Les sociétés spécialisées dans les Technologies de l’information et de la communication (TIC), et services numériques sont au bord de la faillite. L’interdiction par l’Etat de l’importation de solutions informatiques et autres matériels indispensables aux acteurs du numérique a pénalisé ces entreprises.
Akrem R
D’ailleurs, selon le vice président de la Confédération patronale, CAPC, et président du syndicat national du numérique, Souheil Guessoum, «si l’Etat ne revient pas sur cette décision, un bon nombre de sociétés activant dans ce domaine de prestation risque, tout simplement de disparaitre». En effet, la situation est, pour les concernés, d’autant plus troublante, que la décision des pouvoirs publics contredit, à leur sens, les ambitions de notre pays qui veut amorcer sa transition numérique, en s’inscrivant dans l’échelle de valeur ajoutée de l’économie du savoir et de la connaissance.
S’exprimant en marge de la 3ème édition des débats de la CAPC placée sous le thème : «Signature numérique : Enjeux et opportunités en Algérie», M. Guessoum a affirmé que «certes, des avancées ont été enregistrées en matière de règlements et encadrement juridique pour le développement et la généralisation de la numérisation dans le pays, mais, nous avons en parallèle, reculé de plusieurs pas en arrière. La raison : le gouvernement a interdit l’importation de solutions et autres produits (des logiciels, des antivirus, des Enterprise Resource Planning «ERP») nécessaires à la digitalisation de l’étranger !». Ceci, regrette-t-il, «nous mène vers le recours au piratage et l’utilisation des logiciels contrefaits ce qui fera qu’on sera exposé aux multiples dangers que cela entraine, tout en mettant en danger l’entreprise algérienne, notamment, durant cette période où l’Algérie fait face à une campagne de cybercriminalité la plus acharnée». D’après les résultats de l’étude menée en 2011 par la Business Software Alliance (BSA), concernant le piratage mondial des logiciels, le taux de piratage de logiciels informatiques en Algérie serait de 84%, soit, une perte financière estimée à 83 millions de dollars. Ainsi, sur 100 programmes installés par les utilisateurs, 84% l’auraient été sans aucune licence. Au delà des pertes financières pour les fabricants de logiciels, les utilisateurs également sont exposés à des risques potentiels à travers l’utilisation de ces logiciels contrefaits. Le rapport de l’International Data Center, indique qu’un ordinateur domestique sur trois est infecté, de même que trois ordinateurs professionnels sur 10.
Le président du syndicat du numérique interpelle, par conséquent, le ministre du Commerce, le Premier ministre et, également, le président de la République, en l’occurrence, Abdelmadjid Tebboune, afin d’intervenir dans les meilleurs délais, en mettant fin cette réglementation qui nuit fortement à l’économie nationale. Pour cet intervenant, sans du matériel informatiques et des logiciels adéquats, «on ne peut pas innover et proposer des solutions «made in algeria» dans le domaine du numérique». Dans ce cadre, un chef d’entreprise, présent à ce rendez-vous, s’est interrogé sur «la libération de l’importation de certains produits alimentaires à l’instar des bananes et pomme de terre, et l’interdiction de l’importation de services informatiques. C’est inadmissible!», a-t-il estimé.
Ali Morsli. Directeur général de « ICOSNET »: « La signature électronique s’impose»
Le directeur général de « ICOSNET», Ali Morsli, a indiqué que les mutations qui s’opèrent dans le monde du numérique notamment, imposent à l’Algérie d’aller vers la signature et la certification électroniques.
«Nous sommes dans une économie nouvelle et du savoir, où de nouveaux paradigmes sont en train de s‘instaurer, dont la plupart de nos communication et échanges qui se font en numérique. Aujourd’hui, ce sont les machines, de plus en plus, qui communiquent d’une manière numérique. Elles ont besoin d’une identité qui reflète l’utilisateur. Ce n’est pas un choix: la signature électronique s’impose. Elle est l’identité numérique du futur», a expliqué, dans une déclaration en marge de la 3ème édition des débats de la CAPC consacrée à un thème d’actualité : «Signature numérique : Enjeux et opportunités en Algérie ».
L’intervenant a fait savoir que les autorités gouvernementales sont fin prêtes, notamment en matière du cadre réglementaire et, également, technique. Un cahier des charges sera d’ailleurs publié, incessamment, permettant à des sociétés d’entamer la commercialisation et la distribution de ces produits de la signature et certification électronique, a annoncé, Touchane Samia, directrice de l’authentification à l’autorité nationale de la certification électronique (ANCE). Ces sociétés vont créer un marché pour les entreprises économique d’abord, avant de proposer ces produits au grand public.
Pour sa part, Fawzi Banali Abdellah, un responsable à l’ANCE a fait savoir que l’entrée en service de ce genre de service permettra à l’Algérie de gagner une cinquantaine de places dans le classement Doing Business, selon une étude réalisée par le CNSE. Il a précisé que la signature et la certification électroniques, garantira plus de transparence, de sécurité, de précisions et des gains en temps économiques. « C’est avec la certification électronique qu’on va automatiser notre système d’information», conclut-t-il.
A. R.