Doté d’une nouvelle loi avec un cadre réglementaire souple et attractif, le secteur minier attire de plus en plus d’investisseurs internationaux, en particulier les Russes, les Chinois, les Malaisiens et les Australiens.
Par Akrem R.
En effet, l’Algérie, qui a affiché une grande volonté pour l’exploration et l’exploitation de son secteur minier, s’est lancée dans la réalisation de plusieurs projets structurants à l’instar de celui des mégaprojets du phosphate à l’Est du pays, Gara Djebilet à Tindouf pour le fer et celui de Tala Hamza à Bejaïa pour le zinc et le plomb, démontrant ainsi une volonté politique de diversifier l’économie nationale et de valoriser les ressources minières locales.
Des projets de grande importance pour l’économie nationale nécessitant des partenariats de haut niveau pour atteindre les objectifs fixés par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à savoir la réduction de la dépendance du pays à l’économie de rente et l’intégration de l’Algérie dans le giron des pays émergents d’ici 2027.
Cela nécessite de porter le PIB national à 400 milliards de dollars et de diversifier l’économie, en s’appuyant sur le secteur minier qui constitue un levier important, capable d’amorcer ce changement stratégique.
Actuellement, la contribution des mines au PIB ne dépasse pas 1 %, un taux infime qui ne reflète en rien les potentialités existantes. Pour cela, le groupe public « Sonarem » a multiplié ses rencontres avec les sociétés étrangères pour renforcer les partenariats et exploiter les différents gisements miniers.
«Notre groupe compte lancer de grands projets miniers avec des partenaires étrangers dans le but de valoriser les ressources minières», avait révélé le PDG du groupe, Belkacem Soltani.
En effet, après l’intérêt affiché par des entreprises chinoises qui multiplient les démarches pour investir dans les projets d’exploitation et de transformation en Algérie en partenariat avec Sonarem, ce sont désormais les Russes, dont Gazprom via sa filiale Vesna, qui ont manifesté leur intérêt pour accompagner le groupe public dans l’exploitation des différents gisements miniers et la valorisation des ressources.
Des solutions technologiques proposées par les russes
Une délégation de cette société russe, conduite par son DG, M. Stanislav Khomenko, a été reçue hier par le PDG du groupe Sonarem à Alger.
Cette rencontre, qui s’inscrit dans le cadre de l’examen des perspectives de coopération, a été une occasion pour le PDG de Sonarem de présenter un exposé détaillé sur les activités du groupe et de ses filiales dans le domaine minier, réaffirmant l’ouverture de Sonarem à des partenariats fructueux, au service des intérêts mutuels.
De son côté, la délégation russe a exprimé son grand intérêt pour une collaboration avec Sonarem à travers la fourniture de services avancés et innovants, espérant que cette rencontre constitue un point de départ pour des discussions approfondies et un élargissement de la coopération vers plusieurs domaines, notamment les études d’exploitation et les solutions numériques, compte tenu de l’intérêt particulier de la société pour le secteur minier.
Lors de cette rencontre, les experts russes ont présenté leurs compétences et capacités, en particulier dans l’accompagnement et les solutions numériques.
En retour, les responsables de Sonarem ont exposé la nature des activités du groupe sur les différentes étapes de la chaîne de valeur, en mettant l’accent sur l’importance de la transformation et de la valorisation dans le domaine des ressources minières.
À l’issue de la rencontre, les deux parties ont convenu de programmer de futures discussions en visioconférence afin d’approfondir les échanges et de renforcer la coordination en vue d’aboutir à des accords opérationnels dans la prochaine étape.
Il convient de rappeler que le groupe russe Gazprom dispose d’une vaste expérience dans l’accompagnement des grandes entreprises minières, notamment à travers des solutions numériques avancées dans les études, la surveillance digitale et le contrôle à distance, ce qui constitue un atout majeur pour l’exploitation et le développement des ressources minières au sein de Sonarem.
Ces initiatives russes témoignent d’un double objectif : exploiter de nouvelles ressources tout en modernisant la chaîne de valeur (traitement, transformation, digitalisation), afin d’augmenter les revenus locaux tout en réduisant les importations ou les sorties de produits semi-transformés.
Les Chinois en force
Par ailleurs, les sociétés chinoises déjà présentes en force en Algérie comptent renforcer davantage leur coopération avec le groupe Sonarem, en proposant des projets concrets dans le secteur minier.
D’ailleurs, l’entreprise chinoise Asia Potash International Investment a exprimé son intérêt à réaliser un mégaprojet d’une valeur de 1,6 milliard de dollars, avait indiqué la semaine dernière l’Agence algérienne de promotion de l’investissement dans un communiqué. Le projet a été présenté ce jeudi lors d’une réunion tenue avec le directeur général de l’Agence, Omar Rekkache.
Le projet, présenté par une délégation de l’entreprise chinoise conduite par son vice-président Zeng Yuy, consiste à créer un complexe industriel intégré pour la valorisation du phosphate, la production d’ammoniac, d’urée et d’engrais complexes en s’appuyant sur le gaz naturel comme ressource principale dans les opé- rations de fabrication, explique la même source.
Une deuxième société chinoise, reçue avant-hier mardi au siège de Sonarem, à savoir CPTDC, a examiné la possibilité de contribuer au développement du gisement de Gara Djebilet, notamment en matière de réduction du taux de phosphore du minerai de fer extrait.
La rencontre avec la délégation de la société chinoise, conduite par le président de la branche africaine et directeur du bureau de la société en Algérie, Danny Kong, s’est tenue au siège de la société à Alger, en présence du PDG de la filiale du groupe public, Feraal.
À cette occasion, la délégation de la société chinoise, filiale de la China National Petroleum Corporation (CNPC), a présenté ses expériences « réussies » dans plusieurs pays dans le domaine du traitement des minerais, notamment la réduction du taux de phosphore dans le minerai de fer de type oolithique à des niveaux acceptables sur le marché international, précise le communiqué.
La rencontre a été aussi l’occasion de présenter les solutions numériques dans le domaine minier que la société chinoise pourrait mettre à la disposition de Sonarem.
Un mémorandum de coopération devrait être signé, en présence du PDG de la société- mère, dans les semaines à venir, selon la même source.
Il est à noter qu’un consortium chinois, CMH (avec la participation du groupe chinois Shanghai Delong Steel), est en partenariat avec Sonarem pour exploiter le gisement de Gara Djebilet. L’objectif est de combiner extraction minière et intégration industrielle (traitement, sidérurgie) pour produire localement et exporter davantage.
Un autre projet d’ampleur est celui de Tala Hamza – Oued Amizour, dans Bejaïa, où la société chinoise Sinosteel a rejoint une joint-venture comprenant les partenaires algériens ENOF et ORGM, avec aussi une entreprise australienne. Ce projet vise à exploiter un des plus grands gisements de zinc et de plomb du pays, avec une unité de traitement intégrée.
Prévisions : 170 000 tonnes de concentré de zinc et 30 000 tonnes de plomb par an. Par ailleurs, un exemple plus spécialisé : le groupe chinois Kibing prévoit d’installer en Algérie une usine de verre photovoltaïque (ou verre solaire), d’une capacité d’environ 1,5 million de tonnes par an, accompagnée d’une unité de traitement et de valorisation de sables siliceux ultrapurs.
Ce projet s’inscrit dans la stratégie globale de valorisation des ressources minières et des matières premières pour les technologies vertes.
Avec des projets phares portés par des acteurs russes comme Sonarem/Vesna, et des entreprises chinoises telles que Sinosteel ou Kibing, l’Algérie se positionne de plus en plus comme un acteur attractif pour l’industrie minière mondiale.
A. R.