La décision annoncée ce week-end par le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, concernant la relance, avant la fin de l’année en cours, de 15 entreprises publiques économiques, sur une cinquantaine actuellement à l’arrêt, traduit la volonté du gouvernement à donner un nouveau souffle au secteur public économique et lui conférer le rôle de locomotive du nouveau processus de développement du secteur industriel dans son ensemble.
Par Mohamed Naïli
Néanmoins, la réussite de ce nouveau challenge du ministère de tutelle, auquel le CPE (Conseil des participations de l’Etat) a donné son aval en validant le plan de redressement établi à cet effet, selon le ministre, requiert un choix judicieux et pragmatique d’objectifs à atteindre, que ce soit à moyen ou à long terme. Et c’est à cet égard que spécialistes en la matière et opérateurs économiques s’interrogent sur la démarche à suivre et les objectifs escomptés par les pouvoirs publics.
Pour ce qui est du choix de ces 15 EPE, si la décision est salutaire pour la sauvegarde de milliers d’emplois, il n’en demeure pas moins la réussite de cette option requiert une étude exhaustive de l’ampleur des financements que nécessite chaque entité et l’état de son outil de production, mais aussi et surtout ses potentialités en termes de compétitivité pour gagner des parts de marché.
En tout cas, en tenant compte des précisions du ministre de tutelle, selon qui, « l’Etat n’abandonnera pas ces groupes industriels », le gouvernement semble avoir cerné tous les aspects pour la réussite de la relace de ces entreprises, puisque, dira-t-il, l’opération se fera sur la base de l’efficacité économique et le rôle de l’Etat est l’ « accompagnement qui permettra (à ces entreprises) de surmonter les obstacles, tout en les incitant à se repositionner sur le marché local et régional, voire même mondial ».
Obligation de résultats
Cette approche traduit donc la volonté de l’Etat à laisser une large marge de manœuvre à ces entreprises, une fois remises sur les rails, quant à leurs choix managériaux et l’élaboration des business plans chacune en fonction de ses potentialités, de ses moyens et surtout des mutations de l’environnement dans lequel elle évolue pour s’y adapter.
Si le rôle de l’Etat « se limitera à l’accompagnement des groupes publics », selon Zeghdar, les gestionnaires desdites entreprises sont tenus en revanche de s’engager à rentabiliser leurs projets et réaliser des profits. Pour une meilleure adaptation à la nouvelle réalité du marché, les responsables de ces mêmes entreprises publiques sont appelés à engager des partenariats tout en « prenant en compte les intérêts supérieurs du pays et respectant la règle gagnant-gagnant », précise le ministre.
De par leur position stratégique, compte tenu des filières dans lesquelles elles évoluent, comme la métallurgie/sidérurgie, mécaniques, industries lourdes, électronique et électroménager, entre autres, les entreprises industrielles du secteur public, comme le souligne Yacine Ould Moussa, spécialiste des questions économiques, « peuvent être un excellent vecteur de croissance ». Cependant, « pour qu’elles puissent jouer ce rôle, il faut libérer les initiatives », ajoute-t-il.
Ainsi, il est primordial d’appréhender ce nouveau processus de relance des entreprises publiques économiques à l’arrêt sous un nouvel angle que de reproduire les expériences du passé qui ont coûté au Trésor public des milliers de milliards de dinars mais qui ont abouti à l’échec. A titre indicatif, le vaste programme de relance des EPE engagé entre 2009 et 2012, lui seul, a coûté à l’Etat pas moins de 800 milliards de DA d’assainissements et 1 400 milliards DA de crédits bancaires, déclarait récemment le directeur du secteur marchand de l’Etat auprès du ministère de l’Industrie, ce qui lui fait admettre que « malgré toutes les restructurations, le secteur public n’a pas atteint ses objectifs ».M. N.