Sécurité alimentaire : Le «salut» vient du Sud

Produits alimentaire

Photo : D. R.

Après avoir été longtemps synonyme de la rente pétrolière ou juste de la datte lorsque sa vocation agricole est évoquée, le Sahara est en voie de devenir le futur grenier, pas seulement à blé, de l’Algérie. 

Contribuant déjà depuis plusieurs années à approvisionner une grande partie du marché en produits frais et hors-saison, issus des cultures sous serres, les vastes étendues du grand sud sont désormais dédiées au développement d’un tout nouveau modèle agricole à caractère industriel. Blé, maïs, soja et autres cultures fourragères destinées à l’alimentation animale, l’agriculture intensive en terres sahariennes, tel qu’elle se met en place actuellement dans le sillage de la feuille de route du ministère de tutelle, est appelée à faire sortir l’Algérie de sa forte dépense des marchés mondiaux des intrants et matières premières agricoles, avec une facture moyenne qui dépasse la barre des 10 milliards de dollars annuellement.

Toutefois, le challenge de ce nouveau modèle auquel vient d’opter le secteur agricole n’est pas gagné d’avance. La maîtrise de la technicité, le choix d’équipements et matériels adaptés et surtout la protection et l’exploitation rationnelle des ressources naturelles, notamment les eaux souterraines, sont les principaux défis à surmonter pour gagner cette bataille d’agriculture industrielle dans le Sahara.

Un portefeuille foncier dédié à l’agriculture industrielle

Inscrite au registre des projections des autorités sectorielles depuis de longues années, l’agriculture intensive à caractère industriel dans le grand sud est devenue une réalité depuis 2021. Le début de concrétisation de cette nouvelle option a été marqué par la création de l’ODAS (Office de développement de l’agriculture industrielle en terres sahariennes). Telle que définie dans le décret exécutif N° 20-265 du 22 septembre 2020 portant sa création, l’Office en question se décline comme une institution ayant pour mission principale « la facilitation et la promotion de l’investissement agricole et agro-industriel par la mise en valeur des terres sahariennes, l’accompagnement des porteurs de projets intégrés, la coordination entre les différentes administrations en lien avec l’investissement agricole et la lutte contre les contraintes bureaucratiques ». En conséquence, pour plus d’efficacité de son action, l’ODAS est conçu sous forme d’un guichet unique, servant d’interlocuteur exclusif pour les investisseurs potentiels où sont centralisées toutes les démarches administratives nécessaires pour le montage des projets d’investissement. 

En outre, dans le souci de prévenir tout éventuel chevauchement de prérogatives avec l’ONTA (Office national des terres agricoles), le ministère de tutelle a séparé distinctement les périmètres de mise en valeur dont la gestion est confiée à l’ODAS, à savoir ceux destinés à la création de projets d’agriculture intensive (la grande exploitation), et les autres terres destinées à la création de petites et moyennes exploitations, dont la gestion est confiée à l’ONTA.

Des exploitations de taille moyenne de 100 hectares

Cette nouvelle approche dans la gestion administrative de l’investissement agricole reflète ainsi l’intérêt nourri désormais pour l’agriculture saharienne appelée à donner une dimension industrielle aux cultures stratégiques, qui sont les céréales destinées tant à la consommation humaine (blé dur et tendre) qu’à la fabrication d’aliments de bétail et de volaille (maïs, orge, soja, etc.).

En termes d’attribution de terres dans le cadre de la mise en valeur par la concession dans les régions sahariennes, le ministère de l’Agriculture et du développement rural a fait état de 136 000 hectares qui sont d’ores et déjà identifiés et attendent des investisseurs potentiels. Pour ce qui est de l’intérêt manifesté par ces derniers, jusqu’au mois de février dernier, la tutelle a recensé 451 dossiers d’investissement déposés auprès de l’ODAS, dont 138 ont été retenus après examen pour des investissements sur une superficie de plus de 14 000 ha, soit des exploitations de taille moyenne de plus de 100 ha chacune.

Toutefois, pour éviter les mauvaises expériences du passé consistant à accorder des terres à des projets fantômes qui ne se réalisent jamais, des garde-fous sont décidément mis en place pour identifier tout éventuel « faux investisseur ». Selon le ministère de tutelle, les opérations du contrôle sur le portefeuille foncier attribué dans le passé ont d’ailleurs permis la récupération de pas moins de 750 000 ha jusqu’à la fin 2021, dont 600 000 ha attribués dans le cadre de la concession et 150 000 dans le cadre de la loi 83-18 relative à l’accession à la propriété foncière par la mise en valeur.

Ainsi, tout en mobilisant une batterie de mesures pour accompagner et faciliter l’investissement agricole à caractère industriel dans le grand sud, les investisseurs, de leur côté, sont soumis à un cahier des charges auquel ils sont appelés à se soumettre.

M. N.

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