Face à la baisse du pouvoir d’achat, et de la hausse des prix des produits de large consommation, l’économiste Smaïl Lalmas ne voit d’issue que dans le changement radical et profond de notre système de gouvernance.
«Tout d’abord, il faut préciser que certaines hausses peuvent être en relation avec le fait que nous continuons d’importer 70 % de nos intrants, et cela impacte considérablement le prix final. Ceci peut justifier cela mais pas que. L’Etat doit assumer son rôle de régulateur. La volonté politique ne semble pas être une priorité. Or, à mon avis, la solution pour mettre un terme à cette gabegie, est un changement radical et profond de notre gouvernance et de notre système.
Le rôle de l‘Etat, au-delà du régalien, est d’être le régulateur de son marché domestique. Or, il n’en est rien. L’Etat est absent.
Certes, il faut être capable de réguler son marché, mais être capable aussi de l’organiser avant. Il faut instituer des règles de commerce immuables, par des lois claires et avec plus visibilité surtout. Je citerai en cela, l’absence de visibilité dans la politique d’importation, entre autres.
Vous ajouterez à cela, les lenteurs bureaucratiques qui nous caractérisent, et vous obtenez un cocktail social des plus explosifs.
Compte tenu du nombre important des demandes, et comme le flux augmente, cela laisse libre cours à la spéculation. En général, l’augmentation des prix se cache derrière une forte demande, en ce sens qu’il y a des approvisionnements qui nous ont coûté un peu plus cher que d’habitude en matières premières, et par conséquent, il y a répercussion sur le prix des produits. Aussi, peut-être que la baisse de la valeur du dinar influe sur les prix, notamment. Plusieurs critères peuvent être, donc, derrière cette hausse.
De plus, la politique de subvention pèse énormément sur le budget de l’Etat, mais elle a, également, des effets pervers sur la croissance de l’économie nationale. Par ailleurs, je pense que cette politique ne peut pas être éternelle. Il faudra bien, qu’un jour ou l’autre, avant qu’il ne soit trop tard, envisager une autre politique sans recourir à ces subventions.
Pour ma part, il est évident que le problème se situe au niveau de l’Etat. Il ne faut pas obligatoirement rejeter la faute automatiquement sur le producteur. L’Etat doit assumer ses fautes et reconnaître ses erreurs. Et cela passe comme je l’ai dit, par une autre gouvernance et un autre système. Il faut un système qui sache répartir les richesses au mieux, et que ce soit le citoyen qui en profite surtout.»
Propos recueillis par Réda Hadi