S’il est vital de parvenir à une sécurité alimentaire en Algérie, les voies et les moyens font débat. Pour des experts du secteur agro-alimentaire, l’Algérie doit miser sur le développement des filières stratégiques. Pour cela, il s’agit d’atteindre un équlibre entre l’offre et la demande, dans le respect des normes environnementales.
Par Reda Hadi
S’exprimant lors d’une journée d’étude sur la sécurité alimentaire, tenue au siège l’Institut national d’études de stratégie globales (INESG), des experts agronomes ont affirmé que la réalisation d’une sécurité alimentaire passait, nécessairement, par l’instauration d’un équilibre entre l’approvisionnement extérieur et l’offre nationale qui devrait atteindre une autosuffisance dans les filières prioritaires. Le blé est, par conséquent, le pivot de cette bataille, mais pas que, car, en plus de savoir le produire, il y a tout un enironnement à mettre en place, des techniques à appliquer, et, surtout, réhabiliter le système d’information et de statistiques agricoles afin d’établir des stratégies de gestion des stocks efficaces, en limitant aussi, les importations inutiles qui alourdissent la facture alimentaire.
M. Radja Ahmed, ingenieur agronome et consultant à la FAO, explique que «la sécurité alimentaire de l’Algérie est en grande partie dépendante de deux paramètres: les finances publiques et le marché mondial des produits alimentaires. L’importance du rôle de l’État dans la formation des prix des denrées alimentaires, et donc leur accessibilité, et dans l’approvisionnement des marchés en produits alimentaires importés, met en effet les finances publiques au centre des enjeux sur la sécurité alimentaire. De plus, produire plus, ne signifie pas produire mieux. Il y a, donc, nécessité d ‘élaborer une vraie stratégie».
Le blé, principale source de calories
Pour cet expert, la demande n’a cessé de croître, tirée par une croissance démographique toujours importante et un pouvoir d’achat alimentaire dopé par ces prix bas, notamment, pour les produits de base (blé, lait, sucre et huile végétale), largement subventionnés. La ration alimentaire journalière moyenne par habitant est passée de 1577 kilocalories, au début des années 1960, à 3349 actuellement. Et de preciser; « Les blés sont la principale source de calories et de protéines dans le régime alimentaire des Algériens, ils contribuent à hauteur de 43% du total des calories consommées et 46% des protéines.
Les experts de la journée d’étude sur la sécurité alimentaire, estiment que tout doit être planifié, mais péeviennent contre une agriculture saharienne massive, car cette option risque d’avoir des conséquences lourdes sur l’environnement, notamment, la pollution des sols et l’épuisement des ressources hydriques, et préconisent aussi un changement de notre mode de conommation.
Par ailleurs, ces memes experts, demandent à ne pas se focaliser sur l’agriculture « conventionnelle », mais dévelloper, aussi, d’autres formes d’agriculture, telle que familiale, de montagne…
En cela, M. Radja rejoint ces experts jugeant que la sécurité alimentaire est un domaine multisectoriel impliquant tous les secteurs, notamment, les autorités locales qui devraient encourager l’agriculture familiale paysanne et rétablir les territoires agricoles ruraux, ainsi que valoriser les ressources locales.
Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Notre pays est toujours tributaire, en grande partie, des importations pour nourrir sa population. Mais les spécialistes estiment qu’avec une volonté politique et une planification judicieuse, notre pain ne sera plus tributaire des terres française, canadienne ou ukrainienne…
R. H.