Lors de son entrevue périodique avec les représentants des médias, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a fait le point sur la situation socio-économique du pays, tout en mettant en avant les progrès réalisés dans divers domaines ainsi que les projections d’avenir.
Par Akrem R.
En effet, dans un discours franc et direct, loin de toute démagogie, le chef de l’État a affirmé que l’Algérie a accompli d’importants progrès vers la réalisation de la sécurité alimentaire et hydrique, grâce à l’augmentation de la production agricole et à la mise en œuvre d’un programme ambitieux comprenant la construction de stations de dessalement de l’eau de mer, le raccordement des barrages et l’exploitation des eaux souterraines.
Indiquant que le pays qui ne produit pas ce qu’il consomme n’est pas libre, Abdelmadjid Tebboune a insisté sur la poursuite des efforts pour le développement du secteur agricole afin de renforcer notre sécurité alimentaire, confirmant ainsi que l’Algérie atteindra l’autosuffisance en plusieurs produits, notamment le blé dur en matière duquel, a-t-il dit, «l’autosuffisance sera totale en 2025».
Quant au blé tendre, il a affirmé que « nous allons poursuivre nos efforts pour réduire notre dépendance aux importations, en produisant une grande partie de nos besoins en ce produit».
Après avoir salué les « grands progrès » réalisés par l’Algérie dans le domaine agricole et la réduction de sa dépendance vis-à-vis de l’étranger, le Président Tebboune a souligné que des efforts sont encore à consentir pour atteindre l’autosuffisance dans les filières des viandes (rouge et blanche) et laitière.
Dans son intervention lors de cette rencontre périodique avec les médias, diffusée samedi soir, Tebboune a souligné la nécessité de produire nos besoins en matière de lait en local, en citant le mégaprojet avec les Qataris pour la production du lait en poudre. Un projet de 3,5 milliards de dollars qui devrait contribuer à amoindrir la dépendance de notre pays des marchés internationaux, et même à devenir un pays exportateur à l’avenir.
«D’ici deux ans on atteindra notre autosuffisance en matière de lait, grâce à un grand projet d’investissement à Adrar en partenariat avec des investisseurs qataris pour l’élevage bovin et la production de produits laitiers », a-til dit.
Une stratégie globale pour la filière des viandes
Au sujet de l’élevage, le président de la République a souligné la nécessité d’adopter « une stratégie globale. Nous nous sommes entendus avec l’Union nationale des paysans algériens (UNPA) pour trouver une solution définitive aux problèmes enregistrés dans cette filière ».
Une batterie de mesures a déjà été prise par le gouvernement pour relancer cette filière stratégique pour l’économie nationale. Parmi les solutions mises en place figure l’autorisation d’importation de bétail en provenance de pays africains comme le Mali et le Niger, dans le cadre du troc, a précisé le président de la République.
Il a également souligné que les pouvoirs publics instaureront des « lois strictes » pour réprimer toute pratique portant atteinte à la richesse animale et à la sécurité alimentaire, notamment le phénomène de l’abattage des agnelles.
L’éleveur doit faire prévaloir l’intérêt du pays, a-t-il insisté, affirmant qu’«on ne peut pas vendre un mouton à 17 millions de centimes », alors que l’Algérie dispose d’une grande richesse animale, notamment ovine.
Le président de la République a, par ailleurs, salué les progrès réalisés en matière d’exportation grâce à la qualité des produits locaux, notamment agricoles. Il a attribué ces avancées à la « débureaucratisation du secteur agricole et au recours à des techniques agricoles avancées grâce aux efforts des agriculteurs ». Il s’est dit, à ce propos, satisfait de la résolution du problème du foncier agricole, qui sera définitivement réglé cette année.
Plus de 11 000 projets d’investissement enregistrés
Le Président de la République a, en outre, indiqué que l’économie algérienne devrait connaître un essor majeur avec l’entrée en production de plus de 11 000 projets d’investissement, tout en annon- çant la récente autorisation de l’importation de pièces de rechange automobile dans « des limites raisonnables ». Il a salué l’orientation de nombreux opérateurs vers la production locale, contribuant ainsi à la création d’emplois et à la création de valeur ajoutée.
En effet, à travers cette nouvelle politique d’investissement et de promotion du contenu local, le gouvernement ambitionne de s’intégrer dans les chaînes de valeur et de favoriser la création d’emplois. Selon les intentions d’investissement affichées par les opérateurs nationaux et étrangers, des milliers de nouveaux postes seront créés, ce qui contribuera significativement à la réduction du chômage, tout en allégeant la pression sur le budget de l’État, qui finance une allocation de chômage de 15 000 DA pour plus de deux millions de primo-demandeurs d’emploi.
À ce sujet, le chef de l’État a précisé que l’instauration de cette allocation n’est ni une mesure populiste ni une forme d’« assistance sociale », affirmant que la majorité de la jeunesse algérienne est aujourd’hui instruite et consciente, capable de faire la distinction entre la vérité et la démagogie.
Concernant l’augmentation de l’allocation de chômage, le Président a souligné que toute revalorisation dépendra des données économiques et de la situation financière du pays.
S’agissant de l’amélioration du pouvoir d’achat des Algériens, le Président de la République a réitéré son engagement à augmenter les salaires de 53 % au cours de ce second mandat. «Je me suis engagé à augmenter les salaires de 100 % durant le mandat présidentiel actuel, après une augmentation de 47 % précédemment », a-t-il affirmé.
Doubler la production de gaz d’ici cinq ans
A une question sur le projet du gazoduc transsaharien et la place de l’Algérie sur l’échiquier énergétique international, le président de la République a affirmé l’ambition de l’Algérie de «doubler sa production de gaz naturel dans les cinq prochaines années», soulignant que l’Algérie est devenue «un fournisseur très fiable», notamment pour le marché européen.
Et d’ajouter que les efforts sont en cours en vue de réaliser un «troisième gazoduc entre l’Algérie et l’Italie vers l’Allemagne, pour exporter l’hydrogène et l’électricité conventionnelle et non conventionnelle», insistant sur l’importance de diversifier la production nationale d’hydrocarbures, tout en rappelant la profondeur et la qualité des relations historiques entre l’Algérie et l’Italie, lesquelles se démarquent par leur «l’efficacité».
Il a, à cet égard, salué les investissements italiens en Algérie, notamment dans le domaine du montage automobile, qui va permettre de passer à une véritable industrie basée sur l’augmentation du taux d’intégration nationale, outre l’investissement dans le domaine agricole, annonçant l’ouverture prochaine, par le Plan Enrico Mattei, ami de la révolution algérienne, de son siège en Algérie.
Le président de la République s’est également dit satisfait quant au retour à la normale des relations entre l’Algérie et l’Espagne, notamment sur le plan commercial, «après avoir connu un coup de froid», ajoutant dans ce contexte que l’Algérie importera de ce pays une partie de ses besoins en ovins en prévision de l’Aïd El-Adha ».
A. R.