Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé, hier à Alger, que l’Algérie a fait de la sécurité alimentaire un enjeu stratégique, un défi qu’il «nous faut impérativement relever dans un monde où l’arme alimentaire est devenue l’une des armes les plus puissantes et les plus influentes».
Par Akrem R.
Après avoir félicité tous les agricultures à l’occasion de la célébration du 50 e anniversaire de la création de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), le Chef de l’Etat a mis en avant les efforts du gouvernement pour renforcer l’autosuffisance alimentaire du pays et soutenir les agricultures dans leurs activités.
En effet, des mesures et des décisions importantes ont été prises, dira le Président Tebboune, que «nous poursuivons constamment dans leur mise en œuvre sur le terrain».
Parmi celles-ci, il a cité à titre d’exemple : L’augmentation du niveau de soutien de certaines matières de base, telles que l’augmentation du prix d’achat des céréales et des légumineuses auprès des agriculteurs ; l’augmentation du taux de soutien des engrais à 50 % de leur prix de référence, afin d’atténuer les effets de la hausse des prix sur les marchés internationaux et le raccordement de dizaines de milliers de fermes agricoles et de zones agricoles au réseau d’électricité.
«L’objectif de la prise de ces décisions et mesures était d’accompagner et de soutenir les agriculteurs, ainsi que d’ouvrir la voie à la nouvelle génération d’ingénieurs agronomes à travers les petites et nouvelles entreprises, sur lesquelles nous comptons pour opérer la transformation vers la modernisation du secteur agricole, et réaliser l’autosuffisance dans les cultures stratégiques à court terme, notamment le blé dur, le maïs jaune et l’orge», précise le Président Tebboune. Cet accompagnement de l’Etat porte ses fruits.
37 milliards de dollars de production en 2024
D’ailleurs, l’agriculture a réalisé cette année une production d’une valeur de 37 milliards de dollars, «ce qui augure bien et confirme la justesse de la politique de notre pays pour se libérer de la dépendance aux hydrocarbures».
Sur ce point, le chef de l’État a été catégorique : «Vendre des hydrocarbures pour importer de la nourriture est une politique erronée. Nous devons produire ce que nous consommons».
Pour le Président Tebboune, il n’y a pas d’alternative à l’agriculture pour équilibrer nos revenus issus principalement des hydrocarbures, dont la consommation interne est en forte croissance.
La croissance démographique, avec un nombre d’habitants qui passera bientôt à 55 millions, ainsi que le transfert de milliers de familles vers de nouveaux logements, va accentuer la consommation d’énergie, d’où la nécessité de diversifier notre économie, à travers l’agriculture et l’industrie. «Nous devons impérativement nous préparer à cette croissance démographique par la production et en comptant sur nous-mêmes», souligne-t-il, affirmant que l’agriculture
représente 15 % du PIB, tandis que l’industrie ne pèse encore que 5%, «un grand merci aux agriculteurs». Et d’ajouter : « Le secteur agricole et industriel doivent avancer en parallèle».
Devant les membres du gouvernement et les paysans, Tebboune a souligné l’importance de s’orienter vers la modernisation, ainsi que l’exploitation des technologies modernes afin de promouvoir l’agriculture et le monde rural.
Cela passe, dira-t-il, également, par le développement des énormes capacités agricoles de notre pays et l’amélioration des niveaux de production, «car nous croyons fermement en la nécessité d’établir progressivement des alternatives durables, garantissant à l’Algérie de réduire sa dépendance aux recettes pétrolières».
Il a également rappelé son engagement pour l’augmentation des superficies irriguées d’un millions d’hectares, en particulier dans notre région du Sud, d’ici 2027 et qu’un grand plan de récupération des eaux usées traitées à un taux d’au moins 30 %, a été mis en place.
Le dossier du foncier agricole sera définitivement clos en 2025
«L’objectif de cette initiative est d’étendre les surfaces dédiées à la production des cultures stratégiques, telles que le blé dur, le maïs jaune et les plantes oléagineuses. Le domaine est ouvert aux investisseurs nationaux et étrangers pour s’engager dans cette démarche et bénéficier des facilités mises en place pour concrétiser leurs projets», affirme le président de la république, qui ordonné au gouvernement d’en finir définitivement avec la question de la propriété foncière agricole avant la fin de 2025.
«Le foncier agricole est un problème hérité depuis l’indépendance, mais nous nous attèlerons à clore définitivement ce dossier en 2025», a-t-il dit, appelant le Premier ministre, le ministre des Finances et tous les membres du Gouvernement à travailler avec les agriculteurs pour trouver une solution à ce dossier ainsi que «les cadres juridiques devant définir et protéger la propriété foncière».
«J’ordonne au gouvernement de travailler sur ce dossier avec l’Union nationale des paysans et que la terre appartient à celui qui la cultive. Ainsi, le ministère de l’Agriculture ne doit pas prendre toutes les décisions pour le secteur, et nous chercherons les solutions administratives adéquates. Nous soutenons les fédérations des agriculteurs, et ils doivent proposer des solutions», souligne-t-il, en précisant qu’il ne sert à rien d’avoir une agriculture centralisée, ni une gestion efficace sans l’initiative des agriculteurs.
Sur un autre registre, le Président a ordonné aux banques d’ouvrir des crédits en faveur des agriculteurs pour la construction de chambres froides et de stockage des produits agricoles, afin de garantir la stabilité du marché et lutter contre la spéculation.
Evoquant la filière des viandes rouges, le Président Tebboune a souligné la nécessité de stabiliser le marché du bétail afin d’éviter la hausse des prix de la viande rouge.
« Nous devons être honnêtes les uns avec les autres. Au lieu d’importer des moutons pour l’Aïd, nous devons trouver une solution au problème de la hausse des prix de la viande rouge et à la stabilité du marché du bé- tail. Je n’accuse pas les éleveurs de spéculation, mais nous devons trouver des solutions en commençant par la filière alimentation du bétail. Nous devons tous être les gardiens de nos frontières, pour protéger notre sécurité alimentaire», souligne-t-il, indiquant que «nous sommes à un tournant pour réaliser l’autosuffisance alimentaire, mais nous sommes en lutte contre le temps».
Appel à la mobilisation
Le président de la République a, par ailleurs, souligné la nécessité «de fournir des données réelles» dans le secteur de l’agriculture, de poursuivre la modernisation de ce secteur vital, en «assurant une production nationale dans les industries de transformation qui honore le pays, et en évitant d’exporter les produits agricoles bruts».
Après avoir exprimé sa fierté pour les réalisations accomplies dans ce secteur vital, le président de la République a affirmé que les agriculteurs «sont capables d’atteindre les objectifs escomptés en matière d’autosuffisance et de sécurité alimentaire».
Et de conclure : «Je les invite, à l’occasion de ce 50e anniversaire de l’Union nationale des paysans algériens, ainsi que les éleveurs, les exploitants et tous les acteurs du secteur, à se mobiliser davantage sur le terrain, car je suis persuadé de leur lien profond avec notre terre généreuse et de leur conscience des défis qui nous attendent. Je tiens également à encourager notre jeunesse ambitieuse qui s’oriente vers l’investissement dans le domaine agricole, dans ses diverses branches, et sur laquelle nous comptons grâce à ses compétences, son efficacité et son expertise en sciences agricoles et techniques, pour opérer une large révolution agricole qui reflète les capacités et les potentialités de l’Algérie ».
A. R.