L’année 2025 marque un tournant pour le secteur des hydrocarbures en Algérie. De nouvelles découvertes pétrolières, au nombre de 13, ont été réalisées par le groupe Sonatrach durant les huit premiers mois de l’année en cours, a annoncé hier le ministre d’État, ministre des Hydrocarbures et des Mines, Mohamed Arkab.
Par Akrem R.
Il a précisé que ces découvertes sont le fruit des efforts déployés par le groupe Sonatrach, à travers la réalisation de 7 824 km² de levés sismiques en deux dimensions (2D) et 7 768 km² de levés sismiques en trois dimensions (3D).
S’exprimant au cours d’une séance d’audition devant la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN), consacrée à l’examen du projet de loi de finances (PLF) 2026, le ministre Arkab a souligné que ces découvertes, réalisées durant les huit premiers mois de l’année en cours par les propres moyens de Sonatrach, permettront d’accroître la production primaire d’hydrocarbures de l’Algérie, par le renouvellement des réserves.
Par ailleurs, la compagnie a également réalisé, ajoute-t-il, plus de 466 156 m de forage d’exploration et de développement entre janvier et août, contre 405 273 m durant la même période de 2024, soit une hausse de 15 %, outre le creusement de 142 puits contre 121 puits fin août 2024.
En effet, et selon les prévisions du ministre, Sonatrach s’apprête à augmenter sa production primaire de 2 % en 2026, pour atteindre près de 193 millions de tonnes équivalent pétrole (Tep).
Une hausse attendue de la production dès 2026
Mohamed Arkab a indiqué que la production primaire commercialisée d’hydrocarbures « devrait croître d’environ 2 % par rapport à 2025 », soit une progression d’environ 3 millions de tonnes équivalent pétrole.
Cette dynamique positive résulte de la hausse globale des volumes de pétrole, de gaz et de condensats, soutenue par les nouveaux gisements découverts et la remise en production de plusieurs sites existants.
Ces résultats s’inscrivent dans la stratégie de Sonatrach visant à renouveler ses réserves et à préparer la transition énergétique nationale, à travers une exploitation plus rationnelle des ressources et une valorisation accrue du gaz naturel.
Dans son plan d’action 2025-2029, le groupe pétro-gazier prévoit l’investissement de 60 milliards de dollars dans l’exploration, la production et la pétrochimie.
Il vise ainsi à doubler la production nationale de gaz, pour atteindre 200 milliards de m³ d’ici 2030, afin de répondre aux besoins du marché national et surtout d’honorer ses engagements à l’international et de conquérir de nouvelles parts de marché à l’étranger.
Une stratégie qui s’inscrit en étroite ligne avec les orientations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui avait instruit les responsables du groupe à l’exportation d’au moins 100 milliards de m³ de gaz annuellement.
Un objectif réalisable, selon les experts, nécessitant le renforcement des investissements dans l’exploration conventionnelle et non conventionnelle. Une nouvelle stratégie est donc mise en place pour le groupe Sonatrach, basée sur la valorisation du contenu local et le renforcement des partenariats pour réussir ce challenge.
D’ailleurs, un premier appel international a été lancé en 2024, « Algeria Bid Round 2024 », le premier après celui de 2014, soldé par la signature de cinq contrats avec des entreprises asiatiques, de l’Union européenne, des États-Unis et d’autres.
Un deuxième appel international sera également lancé incessamment par ALNAFT pour capter de nouveaux investissements et développer de nouveaux sites de production.
Outre le renforcement de la coopération, Sonatrach envisage d’entamer une nouvelle phase marquée par l’ouverture sur les marchés internationaux.
C’est une étape qualifiée de nécessité stratégique par le PDG du groupe, Rachid Hachichi, pour renforcer sa compétitivité et assurer une croissance à long terme.
La stratégie de l’Algérie est donc claire : poursuivre les investissements dans l’amont et l’aval pétrolier et gazier pour augmenter la production nationale, tout en s’orientant progressivement vers une transition énergétique.
31 milliards de dollars de recettes à fin septembre 2025
En parallèle, les recettes de l’État issues des exportations d’hydrocarbures ont atteint 31 milliards de dollars à fin septembre 2025, en baisse de plus de 3 milliards de dollars par rapport à la même période de 2024. Cette situation s’explique notamment par la baisse des prix du pétrole et du gaz sur le marché international, impactés par la surproduction et d’autres facteurs géopolitiques.
Selon le ministre d’État, ministre des Hydrocarbures et des Mines, « le pétrole algérien a enregistré une baisse de 15 % de son prix, qui s’est établi à 71 dollars le baril sur les neuf premiers mois de 2025, contre 84 dollars un an plus tôt. Idem pour les prix du gaz naturel, qui ont également reculé de 1,1 %, sous l’effet de la hausse des stocks mondiaux et des tensions géopolitiques », ajoute le ministre.
Il est à rappeler que la production pétrolière de l’Algérie à fin septembre 2024 était stable par rapport à la même période en 2023, s’élevant à environ 126 millions de tonnes équivalent pétrole (Tep) de production commercialisée.
Malgré cela, Sonatrach a maintenu le cap de ses investissements pour préserver sa capacité de production et préparer la relance à moyen terme. En effet, près de 5 milliards de dollars ont été injectés par le groupe Sonatrach et ses partenaires sur cette même période, destinés à renforcer l’exploration, la production et les infrastructures de transport énergétique.
Un engagement fort pour l’environnement
Par ailleurs, et dans le cadre de la mise en œuvre des engagements de l’Algérie en matière de réduction des gaz à effet de serre, M. Arkab a rappelé l’objectif fixé par Sonatrach visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à abaisser le volume total de gaz torché à moins de 1 % d’ici 2030.
Dans cette optique, le groupe public a, selon le ministre, activé l’initiative «Éliminer le torchage routinier d’ici 2030», ainsi que l’objectif d’atteindre «zéro émission de méthane» liée à ses activités.
M. Arkab a ajouté que le stockage naturel du carbone constitue également «l’un des axes principaux» du programme que l’Algérie entend mettre en œuvre, à travers un investissement de plus d’un milliard de dollars par Sonatrach dans un projet de reboisement de 520 000 hectares sur une période de dix ans, assorti d’un programme de stockage du carbone.
Cette démarche, a-t-il souligné, contribuera au renforcement du développement économique et social du pays, tout en créant des emplois à travers l’ensemble du territoire national. En somme, ces avancées confirment la volonté du gouvernement de consolider la souveraineté énergétique nationale et de moderniser la gouvernance du secteur minier et pétrolier.
A. R.







