L’investissement dans le domaine des hydrocarbures se dynamise, notamment avec l’arrivée en force de compagnies étrangères. En effet, la conjoncture mondiale difficile, marquée par des changements sur l’échiquier mondial de l’énergie et l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les hydrocarbures de 2019, qui accorde d’importants avantages aux investisseurs, a eu un impact positif sur le secteur des hydrocarbures en Algérie.
Par Akrem R.
D’ailleurs, d’importants contrats ont été signés et d’autres le seront dans les prochains jours. Le Groupe Sonatrach est en pourparlers avancés avec des majors mondiaux, dont des entreprises américaines, chinoises, russes, qataries, saoudiennes et d’autres en Europe, en vue de signer des contrats pour le développement de champs gaziers et pour renforcer la recherche et l’exploration de nouveaux gisements, tant en onshore qu’en offshore.
Selon le premier responsable de Sonatrach, Rachid Hachichi, sept contrats d’hydrocarbures seront signés prochainement. Intervenant lors d’une conférence de presse organisée en marge de la signature d’un contrat d’hydrocarbures avec la société chinoise Sinopec, M. Hachichi a précisé que «Sonatrach est actuellement en cours de négociation avec des sociétés internationales sur sept contrats», ajoutant qu’ils «seront signés successivement dans la période à venir ».
Il s’agit, selon le PDG du Groupe, de sociétés telles que la chinoise Sinopec, l’italienne ENI, la française Total, les deux compagnies américaines Chevron et ExxonMobil, ainsi qu’une société suédoise.
Qualifiant de « difficiles » les négociations menées avec les différentes entreprises autour des contrats d’hydrocarbures, Rachid Hachichi a évoqué pas moins de 140 réunions de négociations tenues à ce sujet, témoignant ainsi de la volonté de l’Algérie d’attirer des investisseurs étrangers tout en préservant l’intérêt national.
Trois types de contrats sont proposés aux compagnies étrangères dans le cadre de la nouvelle loi sur les hydrocarbures 19-13 : le contrat de participation, le contrat de partage de production et le contrat de services à risques.
L’objectif est de permettre une répartition plus équitable et attractive des bénéfices avec les partenaires étrangers, en leur offrant la possibilité de choisir la forme contractuelle la plus adaptée à leur activité en Algérie. Concernant les durées des contrats, le texte prévoit une phase de recherche qui ne peut excéder 7 ans.
La durée des différentes phases du contrat est fixée à 30 ans, tandis que celle concernant l’exploitation de gisements déjà découverts est de 25 ans.
Dans les deux cas, cette durée peut être prolongée de 10 ans supplémentaires. Par ailleurs, la nouvelle loi sur les hydrocarbures introduit un ensemble de nouvelles mesures fiscales visant à stimuler le secteur pétrolier et gazier et à réduire la pression sur les entreprises de ce domaine.
Un gros contrat avec le chinois Sinopec
C’est dans le cadre de cette nouvelle loi qu’un important contrat, sous forme de partage de production, a été signé avant-hier, mardi, entre Sonatrach et la société chinoise Sinopec.
D’une valeur de 850 millions de dollars, dont 50 millions pour la recherche et 800 millions pour le développement d’un gisement dans le périmètre de Hassi Berkane Nord (situé entre les wilayas de Ouargla et d’El-Meniaâ), ce contrat est d’une haute importance pour le secteur des hydrocarbures en Algérie, ainsi que pour les deux parties, qui multiplient ces dernières années leurs efforts pour renforcer leur coopération dans ce domaine. Il s’agit du deuxième contrat le plus important signé entre les deux parties, après celui de Zerzaitine en 2003.
Ce nouveau cadre contractuel, dans le cadre du partenariat algéro-chinois dans le domaine gazier, concerne le développement des périmètres de Hassi Berkane Nord, situé à environ 80 km au sud-ouest de Hassi Messaoud et s’étendant sur une surface de près de 9 700 km² dans le bassin d’Amguid Messaoud.
Le contrat permettra d’exploiter les hydrocarbures dans les blocks 428 et 429, contenant du gaz naturel condensé. D’une durée de 30 ans, renouvelable une fois pour une durée ne dépassant pas 10 ans, il intervient à l’issue du protocole d’accord signé par les deux parties en mars dernier.
Le financement de l’exploration sera assuré à 100 % par la société chinoise, tandis que les investissements ultérieurs, en cas de résultats positifs, seront partagés à hauteur de 30 % pour Sonatrach et de 70 % pour Sinopec.
Selon les clauses du contrat, la société chinoise devra forer 14 nouveaux puits de développement, dont 10 verticaux et 4 horizontaux, en plus de la reprise des deux puits existants.
Un nouveau jalon dans la coopération avec Sinopec
Dans son allocution, Hachichi a estimé que la signature de ce contrat « constitue un nouveau jalon dans le processus d’une coopération réussie avec Sinopec et une preuve claire de l’engagement commun à renforcer ce partenariat et à l’élargir vers de nouvelles perspectives ».
Il s’est également félicité du succès réalisé dans le cadre du partenariat établi depuis 2002 sur le champ de Zairzaitine, qui «constitue l’un des principaux piliers de notre relation avec Sinopec».
De son côté, le Senior Vice-Président de Sinopec, Niu Shuanwen, a affirmé que la signature de ce contrat représente «une étape importante» dans le développement du secteur énergétique en Algérie, notamment en matière de production de gaz.
L’ambassadeur chinois a rappelé dans son allocution l’importance de ce contrat, qui sera « mutuellement bénéfique », en saluant les mesures incitatives importantes prévues par la loi sur les hydrocarbures et la nouvelle loi sur l’investissement en Algérie.
En somme, la signature de cet important contrat avec le leader chinois Sinopec ne pourra qu’être bénéfique pour le Groupe Sonatrach et pour l’Algérie, dont un plan d’investissement de 50 milliards de dollars est déjà prévu pour les cinq prochaines années.
Ce contrat s’inscrit dans une période où l’Algérie s’apprête à accueillir de nouvelles sociétés étrangères, avec l’ambition de renouveler ses réserves et d’augmenter la production nationale à hauteur de 160 milliards de m³ d’ici 2030, dont 100 milliards de m³ de gaz destinés à l’exportation. Il est à rappeler que l’Agence Alnaft a lancé un appel d’offres international en octobre 2024, intitulé « Algeria Bid Round 2024 », le premier du genre depuis celui de 2014, déclaré infructueux.
Cet appel d’offres a attiré un grand nombre d’entreprises étrangères, au total 37, ayant manifesté leur intérêt pour investir en Algérie. Un deuxième appel, «Algeria Bid Round 2025», sera également lancé en octobre 2025.
Selon le président de l’Agence Alnaft, Mourad Beldjehem, l’année 2025 sera une année « charnière » pour l’investissement dans les hydrocarbures en Algérie, avec pour objectif la signature de 10 contrats par an, un rythme qui devrait être maintenu à moyen terme.
Dans cette dynamique, en plus des six contrats attendus dans le cadre de l’« Algeria Bid Round 2024 », Sonatrach négocie actuellement 13 autres contrats, avait-t-il précisé.
Depuis le début de l’année, la société espagnole Repsol et l’indonésienne Pertamina sont autorisées à exploiter les hydrocarbures à Menzel Lejmat, périmètre situé dans le bloc 405a, à Reggane.
Le décret présidentiel publié dans le «Journal» officiel du 7 janvier dernier approuve, en effet, le contrat pour l’exploitation des hydrocarbures sur le périmètre en question conclu à Alger le 15 juin 2023 avec les sociétés PT Pertamina Algeria Eksplorasi Produksi et Repsol exploracion 405A, S.A.
A. R.
BP compte augmenter ses investissements d’ici 2030
Le groupe pétrolier britannique BP entend accroître ses investissements et sa production d’hydrocarbures d’ici 2023 pour pouvoir produire de l’énergie à forte marge dans les années à venir, a annoncé le groupe pétrolier mercredi dans un communiqué.
Parmi les annonces en amont, le group affirme notamment qu’il augmentera sa production d’hydrocarbures d’ici 2030, là où il visait précédemment une diminution de 25% en 2030 par rapport à 2019.
Il compte aussi augmenter ses investissements dans le pétrole et le gaz à 10 milliards de dollars par an, soit les deux tiers des investissements prévus en 2025, tout en réduisant de 5 milliards de dollars par an ses investissements dans ses projets de transition (qui pèseront désormais de 1,5 à 2 milliards par an). BP a aussi annoncé un objectif de 20 milliards de dollars de cessions d’ici 2027, qui pourraient notamment concerner sa filiale de lubrifiants moteurs Castrol.
