Les réformes audacieuses engagées par l’Algérie ces dernières années dans le domaine de l’enseignement supérieur, en s’orientant de plus en plus vers l’implication de la recherche scientifique dans le monde économique, commencent à porter leurs fruits.
ParAkrem R.
Nos universités ont en effet amélioré leur visibilité dans les classements internationaux. D’ailleurs, six établissements d’enseignement supérieur ont été classés dans l’édition 2025 du classement US News Best Global Universities, l’un des palmarès académiques les plus influents à l’échelle mondiale. Cela est considéré comme une reconnaissance de la réforme universitaire au service de l’économie du savoir.
Pour le président du Comité national pour la promotion de la visibilité et du classement des établissements d’enseignement supérieur, le professeur Hakim Harek, cette réalisation est porteuse d’espoir et reflète les fruits des réformes et des efforts de développement engagés par le secteur de l’enseignement supérieur, sous la supervision directe des plus hautes autorités du pays.
Ces efforts se concentrent notamment sur le soutien à la recherche scientifique, la stimulation de l’innovation et l’amélioration de la qualité de la formation, contribuant ainsi à la transition vers une économie fondée sur le savoir, a t-il souligné dans une déclaration à la Radio nationale «Chaîne I».
En effet, ce progrès dans le classement des universités algériennes « n’est qu’un premier pas vers un avenir académique plus prometteur», dira le Pr Harek.
Et d’ajouter : « Il est désormais nécessaire de maintenir cette dynamique et de continuer à améliorer les performances académiques et scientifiques, afin que l’université algérienne puisse être compétitive à l’échelle mondiale et jouer pleinement son rôle de moteur du développement national, en menant la révolution technologique et en ancrant la culture de la créativité et de l’innovation au sein des institutions et de la société».
Le professeur Harek considère que l’importance des classements internationaux ne se limite pas à une reconnaissance symbolique, mais ils constituent un outil stratégique pour les décideurs, notamment dans le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, en matière d’élaboration de politiques éducatives et d’amélioration de la performance des universités.
«Ces classements renforcent la réputation et la visibilité des universités aux niveaux national, ré- gional et international. Ils permettent également d’attirer des partenariats, des financements supplémentaires, ainsi que des étudiants et des chercheurs d’Algérie et de l’étranger, tout en contribuant à l’amélioration de la qualité de l’enseignement et des programmes académiques», a-til souligné.
Sidi Bel Abbès, locomotive de l’excellence algérienne
Dans ce cadre, le Pr Harek a évoqué l’exemple de l’Université de Sidi Bel Abbès, qui a su sortir de l’ombre grâce à ce classement, en se positionnant première à l’échelle nationale et maghrébine, et en se classant 760e à l’échelle mondiale parmi plus de 2200 universités.
Il a précisé que ce classement repose sur plusieurs critères, notamment la réputation académique, la production scientifique, l’impact des recherches et la coopération internationale.
L’invité de la «Chaîne I» a affirmé que cette progression reflète une véritable transformation du système universitaire algérien et confirme une volonté claire de mettre les établissements d’enseignement supérieur en conformité avec les standards internationaux.
Elle révèle également l’émergence de plusieurs universités autrefois peu visibles, telles que celles de Tlemcen, Souk Ahras ou Annaba, qui commencent à apparaître dans les classements mondiaux grâce à leurs efforts en matière de recherche et de formation.
Une feuille de route claire pour gravir les échelons
Le président du comité a révélé, par ailleurs, l’existence d’une stratégie nationale, ainsi que d’autres spécifiques à chaque université, visant à améliorer leur positionnement dans les classements mondiaux. Cette stratégie repose notamment sur trois axes.
Il s’agir de la qualité de l’enseignement et de la formation, avec des cursus répondant aux besoins du marché de l’emploi et formant aux compétences du XXIᵉ siècle ; le renforcement de la recherche scientifique, via la promotion de la publication dans des revues indexées (Scopus, Web of Science) et l’ancrage territorial des universités, à travers des partenariats économiques, des missions de conseil et une contribution active au développement local.
Le professeur Harek a également insisté sur l’importance du classement des revues scientifiques dans les bases de données internationales telles que Scopus et ERIH PLUS, précisant que la présence des revues algériennes dans ces bases améliore la visibilité des recherches nationales et leur confère une plus grande crédibilité.
Il a appelé à des actions concrètes pour améliorer ce classement, notamment à travers des publications dans des revues évaluées par des pairs et de haute qualité.
Retombées multiples pour les universités algériennes
S’agissant des retombées de ce classement, le Pr Harek a souligné qu’elles sont nombreuses : meilleure attractivité pour les étudiants, chercheurs et investisseurs ; reconnaissance accrue des diplômes à l’échelle internationale ; capacité renforcée de nouer des partenariats avec des institutions universitaires de haut niveau et accès facilité aux financements internationaux et aux projets de coopération scientifique.
«Les grandes universités mondiales ne collaborent qu’avec des institutions visibles et crédibles. Le classement devient ainsi un passeport pour la coopération scientifique et l’intégration académique mondiale», a-t-il précisé.
Défis et perspectives
Concernant les défis, le professeur Harek a insisté sur la nécessité de les aborder avec sérieux et clairvoyance, notamment le renforcement du lien entre l’université et son environnement économique et une ouverture accrue à l’international.
Il a mis en avant les efforts du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour orienter la recherche vers la résolution de problèmes liés au développement durable, le développement d’incubateurs et de centres de recherche, notamment dans les domaines des énergies renouvelables, de l’environnement et de l’intelligence artificielle.
Cap sur l’excellence
Dans ce cadre, le professeur Harek a appelé à une réforme profonde des méthodes pédagogiques traditionnelles, au profit de l’innovation, de la recherche appliquée et de la valorisation des résultats scientifiques. Il a cité la création de structures spécialisées (écoles supérieures d’intelligence artificielle, de cybersécurité, de nanotechnologie…) et l’intégration de l’IA dans les cursus universitaires comme des avancées majeures. Il plaide aussi pour la valorisation de la recherche à travers la création de startups universitaires, de pépinières d’entreprises et de partenariats public-privé.
«L’université ne doit plus être seulement un lieu de transmission du savoir, mais un véritable levier de développement économique, d’innovation et de création de valeur. Il est indispensable de raccorder l’université à son environnement économique et international pour répondre aux besoins de l’industrie nationale, notamment en matière d’innovation, de digitalisation, d’intelligence artificielle et de robotique», a-t-il affirmé.
Par ailleurs, le professeur Harek a mis en avant l’implication croissante des universités dans l’agenda 2030 des Nations Unies, à travers des projets dans les domaines de l’énergie verte, de l’eau, de la santé ou encore de la biodiversité.
Grâce au classement Times Higher Education Impact, 53 universités algériennes ont été reconnues pour leur contribution aux Objectifs de Développement Durable, plaçant l’Algérie au premier rang en Afrique, avec l’Université d’El Oued figurant parmi les 400 meilleures au monde.
En conclusion, le professeur Hakim Harek souligne que le classement des universités algériennes constitue bien plus qu’une reconnaissance symbolique.
«Il marque l’entrée de l’université algérienne dans l’économie de la connaissance, à condition de maintenir le cap des réformes et de renforcer les passerelles entre savoir, innovation et développement. Une université forte et visible, c’est un pays plus souverain, plus attractif, et mieux armé pour relever les défis économiques, technologiques et sociaux de demain», a-t-il conclu.
A. R.
