Secteur agro-alimentaire : Attitudes, comportements et attentes d’un panel d’exportateurs algériens (1ère partie)

Le contexte global puis spécifique au secteur agroalimentaire

Dans le cadre de l’ouverture de son économie aux marchés internationaux et de la diversification de ses exportations, l’Algérie s’est engagée dans un processus de réformes économiques. A ce titre, un plan a été lancé pour mettre à niveau le cadre juridique et institutionnel de l’économie algérienne. 

Par M’hamed MERDJI (1),
Ahcène KACI (2),
Salma CHEBBAB (3)

Ce qui suit vise à contribuer à soutenir l’engagement des entreprises sur le marché international ce, afin de favoriser l’exportation de produits hors hydrocarbures. Ce présent article contribue à l’analyse des atouts ainsi que les contraintes liées à l’exportation des produits agroalimentaires algériens.

Une enquête a été menée auprès d’une vingtaine d’exportateurs de produits agroalimentaires et les résultats démontrent que l’Algérie dispose à la fois d’un grand potentiel, des structures d’appui performantes et d’entreprises engagées afin de favoriser et renforcer l’exportation de produits.

Néanmoins quelques réajustements nécessaires en interne ou externe freinent parfois l’activité à l’export et méritent une attention particulière afin d’y remédier.

1-Le contexte global actuel

Un constat s’impose : si on observe l’évolution de la situation de la balance commerciale, on remarque d’emblée que durant la période 2001 à 2014, le taux de couverture est systématiquement supérieur à 100 ; ce qui donne une balance commerciale excédentaire. Cependant, à partir de 2015 et ce, jusqu’en 2020, ce taux de couverture passe sous la barre de 100 et indique dès lors une situation déficitaire. 

Figure 1 : La balance commerciale en Algérie entre 2001 et 2021

Dès l’année de 2021, la situation revient néanmoins à la normale puisque le taux de couverture est égal à 100 et la balance commerciale retrouve un certain équilibre
Sur le plan structurel, les exportations algériennes sont fortement dépendantes des richesses du sous-sol, mais des marges de progrès restent possibles pour des exportations hors-hydrocarbures.

Source : Etabli par nous-même, à partir des données du Tableau 2
Figure 2: Taux de couverture en Algérie entre 2001 et 2021

L’Algérie devrait donc continuer à exploiter ses autres ressources naturelles, telles que l’agriculture afin d’assurer à la fois l’autosuffisance alimentaire du pays et développer le secteur agroalimentaire et industriel en y consacrant, comme c’est le cas actuellement, davantage de moyens financiers, humains et technologiques.

Source : Etabli par nous-même, à partir des données de l’ALGEX 2022
Figure 3: Evolution des exportations des hydrocarbures et des exportations hors hydrocarbures entre 2001 et 2021 

2-Le contexte spécifique lié au commerce extérieur agroalimentaire de l’Algérie

Le premier objectif de l’Algérie est de développer la production locale pour améliorer le taux d’autosuffisance en produits de grande consommation. Dans un second temps, et lorsque cette production répondra aux normes internationales, les entreprises algériennes pourront donc se mettre à exporter.

Il existe manifestement une demande en Europe pour certains produits typiquement algériens, ce qui ouvre de nouvelles opportunités pour de grands groupes algériens, déjà exportateurs ou prédisposés à exporter.

Les exportations algériennes de produits agroalimentaires ne représentent, actuellement, qu’une faible part des exportations totales du pays, dominées principalement par les hydrocarbures avec un taux supérieur à 90% ; mais la tendance est au développement et renforcement de ce secteur.

Le tableau ci-dessous donne un aperçu du nombre d’entreprises agroalimentaires exportatrices en Algérie et leur localisation. (Source ALGEX)

Source : ALGEX, 2022

Tableau 8: Les entreprises agroalimentaires exportatrices en Algérie

Nous constatons dès lors que la majorité de ces entreprises, soit 60% (77 entreprises), est implantée au centre du pays. Leur répartition est la suivante : 41 à Alger, 19 à Béjaïa et 17 à Blida. On dénombre 5 entreprises à Oran et à Constantine, 4 à Boumerdes et à Bordj Bou Arreridj et 3 entreprises à Tlemcen, Sétif, Annaba et Souk Ahras. Deux entreprises se trouvent Chlef, Batna, Laghouat, Médéa, Tizi Ouzou, Mostaganem et Mascara. Et enfin une seule entreprise est localisée à Biskra, Bouira, Oum El Bouaghi, Sidi Bel Abbès, M’Sila, Guelma, Mila, et Tipaza.

Source : Etabli par nous-même
Figure 4 : Les entreprises agroalimentaires exportatrices en Algérie

L’objectif de l’enquête menée durant l’été 2022 et réalisée avec l’aide de l’ALGEX était d’apporter un éclairage sur la question des exportations agroalimentaires en Algérie et le rôle joué également par les dispositifs d’aide et de soutien à ces entreprises dans cette opération. Elle apporte une réponse à la contribution des entreprises agroalimentaires algériennes sur les marchés internationaux, tout en exposant les marges de progrès éventuels qui freinent ces entreprises dans leurs démarches et auxquels les organismes spécialisés et dédiés à l’export sont tout à fait en mesure d’apporter une réponse. Il s’agit d’une enquête exploratoire et de ce fait, l’échantillon de notre étude se compose de 20 entreprises agroalimentaires exportatrices parmi les 129 identifiées. 

(1) M’Hamed MERDJI Professeur de Marketing, Groupe Montpellier Business School France
(2) Ahcène KACI Professeur, Laboratoire Economie Agricole, Agroalimentaire et Rurale et de l’Environnement (LEAARE) Ecole Nationale Supérieure Agronomique, Alger.

(3) Salma CHEBBAB Master Ingénieur Agronome Laboratoire Economie Agricole, Agroalimentaire et Rurale et de l’Environnement (LEAARE) Ecole Nationale Supérieure Agronomique, Alger.