Au même titre que les différentes administrations sectorielles, les travailleurs et leurs représentations syndicales respectives, les chefs d’entreprises, regroupés au sein des différentes organisations patronales, préparent eux aussi la rentrée sociale, qui aura lieu dans quelques jours, et qu’ils veulent démarrer sous les meilleurs auspices.
Par Mohamed Naïli
Dans cette perspective, de plus en plus d’organisations patronales adhèrent à l’idée de l’organisation d’une tripartite dans les jours à venir, qui regroupera justement les chefs d’entreprises, le partenaire social et le gouvernement autour d’une table pour débattre des questions primordiales qui marquent la rentrée de cette année et le climat socioéconomique général dans lequel évolue l’économie nationale actuellement.
La nécessité d’aller vers cette réunion qui regroupe traditionnellement les trois parties (gouvernement – patronat et syndicats) n’est pas moins justifiée lorsque l’on sait que la rentrée sociale qui s’approche intervient dans un contexte comprenant des nouveautés, dont principalement l’entrée en vigueur du nouveau code des investissements mais aussi et surtout la question des salaires, avec l’engagement du chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, récemment, à ordonner des «augmentations salariales importantes» dès le premier trimestre de l’année 2023.
S’inscrivant dans cette vision, la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA) est ainsi l’une des organisations patronales à être favorable à la tenue d’une tripartite. «Nous avons un challenge à relever. 2022 a été décrétée année du décollage économique. Nous devons nous mobiliser pour concrétiser cet objectif et aller de l’avant pour remettre la machine de la production et de l’industrialisation, d’une manière générale, sur les bons rails», déclare le président de la CNPA, Mohamed Saïd Naït Abdelaziz, en guise d’argument à la nécessité de réunir les trois partenaires formant cette tripartite.
A l’instar de la CNPA, se sont cinq organisations patronales, réunies au sein de la Coordination nationale du patronat, créée il y a quelques mois dans le but d’unifier leurs démarches envers leurs partenaires, dont la CIPA (Confédération des industriels et producteurs algériens) ou l’AGEA (Association générale des entrepreneurs algériens), qui s’activent pour la tenue d’une tripartite à la rentrée prochaine.
En finir avec la bureaucratie
A cet égard, la Coordination regroupant les organisations patronales en question a mis au point un document regroupant l’ensemble des axes et points que les chefs d’entreprise souhaitent discuter avec leurs partenaires lors de cette tripartite qu’ils appellent de tous leurs vœux. En plus des changements dans la gestion des dossiers de création d’entreprises et de projets économiques que le nouveau code des investissements est censé apporter, tant au niveau de l’administration, du fisc ou des banques, et des modalités d’application, dès le début de l’année prochaine, de toute nouvelle augmentation des salaires que décidera le chef de l’Etat, conformément à sa déclaration de juillet dernier, d’importants points sont inscrits au centre des préoccupations des chefs d’entreprise.
L’accélération de la numérisation de l’économie nationale dans tous ses volets, le renforcement de la lutte contre les pratiques bureaucratiques qui perdurent au sein de certaines administrations, le partenariat international ou la lutte contre l’informel constituent ainsi les principaux points mis en exergue dans le document élaboré par la Coordination patronale.
«Il faut prêter une grande attention à des questions aussi sensibles, comme la numérisation, l’économie parallèle, la compétitivité et l’intégration aux marchés internationaux et le renforcement des capacités économiques ou la mise en place des mécanismes de soutien à la croissance», affirme le président de la CNPA, Naït Abdelaziz, également chef de file de la Coordination des organisations patronales, précisant que «ces points sont inscrit sur le document, en attendant leurs mise en pratique sur le terrain». Pour y parvenir, il estime que «la concertation est indispensable» et appelle à «travailler avec le gouvernement dans un cadre consensuel».
Le président de l’AGEA, Mouloud Khaloufi, insiste, lui aussi, sur la nécessité d’«organiser une rencontre tripartite» pour débattre des conditions dans lesquelles se préparent la rentrée mais aussi des difficultés qui affectent certains secteurs d’activité, comme «le BTPH qui traverse une situation difficile actuellement».
Auparavant, le président de la CIPA, Abdelwahab Ziani, n’a pas manqué de pointer du doigt le système bancaire qui, selon lui, n’arrive pas à se mettre à niveau pour suivre la dynamique dans laquelle s’inscrit l’économie nationale. «Les chefs d’entreprise attendent des banques un accompagnement financier plus fluide, en facilitant notamment l’accès au crédit et adopter des opérations de rééchelonnement sur une période de dix ans afin de permettre à l’entreprise de réussir son processus de relance et de consolider sa position sur le marché», déclarait en juillet dernier M. Ziani, en promettant que ce point sera débattu lors de la prochaine rencontre qui regroupera le patronat et ses partenaires.
M. N.