Seulement 895 000 naissances enregistrées en 2023 : Les Algériens font moins d’enfants

Seulement 895 000 naissances enregistrées en 2023 : Les Algériens font moins d’enfants

La natalité en Algérie est en net recul. Enclenché depuis 2017, le nombre de natalité est passé, depuis 2010, au-dessous du seuil de 900 000 naissances, s’établissant à 895 000 naissances vivantes en 2023, selon les derniers chiffres de l’Office national des statistiques (ONS) sur la situation démographique algérienne 2020 à 2023.

Par Akrem R.

Indiquant que la population résidente totale en Algérie a atteint les 46,7 millions d’habitants au 1 er premier janvier 2024, la même source a précisé que cette baisse du volume des naissances vivantes a affecté le taux brut de natalité qui est passé de 23,80% à 19,32% entre 2019 et 2023.

Cette période a été marquée, ainsi, par le recul du volume des décès et celui des mariages. «Nous assistons également à une stagnation du taux de mortalité infantile, une baisse de la mortinatalité.

Par ailleurs, le niveau de l’espérance de vie à la naissance a connu une hausse record après le net recul enregistré au cours de la période 2020-2021. Depuis 2022, l’espérance de vie à la naissance des femmes a dépassé pour la première fois le seuil de 80 ans, atteignant 81 ans en 2023», affirme l’ONS dans sa dernière Note.

Quant à la mortalité infantile, le volume des décès a atteint 17 797 en 2023. Aussi, «nous assistons à une quasi stabilité du taux de mortalité infantile au cours de la période 2020-2023.

Estimé à 19,9‰ au niveau national au cours de l’année 2023, il atteint 21,9‰ auprès des garçons et 17,8‰ auprès des filles. S’agissant de la mortalité générale, à l’instar de tous les pays, les années 2020 et 2021 ont connu un niveau record de décès sous l’effet de la crise sanitaire et ses conséquences directes et indirectes dont les restrictions sanitaires mises en place pour contenir la pandémie de la COVID19.

L’effectif des décès a atteint respectivement 241 000 et 258 000 cas. Ce n’est qu’à compter de l’année 2022 que celui-ci a commencé à décroitre sensiblement pour atteindre 203 000, puis continue son fléchissement en 2023 pour enregistrer 192 000 cas. Le taux brut de mortalité a enregistré ainsi une hausse franche, passant de 4,55% en 2019 à 5,45% en 2020 puis 5.75% en 2021 avant de chuter à 4.45 % puis à 4.15 % en 2022 et 2023 respectivement.

Cette perturbation du niveau de mortalité a impacté l’espérance de vie à la naissance, d’où nous enregistrons un recul de 1.9 années au niveau global entre 2019 et 2020, les hommes sont significativement plus affectés que les femmes (respectivement 74.2 ans contre 77.9 ans). Le fléchissement de cet indicateur s’est poursuivit en 2021 avec une perte de 0.2 année par rapport à l’année précédente.

En revanche, « nous enregistrons une hausse significative de 1.4 année par rapport au niveau enregistré avant la pandémie, les femmes ont atteint pour la première fois le seuil de 80 ans. En 2023, cette tendance haussière se poursuit où on enregistre un niveau de 79.6 années au niveau national avec des disparités par sexe atteignant 78.2 années auprès des hommes et 81.0 années auprès des femmes».

Baisse des mariages de plus de 10%

Enclenchée depuis 2014, la baisse de l’effectif des mariages se poursuit, mais avec un rythme plus accéléré en 2020. En effet, les bureaux de l’état civil ont enregistré 285 000 unions au cours de l’année 2020, soit une baisse relative de plus de 10% par rapport à l’année 2019.

Un effet de récupération a été observé l’année suivante avec un effectif global de 315 000 unions, mais à compter de l’année 2022, la baisse se poursuit pour atteindre 278 664 en 2023.

Cette baisse affecte également le taux brut de nuptialité qui s’établit à 6% en 2023, soit le même niveau atteint au début des années 2000. Nonobstant, l’effet conjoncturel partiel induit par la pandémie, cette baisse continue de la nuptialité conforte une fois de plus l’hypothèse de l’impact de la modification de la structure par âge de la population sur le recul du volume des mariages.

En effet, l’évolution de la population âgée de 20 à 34 ans (population où se contracte 80% des mariages), fait ressortir une régression du volume de celle-ci d’une allure assez visible à compter de 2015, laquelle population est passée de 10,997 millions à 9,861 millions entre 2015 et 2023.

En dépit du fait que le rythme de décroissance de l’effectif des mariages semble plus soutenu que celui de la baisse de cette population, la corrélation entre l’évolution du volume de la population âgée entre 20 et 34 ans et celui des mariages semble clairement établie.

Avec le maintien de la baisse du volume de cette population dans les années à venir, et en l’absence d’autres éléments qui peuvent interférer sur ce phénomène, il est probable que la baisse du volume des mariages se poursuivra jusqu’à l’horizon 2025-2030.

Les raisons du recul

Les conditions socioéconomiques des Algériens «difficiles» durant la période de 2017 à pratiquement 2022, où le pouvoir d’achat des ménages avait atteint ses plus bas niveaux, ont contribué à ce recul.

Depuis la chute des prix du pétrole en 2017 et le recours excessif à la planche à billet durant cette époque, les prix de plusieurs produits notamment issus de l’importation ont explosé. Cette situation s’est dégradée davantage durant la période de la pandémie « Covid-19».

Des pans entiers de l’économie nationale étaient à l’arrêt, et des centaines milliers de personnes avaient perdu leur emploi. Des mesures courageuses ont été prises par le gouvernement, sous la conduite du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour la sauvegarde du tissu industriel du pays et la préservation des emplois.

En somme, la conjoncture n’était pas favorable au mariage pour de nombreux de jeunes. La situation pourrait s’améliorer durant les prochaines années, notamment avec le nouveau plan de développement en cours d’exécution, dont des milliers de projets d’investissement sont enregistrés au niveau de l’Agence algérienne de la promotion de l’investissement (AAPI), avec l’objectif de création de centaines de milliers d’emplois.

Ceci pourrait être un indicateur positif de l’augmentation potentielle de la natalité dans les prochaines années. Dans ses prévisions, l’ONS prévoit une stagnation du nombre de natalité aux niveaux actuels (moins d’un million de nouveaux nés).

Par ce fait, le nombre de la population algérienne est passé de 46,3 millions d’habitants au 1er Juillet 2023 à 46,7 Millions d’habitants au 1er Janvier 2024, avec prévision d’atteindre 47,4 millions d’habitants en janvier 2025. Outre le recul du taux de Nuptialité durant cette période 2020 à 2023, le phénomène du divorce prend de l’ampleur. Pas moins de 93 402 ruptures d’unions ont été enregistrées par les services du Ministère de la Justice.

« Le taux brut de divortialité, exprimé par le rapport entre le nombre de divorces et la population moyenne de l’année est passé de 1,52‰ à 2,02‰ entre 2019 et 2023. D’autre part, le taux de divorce, qui est défini en tant que rapport entre l’effectif des divorces et celui des mariages contractés durant la même année, connait une augmentation plus franche au cours de la même période, passant de 20,9% à 33,5%», indique la même source.

Ces changements structurels au sein de la société algérienne ont eu un impact négatif sur le développement démographique, qui reste un indicateur clé dans la poursuite de la croissance économique du pays.

A. R.

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