L’agence d’Alger de la caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés (CNAS) organise, depuis hier, et jusqu’à demain, des journées portes ouvertes axées sur la sécurité et la prévention des risques professionnels. Cet événement, placé sous le thème « Ensemble, travaillons pour un chantier plus sûr », rappelle que, si les lois existent, leur application rigoureuse par le biais de contrôles renforcés reste un défi à relever pour assurer la sécurité des travailleurs.
Ces journées visent à sensibiliser les employeurs et les travailleurs sur l’importance de respecter les normes de sécurité existantes dans les entreprises du bâtiment et des travaux publics.
L’objectif n’est pas seulement de promouvoir une culture de prévention, mais aussi, de faire comprendre que l’impact réel de ces mesures dépend de la rigueur dans leur application, notamment par des contrôles renforcés.
Des experts au cœur de la sensibilisation et de l’application des lois
Experts en santé et sécurité, médecins du travail et inspecteurs de la CNAS rappellent que, bien que des lois aient été adoptées depuis 2005 pour encadrer davantage la sécurité au travail, leur mise en œuvre reste insuffisante sur les chantiers.
M. Madour Malek, inspecteur principal de la CNAS, souligne que l’arsenal législatif algérien répond aux recommandations internationales mais que le défi repose sur une surveillance accrue pour que les entreprises respectent ces réglementations.
Un secteur en pleine croissance
Avec plus de 1,9 million de travailleurs dans le secteur du bâtiment, représentant 17 % de la main-d’œuvre nationale, et face à des projets de grande envergure pour les cinq prochaines années, la CNAS insiste sur l’importance d’intensifier les contrôles.
M. Ben Dib Mohamed, inspecteur régional du travail, a particulièrement pointé du doigt les manquements observés dans les petites entreprises, où les mesures de sécurité sont souvent négligées. Mme Hamed Zoubida, chef d’unité à l’OPREBATH, rappelle, quant à elle, que, malgré l’obligation d’un plan HSE (hygiène, sécurité et environnement) depuis 2008, de nombreux employeurs ne respectent pas cette exigence légale, soulignant ainsi le besoin de contrôles plus stricts.
Dangers de l’amiante et mesures préventives
Le docteur Béribéri Samia, experte en médecine du travail, a attiré l’attention sur les dangers de l’amiante pour les travailleurs de chantier.
Elle appelle à une réglementation plus spécifique et à un suivi strict des normes de sécurité pour réduire les risques sanitaires. En l’absence de contrôles réguliers, ces lois, bien que nécessaires, peinent à protéger efficacement les travailleurs exposés.
Elle préconise la création de laboratoires spécialisés dans l’analyse et la quantification des fibres d’amiante, ainsi qu’un suivi médical accru pour tous les travailleurs ayant été exposés, surtout après leur départ à la retraite.
L’importance de la santé mentale au travail
Enfin, le docteur Farah Oussama, maître assistant en psychiatrie, a mis en avant l’importance de contrôler les risques liés aux substances psychotropes dans les entreprises, préconisant des programmes de prévention adaptés mis en place avec la collaboration d’experts et d’organismes spécialisés, ainsi qu’un environnement de travail sain.
Ces journées de sensibilisation organisées par la CNAS soulignent l’importance d’un engagement collectif en faveur de la sécurité au travail.
Elles encouragent des contrôles renforcés pour garantir le respect des lois existantes, tout en mettant en avant les efforts déjà réalisés.
Grâce à une législation solide, les entreprises ont l’opportunité d’améliorer significativement la sécurité et les conditions de travail sur les chantiers.
En intégrant une surveillance proactive et en favorisant une culture de la prévention, nous pouvons construire un avenir où chaque travailleur évolue dans un environnement sûr et sain.
H. M