Signature aujourd’hui des contrats de réalisation : Le projet des 15 centrales solaires sur les rails

L’Algérie veut accélérer sa transition énergétique. Les premiers projets du programme de 15 000 MW d’électricité solaire seront lancés au courant du premier trimestre en cours, et les premiers kilowattheures seront produits afin fin 2024. 

Par Akrem R.

Les contrats relatifs à la construction des 15 centrales solaires photovoltaïques, dans le cadre du projet des 2 000 mégawatts et 1 000 mégawatts, seront signés aujourd’hui, jeudi, entre le groupe Sonelgaz et des entreprises nationales et étrangères.

L’annonce a été faite, hier, par Pr Boukhalfa Yaici, directeur général de Green Energy Cluster Algeria (GRP), précisant que la livraison de tous les projets sera échelonnée durant l’année 2024 et 2025.

Ceci marque ainsi le début effectif de la concrétisation de l’ambitieux programme des 15 000 MW d’électricité verte à l’horizon 2035, dont 6 000 mégawatts durant la période 2023-2027. 

Ce mégaprojet qui sera réparti sur une douzaine de wilayas, avec des puissances unitaires variant entre 80 à 220 mégawatts, permettra au Groupe Sonelgaz de jouer pleinement son rôle dans la transition énergétique, et ce, explique-t-il, « en passant de l’utilisation presque à 100 % de l’électricité à base de gaz naturel vers l’énergie solaire. Le tout se fera dans le cadre du programme des 15 000 mégawatts».

Boukhalfa Yaici a annoncé, par la même occasion, que d’autres projets similaires seront lancés durant les prochains mois. En clair, le programme EnR est maintenant sur les rails, après une longue période d’incertitude et de blocage.

Les mesures prises par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à travers notamment l’installation du Haut Conseil de l’énergie ont contribué à la redynamisation de ce programme EnR, qui devrait mettre l’Algérie sur la voie de la décarbonation de son économie et à la concrétisation de ses engagements environnementaux.

Dans sa feuille de route, le gouvernement visait à atteindre 30% d’énergies renouvelables d’ici 2035 et la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’un taux, compris entre 7 % et 22% d’ici 2030, tout en réduisant le volume total de gaz brûlé à moins de 1 %.

L’Algérie, grâce à ce programme EnR, réalisera des économies en gaz et gasoil. En effet, chaque 1 GW installé, entre 600 à 800 millions de m3 du gaz économisés, soit 6 à 8 milliards de m3 /an une fois le programme en place. Des quantités que Sonatrach injectera sur le marché mondial du gaz ou valorisera en produits finis.

42% des entreprises sont locales 

Le DG de Green Energy Cluster Algeria a révélé, par ailleurs, que sur les 19 contrats à signer ce jeudi, près de 42% des réalisations seront pris en charge par des entreprises algériennes à 100%  ou en partenariat avec des entreprises étrangères.

Sur ce point, il a recommandé de bien négocier notre partenariat avec l’UE. « On doit être offensif et œuvrer pour des relations équilibrées avec l’UE afin de pousser cette transition énergétique et décarboner notre économie et développer de l’hydrogène vert», souligne-t-il.

Dans une déclaration à la radio nationale « Chaîne III», Yaici a indiqué que « cela démontre, encore une fois, l’engouement des opérateurs nationaux de s’impliquer dans les énergies renouvelables, ce qui n’était pas le cas en février 2023, lorsque le premier avis d’appel d’offres avait été lancé».

En ce sens, il a également révélé que « le taux d’intégration fixé à 35 % sera largement dépassé dans les différents contrats qui seront signés demain jeudi (aujourd’hui, NDLR). On espère que la mise en œuvre de ces projets va renforcer le contenu local et l’intégration nationale».

En outre, l’intervenant a souligné que « le projet sera financé à 100 % par l’Algérie», précisant qu’« on devra aller vers l’utilisation des financements à l’international, via le partenariat public-privé ou encore, des investissements directs étrangers (IDE) pour booster cette transition énergétique qui, comme vous le savez, a un coût».

Donc, il est impératif d’ouvrir la voie au financement étranger pour booster davantage cette transition énergétique et réduire la pression sur le Trésor public et contribuer à l’émergence d’un tissu industriel local et également la création d’emplois.

Il est à noter que la concrétisation de ce programme EnR de 15 000 MW nécessitera un investissement de 20 milliards de dollars et 25 milliards autres, pour le développement de l’hydrogène vert. Des budgets conséquents sont donc à mobiliser, d’où, la nécessité de s’ouvrir sur le financement étranger, tout en préservant la souveraineté énergétique nationale.

Quant à l’usage de cette nouvelle énergie, M. Yaici estime que « l’Algérie a toujours affiché ses ambitions, principalement dans le secteur agricole avec 1,2 million d’hectares à développer, notamment, dans le Grand-Sud. Toutefois, il a été constaté que 60% des exploitations agricoles vont être localisés sur des sites très éloignés du réseau. Du coup, il s’agit de se rapprocher de ces exploitations pour leur installer, soit du solaire ou encore, les mettre sous alimentation en hybride.

Du reste, et en termes d’emplois, ces projets permettront de créer, dès les phases de réalisation (entre 8 et 22 mois), des opportunités pour des entreprises nationales, sachant qu’il était spécifié, dans le cahier des charges, que la main-d’œuvre doit être algérienne, sauf cas spécifiques pour certains profils qui ne sont pas disponibles sur le marché.

En somme, la mise en œuvre de ce programme permettra de créer une dynamique sur le marché national, qui va bénéficier d’un intérêt grandissant pour l’investissement dans ce secteur et la naissance d’une industrie de kits solaires. 

A.R.

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