entre Sonatrach et la NOC a été paraphé.
Celui-ci prolonge la durée du partenariat de deux années supplémentaires et élargit la coopération technique aux domaines du pétrole, du gaz, des énergies alternatives, ainsi qu’à la formation et à l’échange d’expertise.
L’accord de 2022 visait déjà à permettre à Sonatrach de reprendre ses engagements contractuels et de lancer le développement des gisements découverts.
À ce jour, Sonatrach a investi près de 150 millions de dollars dans le secteur pétrolier libyen et avait annoncé, il y a trois ans, un investissement supplémentaire de 50 millions de dollars dans trois blocs d’exploration à Ghadamès, près de la frontière algéro-libyenne.
Avant de suspendre ses activités en 2014 en raison de l’insécurité, la compagnie avait réalisé plusieurs découvertes prometteuses et détenait trois blocs d’exploration dans la région.
La relance des opérations bénéficie aussi du soutien de la « Libyan Drilling Company», qui a mobilisé la foreuse n° 11 pour forer trois puits stratégiques pour Sonatrach, dans le cadre du concept de forage intégré (Integrated Project Management – IPM), en partenariat avec des sociétés locales et internationales.
Le président de la NOC, l’ingénieur Masoud Suleiman, a salué le rôle déterminant de la société nationale de forage et de maintenance des puits, ainsi que de l’équipe de négociation, dans la conclusion de partenariats stratégiques renforçant la position de l’entreprise dans les grands projets de forage.
Cet élan intervient alors que la Libyan Drilling Company enchaîne les succès, avec la remise en service des foreuses n° 13, 12 et 33, illustrant sa détermination à maintenir la disponibilité de ses équipements, à renforcer ses capacités opérationnelles et à consolider sa compétitivité sur le marché local.
Il est à rappeler que Sonatrach avait signé en juillet dernier quatre (04) mémorandums d’entente entre des filiales et structures du Groupe Sonatrach et des sociétés libyennes spécialisées dans divers domaines d’activités.
Le premier MoU concerne le domaine de la géophysique et a été signé entre l’Entreprise Nationale de Géophysique (ENAGEO), filiale de Sonatrach, et la société libyenne NAGECO. Ce MoU a pour objet la mise en commun des ressources de ces entreprises pour réaliser les travaux de géophysique, de traitement et d’interprétation sismique.
Le second MoU concerne le domaine des services aux puits et a été signé entre l’Entreprise Nationale des Services aux Puits (ENSP), filiale de Sonatrach, et la société libyenne «JOT», pour l’exécution des services pétroliers et gaziers, en Algérie et à l’étranger, dont principalement les opérations de well test et de forage.
Quant au troisième MoU, il concerne le domaine des travaux et analyses de laboratoires. Il a été signé entre «Sonatrach / E\&P – Division Laboratoires» et le «Centre de Recherche Pétrolière libyen relevant de la NOC Libye.
Ce MoU a pour objet la réalisation conjointe de travaux et analyses de laboratoires dans le cadre des projets en partenariat entre Sonatrach et la NOC. Le quatrième MoU concerne, quant à lui, la formation et le transfert du savoir et a été signé entre Sonatrach et la NOC.
Il a pour objet la collaboration en matière de formation et de transfert du savoir-faire dans toutes les disciplines relevant du domaine des hydrocarbures.
Des accords de coopérations avec des pays africains
La conclusion de ces mémorandums d’entente, avait précisé la même source, s’inscrit dans le cadre d’un processus approfondi de dialogue et de coopération, illustrant l’engagement de Sonatrach à développer des partenariats stratégiques, solides et durables avec ses partenaires libyens.
Cela témoigne également de l’ambition de Sonatrach à renforcer sa présence sur la scène énergétique africaine, tout en augmentant ses capacités de production.
Outre la Libye, Sonatrach est déjà présente au Niger, où un champ pétrolier est en cours de développement. De nombreux accords de coopération ont également été signés ces dernières années avec le Zimbabwe, le Nigeria, la Mauritanie, l’Ouganda ou encore le Congo.
Ces accords permettront à la compagnie algérienne d’accompagner ses partenaires dans leurs projets énergétiques respectifs, notamment dans les filières recherche et exploration, exploitation des ressources, distribution et raffinage.
L’Afrique est certainement la région la plus riche en ressources naturelles, et le groupe Sonatrach veut saisir cette opportunité en renforçant la coopération avec les pays africains, dans l’objectif d’améliorer la productivité du continent et de développer des mécanismes de production protecteurs de l’environnement.
Aujourd’hui, près de 600 millions d’Africains, environ la moitié de la population du continent, vivent toujours sans accès à l’électricité. Cela est perçu comme une opportunité pour les compagnies africaines de travailler en synergie afin d’améliorer la situation des pays africains.
L’Algérie, à travers ses deux groupes Sonatrach et Sonelgaz, pourra jouer un rôle de premier plan dans le développement du domaine énergétique en Afrique.
D’ailleurs, l’Algérie et le Nigeria poursuivent leurs efforts pour la finalisation du projet du gazoduc transsaharien «TransSaharan Gas Pipeline (TSGP)», permettant d’acheminer le gaz naturel du Nigeria, via le Niger, vers l’Algérie, afin d’être exporté vers les marchés européens et d’autres destinations internationales. Un projet important qui va contribuer au développement socio-économique de plusieurs régions, tout en renforçant l’intégration africaine.
En somme, en renforçant sa présence sur le marché africain, notamment, Sonatrach pourra accroître sa production et diversifier ses activités, d’autant que le groupe ambitionne de figurer parmi les cinq majors mondiaux du secteur énergétique, tout en continuant à accompagner le développement socioéconomique du pays.
A. R.
