A un moment où la pandémie de la Covid-19 a affecté lourdement un secteur déjà sinistré, le ministre du Tourisme, de l’Artisanat et du Travail familial, Mohamed Ali Boughazi, a mis en avant l’impératif de promouvoir la performance du secteur. S’il y a effectivement nécessité majeure de réhabiliter le tourisme, en raison de son fort potentiel économique, il n’en demeure pas moins que l’entreprise s’avère titanesque.
Par Réda Hadi
Intervenant lors d’une rencontre, hier dimanche, avec les directeurs de wilayas du Tourisme et de l’Artisanat, le ministre a affirmé que c’est là une opportunité pour échanger avec les cadres de wilayas, les investisseurs et les opérateurs sur le développement et la promotion de la performance du secteur qu’il a en charge.
Longtemps malmené, le Tourisme a souffert énormément de l’incompréhension des pouvoirs publics, d’une certaine gabegie et parfois même de corruption. C’est pour cela que Boughazi a jugé cette réunion importante car elle vient de clôturer toute une série de rencontres avec les cadres de l’administration centrale et les instances sous sa tutelle, ainsi qu’avec le Groupe, Hôtellerie, Tourisme et Thermalisme (HTT) et les partenaires socio-économiques pour «connaître les défis du secteur, ses points forts et limites ainsi que les préoccupations et difficultés qu’il connaît».
Néanmoins la perspective de redressement semble d’autant plus ardue que le ministre a reconnu lui-même, le délabrement de certains hôtels en affirmant que «les services hôteliers en Algérie sont faibles.
La question que tout le monde se pose est de savoir si réellement les chances de s’en sortir de ce secteur, sont réelles ou relèvent-elles de l’utopie?
Pour M. Bourad Mohamed, expert en tourisme, l’Algérie n’a pas besoin de «réformettes», mais bel et bien de changements en profondeur, à commencer par « l’élaboration d’une stratégie à long terme, une mise à niveau de nos normes hôtelières et même d’apprentissage».
Et cela ne peut commencer que par une volonté politique assumée et affirmée, «Et surtout engager un audit par un bureau indépendant, car ce secteur demande beaucoup d’abnégation, et sans conflit d’intérêt aucun», a tenu à nous confirmer M. Bourad.
Pour cet expert, la tâche sera rude, car pour lui il ne s’agit ni plus ni moins que de remodeler, sinon changer tout un système mis en place, depuis des décennies.
«Nous devons tout revoir» a-t-il encore affirmé tout en soulignant qu’«il faut trouver de vraies compétences, des personnes qui aiment ce secteur, et non des gens «fonctionnarisés». «Le problème est de trouver qui va piloter ces réformes» s’est-il interrogé.
Le Tourisme est malade, or un malade avant de la soigner ou de lui prescrire quoi que ce soit, il faut l’écouter.
«Nous sommes loin des normes internationales» a repris M. Bourad, spécifiant «qu’un Tour operator, s’il venait à vouloir envoyer des clients chez nous, il ferait d’abord un audit des lieux, des prestations, et, certainement que le résultat sera négtif».
Citant l’exemple de nos voisins tunisiens qui viennent d’entreprendre des changements profonds pour relancer leur secteur qui est loin de connaitre nos problèmes, pourtant, l’expert estime que «c’est une question d ‘organisation et de meilleure appréhension des spécificités du secteur».
«Si les réformes ne sont pas entreprises à leur jute mesure et prises à bras le corps, toutes les déclarations de Boughazi resteraient vaines et ne seraient qu’un vœu pieu», a encore jugé, M. Bourad
Depuis au moins quatre ans, les responsables qui se sont succédés à la tête du ministère du Tourisme, ne cessent de réaffirmer la volonté des pouvoirs publics de relancer le secteur pour le développement et la diversification d’une économie trop dépendante des hydrocarbures. Pourtant, au cours de ces dernières années, le budget alloué à ce département ministériel a été également revu à la baisse, et ne cesse de baisser surtout. A titre d’exemple, de 4 289 735 000 dinars en 2012, le budget du département est passé à 3 157 141 000 dinars dans le cadre de la loi de Finances pour 2018», selon les statistiques de l’ONS (Office national des statistiques).
Mauvaise maitrise de la promotion de la destination Algérie
La communication est aussi un problème qu’il va falloir maitriser. Confrontée à une forte concurrence dans le bassin méditerranéen, l’Algérie souffre d’un véritable problème de promotion. Un exemple édifiant. Pour se renseigner sur la destination, les étrangers désirant visiter notre pays ont le choix entre les pages Facebook de certains opérateurs et les sites de certaines institutions publiques, dont celui du ministère du Tourisme décliné en deux langues seulement, arabe et français. Le site du ministère du Tourisme est caractérisé par une indigence publicitaire, idem pour celui de l’Office national algérien de tourisme (Onat). Nos sites, nos portails, sont très loin par rapport à la concurrence dans le bassin méditerranéen. A titre de comparaison, le site de la Tunisie est en quatre langues. Visit marocco est décliné en onze langues…
R. H.
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