Sommet des Chefs d’Etats et de gouvernements du GEFC à Alger : Un accord sur le prix du gaz en perspective

Alger abritera, du 29 février au 2 mars 2024, le 7e Sommet des Chefs d’Etats et de Gouvernement du Forum des pays Exportateurs de Gaz (GECF). Plusieurs sujets seront au menu de ce rendez-vous important qui se tient dans une conjoncture difficile marquée par des bouleversements géopolitiques et des tensions, notamment au moyen Orient.

Par Akrem R.

Ainsi, en est-il du conflit actuel en mer rouge qui reste une route maritime importante pour le commerce mondial et surtout pour le transport du GNL vers les marchés asiatiques et européens.

En effet, Washington et Londres ont frappé vendredi 12 janvier, à l’aube, des sites militaires houthistes au Yémen, en réponse aux attaques lancées depuis trois mois par la rébellion yéménite sur des navires commerciaux en mer Rouge. Si cette opération vise à neutraliser la menace houthiste, elle porte aussi en elle les germes d’un embrasement régional. Donc d’éventuelles perturbations dans l’approvisionnement du marché ne sont pas à écarter.

«Ce qui se passe actuellement dans la région de la mer Rouge constitue un moment critique pour la région du Moyen-Orient et du Golfe, en particulier pour les pays exportateurs de gaz, étant donné que les pays du Golfe et du Moyen-Orient représentent un pourcentage important des exportations mondiales de pétrole. A l’instar du Qatar qui est aujourd’hui l’un des plus grands pays exportateurs de gaz liquéfié dans le monde et représente 20 % des exportations mondiales aux côtés des États-Unis et de l’Australie», affirme Dr Mohamed Khodja, Directeur de la recherche à l’Institut algérien du pétrole (IAP). 

A cet effet, le Sommet d’Alger sera une occasion d’étudier les différentes éventualités et scénarios  concernant les capacités d’approvisionnement (réduction ou rareté du gaz) du marché mondial, précise-t-il, en rappelant que la mission principale de ce Forum est de façonner l’avenir énergétique en tant que défenseur mondial du gaz naturel et plateforme de coopération et de dialogue, en vue de soutenir les droits souverains des pays membres sur leurs ressources en gaz naturel et contribuer au développement durable et à la sécurité énergétique mondiale.

La maîtrise des prix 

Les pays membres du Forum vont également renforcer la coopération en recourant à de nouvelles technologies dans le but de garantir une meilleure maîtrise du marché.

D’ailleurs, cette dernière sera la question centrale lors de ce 7 e Sommet du GECF. Les Chefs d’Etats et de Gouvernement de 12 pays permanents (Algérie, Bolivie, Egypte, Guinée Equatoriale, Iran, Libye, Nigeria, Qatar, Russie, Trinité-et-Tobago, Emirats arabes unis, Venezuela) et 7 membres observateurs (Angola, Azerbaïdjan, Irak, Malaisie, Mauritanie, Mozambique, Pérou), vont tenter, avec tous leur poids, de trouver une réponse aux questions en suspens, notamment celle du prix.

De nouveaux mécanismes sont à mettre en place pour maîtriser du prix du gaz, indique l’intervenant dans une déclaration à la radio nationale «Chaîne I».

Et d’ajouter : « Si les pays du Forum parviennent à trouver un accord sur la question des prix, ils vont renforcer leur place sur le marché mondial gazier et s’orienter résolument vers la valorisation de cette énergie».

Le Directeur de la recherche à l’IAP a rappelé au passage que l’Algérie est l’un des défenseurs des contrats à long terme. Une option grâce à laquelle le marché se stabiliserait, en donnant plus de visibilité aux producteurs, en particulier, en matière d’investissement.

La baisse drastique des investissements dans le domaine des énergies fossiles par les pays consommateurs qui veulent aller vers une transition énergétique rapide, a eu un effet boule de neige sur le marché gazier. Durant ces trois dernières années, la demande mondiale sur le gaz a explosé, alors que l’offre est en net recul pour absence d’investissement.

Résultat : les prix du gaz qui reste l’une des sources propres de l’énergie ont triplé.  L’autre défi à relever par les pays producteurs est environnemental, ajoute l’intervenant. 

Investir dans les nouvelles technologies et stockage du gaz 

Les pays du GECF doivent investir fortement dans le développement technologique pour améliorer la productivité dans le domaine de l’amont et de la transformation. Il est recommandé aux pays producteurs du gaz, souligne l’intervenant d’investir dans la valorisation du gaz, en développant davantage l’industrie de la pétrochimie et de penser au stockage du gaz. Mohamed Khodja a annoncé que l’Algérie réalisera une usine pour la production du propylène entre 2025 et 2026.

Concernant le stockage du gaz, l’intervenant a affirmé que le développement de cette idée consistant au stockage du gaz dans des gisements miniers en fin d’exploitation, permettra aux pays exportateurs de maitriser le marché et d’éviter l’effondrement des prix en cas d’un surplus de production. 

Concernant le rôle attendu de notre pays, l’invité de la radio a expliqué que « L’Algérie est un pays fondateur du Forum des pays exportateurs de gaz, et elle joue un rôle majeur au sein de cet organisme en raison de sa situation stratégique sur le continent africain, et en tant fournisseur principal du continent européen en gaz».

Ce rôle sera renforcé davantage avec la finalisation du projet du gazoduc, Lagos (Nigéria) et Alger, en passant par le Niger et Mali. Ce projet permettra la mise sur le marché européen de 30 milliards m3 annuellement, précise-t-il.

L’Algérie future maillon stratégique  

Dans ce contexte, Dr Khodja a expliqué que le continent africain deviendra un pôle important sur la scène internationale dans le domaine de l’exportation du gaz, notamment après les découvertes annoncées en Mauritanie, au Sénégal et au Mozambique, que ce soit par pipeline ou par transport maritime de gaz liquéfié (GNL).

Le raccordement de la production de ces pays avec le réseau de gazoducs algériens s’étendant sur une distance de 23 000 kilomètres reliant l’Algérie à plusieurs pays de l’Europe, donne un plus grand avantage à l’Algérie à ce stade. Selon le même intervenant, l’Algérie est susceptible de devenir un maillon stratégique à l’avenir dans le domaine de la distribution du gaz.

Le Forum des pays Exportateurs de Gaz (GECF) est une organisation intergouvernementale représentant les principaux pays exportateurs de gaz au monde, soit 70% des réserves mondiales prouvées de gaz, plus de 40% de la production commercialisée, 47% des exportations par gazoduc et plus de la moitié des exportations de GNL dans le monde.

A. R.

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