Les travaux du Sommet arabe ont débuté hier après-midi à Alger, après trois ans et demi d’absence. Les dirigeants arabes auront devant eux un ordre du jour diversifié à examiner, notamment en matière de la coopération économique, qui est à son plus bas niveau, actuellement. .
Par Akrem R
Les chiffres en font foi. Les échanges commerciaux interarabes ne dépassent pas les 7% et ne reflètent nullement les opportunités existantes.
Toutefois, la situation géostratégique et les différentes crises sanitaires et surtout alimentaires, exigent de ces pays de revoir leur copie, en travaillant en étroite collaboration, afin de les surpasser et d’y faire face.
En effet, ce sommet arabe de deux jours (mardi et mercredi) sera une occasion pour les dirigeants arabes de coordonner leurs efforts, en laissant de côté leurs divergences, surtout politiques, pour donner un nouvel élan à la coopération économique.
Le ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra a rappelé l’engagement de l’Algérie en faveur de la coopération et du partenariat Sud-Sud aux côtés de plusieurs pays, convaincus de la capacité de cette coopération à opérer le changement dans les relations économiques internationales.
Lamamra a insisté, lors d’une conférence de presse, animée lundi soir, sur l’importance de tirer parti des atouts du monde arabe pour peser sur la situation, réitérant l’attachement de l’Algérie à garantir le climat nécessaire favorisant le travail dans un cadre de compréhension et de coopération.
A cet effet, dira l’expert en économie, Ishak Kherchi, les pays arabes sont appelés à s’organiser en groupement pour le développement de l’agriculture, dont le but est d’assurer la sécurité alimentaire du monde arabe. De nombreux pays connaissent des difficultés en la matière, à l’instar de la Palestine, le Yémen et la Somalie. «Le Sommet d’Alger sera une véritable opportunité pour résoudre plusieurs problèmes économiques, notamment la sécurité alimentaire, au vu de la situation économique précaire dans certains pays arabes», a-t-il fait observer.
Des solutions arabes pour la sécurité arabe
L’expert a souligné que la contribution de l’Algérie au niveau de ce Sommet, à la faveur de la mise en place «d’une feuille de route sûre» et à travers les décisions qui seront adoptées lors de la réunion des chefs d’Etats arabes, devra renforcer les moyens des pays arabes afin de répondre à leurs besoins et leur éviter l’endettement extérieur.
Quant au volet économique, dont la question de la sécurité alimentaire, M. Kherchi dira que le sommet d’Alger permettra de trouver des solutions exclusivement «arabes» et d’éviter ainsi beaucoup de problèmes, estimant que l’inscription du dossier de la sécurité alimentaire arabe à l’ordre du jour du sommet vient à point nommé, au vu des mutations politico-économiques dans le monde qui ont aggravé la crise alimentaire dans certains pays arabes.
Pour sa part, le spécialiste en relations internationales, Salim Hamadi a mis en avant le consensus arabe atteint au niveau des délégués, du Conseil économique et social de la Ligue arabe (CESA) et du Conseil des ministres des Affaires étrangères autour de décisions économiques importantes, et à leur tête, le dossier de la sécurité alimentaire. Ce sommet se focalise sur l’élaboration d’une stratégie pour assurer la sécurité alimentaire, a-t-il souligné, le qualifiant de «victoire pour les Arabes et l’Algérie».
Pour un consensus économique
Le consensus économique réalisé lors du Sommet d’Alger pour faire face aux enjeux internationaux est «une grande victoire», a-t-il estimé, rappelant la nécessité d’instaurer un climat économique favorable, outre, d’intensifier les échanges interarabes. Selon le même intervenant, l’action arabe commune dans le domaine économique est désormais une nécessité et non une option, en affirmant que la coopération économique est une «bouée» de sauvetage pour tous les Arabes.
Dans une déclaration à l’APS, le Directeur général de l’Organisation arabe pour le développement de l’agriculture (OADA), Ibrahim Adam Ahmed El-Dekhairi, a affirmé que les réunions préparatoires au Sommet arabe ont abouti à plusieurs projets de décisions pour la réalisation de la sécurité alimentaire arabe, à travers un programme d’intégration agricole.
Le même responsable a fait savoir que «les pays arabes ont introduit dans le dossier économique une série de mesures et de décisions pour la réalisation de l’intégration agricole, notamment la question de la sécurité alimentaire arabe». Les principales décisions portent sur «la Grande zone arabe de libre échange (GZALE) et l’Union douanière arabe (UDA) pour faciliter le commerce agricole», a-t-il fait savoir. Plusieurs décisions ont concerné, aussi, la production agricole, essentiellement celle relative au programme de sécurité alimentaire arabe qui prévoit 9 points essentiels. Il s’agit, selon l’intervenant, «d’augmenter la production agricole, d’accroître la productivité des récoltes, d’optimiser les systèmes agricoles en place, d’encourager les échanges commerciaux, et de prendre les mesures nécessaires pour mettre fin au gaspillage alimentaire». En somme, les dirigeants arabes sont face à leur destin. Ils doivent saisir ce rendez-vous d’Alger pour prendre des décisions historiques et opérationnelles afin de renforcer l’intégration économique interarabe et travailler en un seul bloc.
A. R.