Le secteur de la construction automobile perçoit-il une lueur d’espoir pour la reprise de ses activités ? La question mériterait d’être posée si l’on en croit, Adel Bensaci président du Conseil National Consultatif de la Petite et la Moyenne Entreprise (Cncpme), «certains constructeurs automobiles ont reçu l’autorisation de relancer leurs lignes de montage à l’arrêt depuis plus d’une année en raison de l’annulation le régime préférentiel pour l’importation des lots SKD/CKD». Retour sur un « fameux » dossier économique du pays…
Par Réda Hadi
Intervenant sur les ondes de la chaîne 3, Adel Bensaci a porté un œil critique sur la situation de la construction automobile dans notre pays, qui reçoit comme d’autres secteurs, de plein fouet les conséquences de la pandémie. Il faut dire surtout que ce secteur connaissait, bien avant mars 2020, un climat peu serein, et 51000 emplois perdus ne peuvent pas rassurer les investisseurs.
Cette annonce de reprise de certaines chaines de montage, peut-elle, pour autant, faire taire la polémique autour des «anomalies» du secteur de la construction mécanique dans notre pays ? Le président du Cncpme se pose toujours la question, d’ailleurs, de savoir si les emplois créés dans ce secteur nous sont revenus chers et est-ce qu’il faudrait les conserver ou alors diversifier ce secteur et tout recommencer ? La question reste posée.
Pour lui, «le processus tel qu’il est mené actuellement, notamment, la création des commissions pour le traitement des dossiers des nouveaux investisseurs dans le secteur de la construction automobile, a déjà été enclenché. La logique voudrait que dans cette continuité, on aille vers l’aboutissement du traitement de ces dossiers».
Retour en arrière
Pour bien comprendre le marasme dans lequel ce secteur s’est embourbé, il faut savoir que ce sont des abus, des malversations et faits de corruption qui sont à l’origine du fiasco des usines «made in algérie». L’industrie automobile y a vu le jour en 2012 à la faveur d’un partenariat qui a débouché en 2014 sur la construction de la première usine de production de voitures, à Oued Tlelat près d’Oran.
Par la suite, d’autres ateliers de montage ont été créés lorsque les autorités ont contraint les concessionnaires automobiles à produire localement, via des partenariats avec des marques étrangères.
Après Renault, le Sud-coréen Hyundai et l’Allemand Volkswagen, ont ouvert en 2016 et 2017, leurs usines à Tiaret et Relizane.
Cette filière était devenue une priorité pour l’Algérie qui cherchait à réduire ses importations et diversifier son économie face à la chute des revenus pétroliers, source de plus de 90% de devises.
Mais dès le printemps 2017, le secteur s’est retrouvé au cœur de la controverse.
Les pouvoirs publics ont dénoncé des « importations déguisées » et dépêché une commission d’enquête chez Hyundai après la diffusion d’images sur les réseaux sociaux de modèles importés quasi complets, sur lesquels ne restait qu’à monter les roues.
Fin juillet 2017, l’ex-ministre de l’Industrie, Mahdjoub Bedda, aujourd’hui en prison pour son rôle dans ce dossier, a suspendu tout nouveau projet de montage automobile.
Ce fiasco est dû principalement au SKD (semi knocked down), qui consiste à importer un véhicule en kits prémontés, simplement rivetés ou boulonnés sur place. Ce système a ouvert la voie à des abus tels des importations «déguisées», des transferts illicites d’argent à l’étranger ou des surfacturations pour gonfler les prix de revient des véhicules «montés».
En décembre 2019, Volkswagen a suspendu sine die sa production faute de pièces et mis au chômage technique 700 salariés.
En mai 2020, c’est la filiale algérienne du sud-coréen Kia qui a fermé sa chaîne de montage, jetant au chômage 1200 employés.
Avec la pandémie, la situation s’est aggravée au point ou ce sont des milliers d’emplois qui ont été directement ou indirectement liés à ce secteur, qui ont été perdus.
Relance de certaines chaines production
D’où la pertinence de la question : est-ce possible de remédier à un tel marasme à travers la relance de chaines de production ? Pour Adel Bensaci, en tout cas, si ce n’est pas la solution miracle, elle mérite d’être exploitée. «Je pense que c’est une démarche qui est intéressante, il faut continuer mais il faut surtout accélérer le processus, parce que, 150 000 emplois directs ça représente au moins le double voire le triple en emplois indirects, que ce soit pour l’industrie mécanique, métallurgique et plastique », a-t-il estimé.
Et de continuer : « Si on veut récupérer ces emplois-là, il faut redémarrer au plus vite. Un redémarrage, comme les infrastructures et les compétences existent, pourrait rapidement prendre effet d’ici les six prochains mois. Et c’est un bon chiffre ».
Pour le moment, le secteur de l’automobile en Algérie est dans le flou total et sans visibilité. Ni importations ni production locale. Près d’un mois après sa nomination, le nouveau ministre de l’Industrie, Mohamed Bacha, n’a pas encore communiqué sur le dossier de l’automobile.
Le secteur de la construction automobile, va-t-il renaitre de ses cendres ? Les mois à venir nous le dirons.
R. H.







