Le Premier ministre, ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, s’est entretenu, mardi soir, par visio-conférence, avec une équipe du Fond Monétaire International (FMI), sur les agrégats macroéconomiques et budgétaires de l’Algérie, notamment, au regard des répercussions de la pandémie de la COVID-19, a indiqué un communiqué du ministère des Finances. Cette audience avec la délégation du FMI, conduite par le chef de Division au niveau du département Moyen-Orient et Asie Centrale du Fond, Mme Geneviève Verdier, intervient dans le cadre d’une mission virtuelle effectuée en Algérie par l’équipe du FMI du 14 septembre au 3 octobre 2021, au titre de l’Article IV des Statuts du Fonds, a précisé la même source.
Par Réda Hadi
Selon des observateurs, l’inquiétude de Bretton Woods est forte. Ces observateurs font remarquer que M. Benabderrahmane, en tant que ministre des Finances, s’est déjà entretenu par visio-conférence, avec une délégation du FMI, le 25 novembre dernier. Selon le communiqué publié par le ministère des Finances, les échanges ont porté, entre autres, sur le déficit budgétaire de l’Algérie.
Un déficit qui reste au centre des discussions entre l’Algérie et l’institution financière, particulièrement, en cette période post-Covid. Pour le Premier ministre et ministre des Finances, «notre économie a fait preuve d’une grande résilience face à la pandémie, sous l’effet des mesures prises pour circonscrire l’impact de la propagation de la pandémie, notamment, celles relatives à la préservation de l’activité économique, la rationalisation de la dépense publique et l’encadrement du commerce extérieur». Le FMI dans son dernier rapport soutient que « L’Algérie, dont 90 % des recettes extérieures proviennent de la rente pétrolière, subit de plein fouet les conséquences de la chute des prix des hydrocarbures et de la pandémie de Covid-19 ». En effet, pour l’année en cours, le Fonds monétaire international (FMI) table sur une récession de 5,2 % et sur un déficit budgétaire parmi les plus élevés de la région, outre, que la dette publique totale de l’Algérie atteindra plus de 63% en 2021, contre 53% l’année dernière.
Situation difficile
M. Haddad Mohamed, économiste, explique pour sa part que «cette réunion virtuelle a pour but essentiel de rassurer le Fonds monétaire».
Pour l’économiste, il ne fait aucun doute que l’endettement extérieur sera évoqué, car de l’aveu même de Aymen Abderrahmane, lors de débats sur la loi de Finance 2021, souligne «que le gouvernement aura recours à la mise en œuvre des mécanismes de la politique monétaire stipulés dans la loi, en concertation avec la Banque d’Algérie (BA) et le marché financier»
Par ailleurs, selon son rapport, le FMI s’attend à enregistrer une inflation d’environ 6% en 2021 en Algérie. En outre, le déficit budgétaire est estimé à plus de 18%, alors qu’il était de 12% l’année dernière. Les réserves de pétrole de l’Algérie, un important producteur et exportateur, ont diminué au cours des dernières années, outre, que l’Algérie connaît une réduction de ses exportations de pétrole.
Face à cette délicate situation financière, le gouvernement va devoir imaginer de nouvelles mesures pour relancer notre économie, moins dépendante du pétrole. Toutefois, il devra faire, selon Billel Aouali, économiste agréé, «un effort au vu des données peu encourageantes présentées par le FMI. La Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (UNECA) a également évalué la situation de notre pays, et a qualifié le niveau du commerce algérien de «faible» par rapport au «reste de la communauté économique de la région». Pour cet expert, «ces perspectives économiques critiques, affectent le revenu global par habitant des Algériens. Les citoyens doivent faire face au prix élevé de l’électricité, des biens de consommation et à la dépréciation de la monnaie locale par rapport aux devises étrangères».
« Le Fonds monétaire international en mai dernier, a mis en garde contre une situation économique critique en Algérie, et les sombres perspectives qui reflètent également les grandes différences sociales entre les citoyens. Aussi, cette visioconférence, n’a de but pour le gouvernement algérien que de rassurer le FMI et asseoir sa crédibilité au cas où… » Estime notre interlocuteur.
R. H.