Le nouveau rôle de l’Algérie dans le marché européen de l’énergie à l’ombre du nouveau contexte qu’impose la guerre en Ukraine suscite de plus en plus l’intérêt, non seulement des milieux boursiers et économiques, mais aussi des sphères médiatiques internationales.
Par Mohamed Naïli
Ainsi, après les médias européens dans leur diversité qui suivent de très près l’évolution des relations algéro-européennes dans le domaine énergétique, c’est le quotidien américain The Washington Post qui est revenu dans son édition du week-end dernier sur les transformations des relations entre l’Algérie et ses partenaires de la rive nord de la Méditerranée dans le domaine gazier.
Dans son analyse, le quotidien outre-Atlantique revient sur la visite effectuée en avril dernier par le premier ministre italien à Alger et l’accord signé entre les deux pays portant sur l’augmentation des approvisionnements de la péninsule européenne par le gaz algérien à hauteur de 40%.
Soulignant que « l’Algérie a depuis longtemps été au centre des enjeux du marché mondial du gaz et pétrole », le journal américain rappelle que l’Europe peut désormais s’appuyer davantage sur le gaz algérien pour réduire sa dépendance de la Russie dans le domaine énergétique. « L’Algérie exporte déjà du gaz vers l’Europe bien qu’avant que la guerre n’éclate [en Ukraine, ndlr], envoyé par pipelines vers l’Italie et l’Espagne », note le Washington Post tout en relevant que l’éclatement du conflit armé entre les deux pays d’Europe de l’est « crée de nouvelles opportunités pour l’Algérie et les autres pays africains » disposants de réserves en gaz.
Au moment où Vladimir Poutine a déjà mis à exécution ses menaces de fermer les vannes du gaz russe à la Pologne et la Bulgarie, pour le Washington Post, « l’Italie peut se tourner vers l’Algérie, la Bulgarie peut se tourner vers la Grèce et la Pologne peut se tourner vers une expansion (…) d’un terminal pour le GNL ou [s’appuyer sur] un pipeline depuis la Norvège ».
Outre l’approvisionnement des pays européens en gaz via les pipelines reliant l’Espagne et l’Italie aux champs gaziers du Sahara algérien, le Washington Post met en exergue également les capacités de l’Algérie en matière de liquéfaction pour l’exportation du GNL.
40% des importations espagnoles
Pour appuyer ses arguments sur les mutations du marché régional de l’énergie, le rédacteur de l’article, intitulé « les menaces russes redessinent la carte énergétique mondiale », a donné la parole à l’expert en énergie pour l’Afrique au Breakthrough Institute de Californie, Vijaya Ramachandran, selon lequel, malgré leurs capacités importantes à approvisionner l’Europe, l’Algérie et autres pays africains jouissant de réserves en gaz ont jusqu’ici eu un rôle réduit dans le marché régional du fait que les pays européens préféraient le gaz russe en raison de ses avantages en matière de coûts de transports, mais depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine, les européens ont décidé de revoir leurs choix.
Par ailleurs, l’analyse du journal américain mettant en valeur le nouveau rôle que pourrait jouer l’Algérie sur le marché européen du gaz, intervient quelques jours seulement après un articule du quotidien français Le Figaro selon lequel « l’Algérie menace de rompre son contrat de gaz avec l’Espagne ».
Le quotidien hexagonal proche des milieux de la droite revient dans cet article sur les déclarations du ministre de l’énergie la semaine dernière n’écartant pas l’éventualité de « rompre le contrat de fourniture de gaz à l’Espagne si cette dernière venait à l’acheminer vers une destination tierce », allusion faite aux déclarations d’officiels espagnols projetant de transférer une partie du gaz importé par Madrid pour l’approvisionnement du Maroc en utilisant le gazoduc GME dans le sens inverse. Une initiative madrilène qui semble susciter le mécontentement d’Alger. Le quotidien français rappelle toutefois que « le géant algérien des hydrocarbures Sonatrach a fourni en 2021 plus de 40% du gaz naturel importé par l’Espagne ».
M. N.