La sécurité énergétique est l’une des préoccupations majeures de l’Algérie. Notre pays est, en effet, confronté à de nombreux défis et à de grands enjeux concernant sa sécurité énergétique. Il s’agit, en effet, de réduire le poids énorme de la rente pétrolière sur l’économie algérienne, d’accélérer la mise en œuvre du programme des Energies renouvelables et d’assurer un développement durable permettant de faire face aux impacts des changements climatiques.
Par Akrem R.
C’est, du moins, ce que l’ancien ministre de l’Energie et ancien PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, a mis en avant, lors de la présentation d’une étude sur la sécurité énergétique, hier, à Alger.
L’orateur qui est intervenu lors d’une rencontre organisée par la CAPC, consacrée à la présentation d’une étude placée sous le thème : « Les enjeux énergétique du 3ème millénaire et les défis de la sécurité énergétique de l’Algérie», a estimé nécessaire de procéder et en urgence, à un arbitrage aujourd’hui, entre cette rente pétrolière qui demeure encore nécessaire pour plusieurs années, et la mise en œuvre d’une transition énergétique au même titre que ce qui se passe dans le monde entier pour assurer sa sécurité énergétique à long terme.
«Ces défis ne peuvent être relevés qu’avec des politiques et des stratégies tirés de l’analyse en continu des bilans et des performances des systèmes de production énergétique, dans l’objectif de mettre en œuvre et d’adapter, aussi en continu, un modèle de consommation à travers toutes les ressources énergétiques disponibles», dira-t-il.
Projections
Une simple projection basée sur les réserves d’hydrocarbures restantes dans le sous-sol, ainsi que celles en cours de développement ou pouvant l’être à moyen terme (réserves probables et possibles), permet de prévoir, jusqu’en 2028, le même niveau de production actuel, avec même une possibilité de légère augmentation grâce aux projets de développement actuels, et par conséquent, le maintien des volumes d’exportation ainsi que la satisfaction des besoins de consommation énergétique nationale.
«On peut même envisager que cette échéance se prolongera jusqu’en 2030 ou 2035 en se basant sur l’hypothèse de la possibilité de développement de réserves à découvrir au cours de la prochaine décennie, mais qui seront certainement de plus en plus modestes pour des raisons tout à fait naturelles, basées sur la maturité du domaine minier algérien», affirme-t-il.
Mais au-delà de 2030, et si aucune mesure n’est prise, notamment, en matière de modèle de consommation énergétique, il est très peu probable que la production d’hydrocarbures conventionnels puisse satisfaire en même temps les besoins de consommation interne, et le même niveau absolu de rente financière, alerte-t-il.
Seule l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels dont les réserves sont énormes, arrivera à ralentir le déclin de la production conventionnelle au-delà de 2030, et peut être plus tard aussi, en fonction des progrès technologiques futurs. On peut donc conclure, indique-t-il, que les prévisions d’exportations nécessitées par le besoin de rente pour assurer le développement économique, et les prévisions de consommation interne, laissent prévoir une baisse probable de la rente a compter de 2028 en l’absence de nouvelles découvertes conventionnelles, et d’une éventuelle exploitation des hydrocarbures non conventionnels entre 2028 et 2030.
La nécessité d’une nouvelle politique énergétique
Pour sortir de cette dépendance de la rente des hydrocarbures au-delà de 2030, et assurer sa sécurité énergétique à long terme, il faudra engager un changement de cap immédiat de la politique énergétique algérienne à travers une double transition économique et énergétique pour, d’une part, remplacer la rente par de nouvelles richesses (industrie, agriculture et services). Et d’autre part, se préparer à assurer sa sécurité énergétique à travers des stratégies destinées à « rationaliser la consommation énergétique intérieure ; assurer en priorité pour les besoins de consommation intérieure de façon transitoire, la disponibilité et la prolongation de la durée d’exploitation des ressources non renouvelables (concept de réserves stratégiques en hydrocarbures conventionnels ou non conventionnels à définir) et accélérer l’introduction progressive de nouvelles ressources dites renouvelables».
En somme, l’Algérie est appelée à adopter un nouveau modèle de consommation énergétique ciblé caractérisé par des ressources disponibles de façon pérenne dites renouvelables ; une diminution du niveau de consommation à travers l’efficacité énergétique (« sobriété ») ; une mobilité dont la ressource sera de plus en plus électrique et l’élimination des incidences négatives sur l’environnement.
Ce nouveau modèle de consommation énergétique devra être orienté de plus en plus vers les énergies renouvelables ainsi que l’économie d’énergie. Il ne suffit pas, non plus, de le dire ou de l’inscrire dans une stratégie ou un programme pour le réussir, car il faudra associer beaucoup d’acteurs à tous les niveaux, sensibiliser la société algérienne sur ces défis qui ne concernent pas seulement le secteur de l’énergie.
Sa réussite nécessitera beaucoup d’investissements et l’ouverture à tous les investisseurs nationaux, notamment, dans le domaine des PME-PMI.
Il faut reconnaitre qu’il y a, en ce moment, des signes positifs à travers des engagements récents du gouvernement, notamment, en matière d’encouragement de la production industrielle et agricole d’une part, et de mise en œuvre d’un programme de transition vers un nouveau modèle de consommation énergétique, à travers le lancement entre autres du programme de réalisation de 15.000 MW en ENR à l’horizon 2035. Mais cela demeure insuffisant.
Pour sa part, Sami Agli, président de la CAPC a indiqué que « nous devons travailler ensemble et en synergie pour canaliser toutes les énergies et les mettre au service du développement et de la souveraineté de notre économie».