Secteur agro-alimentaire : Attitudes, comportements et attentes d’un panel d’exportateurs algériens (3ème partie)

Photo : D. R.

2-Les obstacles rencontrés à l’exportation

Les opérateurs enquêtés, ont exprimé un certain nombre de problèmes rencontrés dans leur l’activité d’exportation de produits agroalimentaires. L’obstacle majeur énoncé est celui du transport et de la logistique avec un taux de l’ordre de 70%.

Les obstacles jugés les plus pénibles ensuite des problèmes juridiques et réglementaires dans 50% des cas.
Par contre les problèmes qui relèvent du fonctionnel (Ressources humaines et financières, production et approvisionnement), et du marketing  ne représentent qu’un faible pourcentage. 


Figure  23: Les obstacles rencontrés à l’exportation

Pour mieux illustrer ce qui précède, nous avons jugé utile de regrouper les obstacles rencontrés par les entreprises enquêtées en obstacles internes et externes.

Les obstacles internes sont généralement liés aux ressources de l’entreprise et à son fonctionnement.
Selon l’enquête, ces obstacles internes sont divisés en : obstacles fonctionnels (Ressources humaines, ressources financières, production et approvisionnement) et obstacles marketing.

2.11 Les obstacles fonctionnels

Les obstacles fonctionnels proviendraient du manque de ressources disponibles dans les différents maillons de la chaîne de valeur où se localisent les facteurs clés de succès de la stratégie à l’export.

Trois obstacles fonctionnels ont été identifiés à savoir : 

Figure 24: Les contraintes de Ressources humaines rencontrées par les entreprises enquêtées

Il en ressort qu’un seul exportateur enquêté serait confronté à un problème de ressources humaines. Il souffrait de l’absence de formation du personnel « export ». Les instances compétentes sont suffisamment présentes et disponibles pour palier éventuellement à ce genre de problème en proposant davantage de formations et des ateliers sur l’activité au sein de l’entreprise, mais aussi les inciter à participer aux évènements nationaux qu’organisent régulièrement les dispositifs de promotion du commerce extérieur, notamment l’ALGEX.

Figure 25: Les contraintes de Ressources financières rencontrées par les entreprises enquêtées

Selon les mêmes opérateurs, parmi les contraintes qui entravent leur activité d’exportation, on trouve les contraintes financières. Cette dernière représente l’obstacle majeur pour un quart des enquêtés. A savoir :

Il existerait aussi un problème d’accès aux programmes de subventions et des prêts gouvernementaux qui sont présentés pour aider les exportateurs, à savoir les subventions pour le transport, la participation aux foires à l’étranger, etc., … 

Figure 26: Les contraintes de production et d’approvisionnement rencontrées par les entreprises enquêtées

Parmi les contraintes fonctionnelles aussi, on trouve le problème de la production et d’approvisionnement. Les enquêtés qui rencontrent des obstacles à ce niveau (3 entreprises) souffrent notamment de la faiblesse de la capacité de production. Il s’agirait le plus souvent de petites entreprises. Ces dernières se retrouvent dans l’obligation de doubler le nombre de leurs employés en qualité afin qu’elles puissent concurrencer les entreprises du domaine et accéder aux marchés internationaux avec un potentiel important.   

. Obstacles liés au marketing et à la communication 

Figure 27: Les contraintes marketing rencontrées par les entreprises enquêtées

il n’y a que 2 entreprises qui ont été confronté à des contraintes liées au niveau du service marketing et communication. 

Parmi ces contraintes, selon les dires des entreprises enquêtées, nous pouvons citer : 

Premièrement, la politique de prix qui intègre des éléments de surcoûts mais également et surtout des éléments marketing comme l’image et la notoriété de la marque. Les entreprises se doivent de bien présenter leurs produits à leurs clients étrangers en travaillant sur l’image du produit, à savoir la nature, la qualité et le packaging et le service accompagnant la vente, de même que l’identité visuelle et la stratégie de communication, etc., …

 Les entreprises rencontrent également des problèmes pour faire une étude sur les marchés visés 

Deuxièmement, la sélection de canaux de distribution sur les marchés étrangers qui nécessitent au préalable la réalisation d’une étude du marché afin de se familiariser avec la structure de distribution locale. En effet, les entreprises ne pourront généralement pas utiliser les mèmes réseaux de distribution d’un marché à l’autre, en raison des différences qui les caractérisent au niveau des structures de distribution. Les entreprises enquêtées rencontrent également des difficultés et des contraintes au niveau de l’étude des machés étrangers pour trouver quels sont ceux les plus appropriés pour leurs produits.

Obstacles liés au transport et à la logistique  

Figure 28: Les contraintes de transport et logistique rencontrées par les entreprises enquêtées

Le transport et la logistique représentent l’obstacle majeur pour les entreprises enquêtées, puisque 70% d’entre elles éprouvent des difficultés au niveau du déplacement des produits vers les pays étrangers.

Selon les exportateurs, ces contraintes seraient 

Des coûts du transport élevés mentionnés par 60% d’entre eux ; ils se plaignent de la cherté de l’acheminement des produits exportés et de la faiblesse du transport ferroviaire pour réduire les coûts ce, notamment lorsqu’il s’agit d’exporter des produits vers des pays africains et arabes.

Les transports aérien et maritime doivent eux aussi se mettre au diapason des besoins des exportateurs nationaux de différentes tailles, sachant que l’exportation est surtout une affaire du coût et de timing.

S’agissant de la logistique, les opérateurs économiques ont relevé le manque important de voies ferrées reliant les zones industrielles aux ports et aéroports.

Le délai du transport n’a été mentionné que par 10% des enquêtés. Ces derniers trouvent des difficultés à respecter le délai mentionné par les importateurs. Par exemple, au niveau du transport maritime, il est difficile de trouver un bateau qui va démarrer à l’heure fixée et qui convient pour honorer les engagements en matière de délais et de dates de livraison exactes au niveau des ports étrangers. Le secteur aérien enregistre à son tour plusieurs lacunes et barrières à l’exportation des produits agroalimentaires, les centres de fret existant sur certains aéroports ne sont pas adaptés à ce type d’exportation et non équipés d’installations spécifiques. 

2.12 Obstacles externes

Les obstacles externes surviennent soit sur marchés étrangers, soit au plan national. Ils concernent les obstacles juridiques ou autres

Figure 29: Les contraintes d’Aspects juridiques et réglementaires rencontrées par les entreprises enquêtées

La moitié des entreprises enquêtées rencontrent des difficultés au niveau juridique et réglementaire, principalement au niveau des réglementations douanières et des normes et réglementations étrangères.

Les réglementations douanières représentent la barrière la plus pénible pour les exportateurs. Les entreprises enquêtées se plaignent des procédures qu’appliquent la douane algérienne, bien que cette dernière offre des exonérations aux exportateurs comme la TVA.

Les normes réglementaires étrangères sont mises en place par les gouvernements lors de l’importation. Elles contiennent des spécifications techniques ou d’autres critères précis qui assurent que les produits sont aptes à leur emploi prévu. Les exportateurs doivent dès lors respecter ces normes ou leurs produits seront refoulés sans accès au pays importateur.

Quelles sont les aides à l’exportation garantis par les pouvoirs publics algériens ?

(1) M’Hamed MERDJI Professeur de Marketing, Groupe Montpellier Business School France
(2) Ahcène KACI Professeur, Laboratoire Economie Agricole, Agroalimentaire et Rurale et de l’Environnement (LEAARE) Ecole Nationale Supérieure Agronomique, Alger.

(3) Salma CHEBBAB Master Ingénieur Agronome Laboratoire Economie Agricole, Agroalimentaire et Rurale et de l’Environnement (LEAARE) Ecole Nationale Supérieure Agronomique, Alger.

La suite dans notre prochaine édition

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