Saison estivale : Déjà le grand rush

C’est le grand rush sur les plages des villes côtières. Durant ces jours-ci ou la canicule bat son plein, les plages des wilayas de Bejaïa, Jijel, Boumerdes, Alger et autres sont bondées d’estivants venus notamment des wilayas internes limitrophes.

Par Akrem R.

Au troisième jour de l’Aïd (vendredi dernier), des milliers d’estivants ont préféré aller à la plage, afin de profiter de la fraicheur de la mer. C’est ce nous avons constaté au niveau des plages de la wilaya de Bejaïa et de Jijel.  En effet, tous les chemins mènent vers les plages autorisées à la baignade,  et même celles non surveillées par inconscience de certains estivants,  mettant en danger leur vie. Les premiers cas de décès par noyades sont déplorés et recensés par les services de la protection civile.

Des véhicules immatriculés de différents indicatifs  de wilayas continuent d’affluer vers ces villes côtières dénotent l’engouement des estivants pour le tourisme local. Une destination qui commence à faire son petit bout  de chemin.

Cette année et avec les mesures prises par les pouvoirs publics,  la destination locale connaitra, certainement, un engouement sans précédent. C’est ce que prédisent des professionnels du tourisme algérien.

D’ailleurs, les premiers indicateurs sont déjà là. Ainsi, la crise financière, à laquelle font face les familles algériennes, suite à la hausse généralisée des prix de produits alimentaires et services, influera sur le choix de la destination. En effet, il est difficile d’aller à l’étranger et même d’y penser. Les services et les loyers connaissent une flambée à l’international. 

Donc, il ne reste à choisir que la destination interne, tout en adoptant un plan spécial, en matière de dépenses. De nombreuses familles recourent, dans ce sens à la préparation de repas faits maison, évitant d’aller au restaurant.

«Nous allons passer nos vacances ici à Bejaïa et Jijel, en venant au moins deux fois par semaine.  Le choix de ces deux destinations est bien étudié, puisque il y a la proximité. Ceci nous permettra de venir passer une journée à la plage et regagner notre domicile à Sétif», indique une maman accompagnée de ses trois enfants et mari. Cette méthode nous permettra de faire des économies et de profiter de la fraicheur des plages ».

Un avis que partagent beaucoup de familles algériennes. Louer une maison au bord de la mer est excessivement cher. Certains propriétaires proposent leurs logements à la location à partir de 5 000 DA/nuitée. En effet, pour passer 10 jours à la plage, la famille est obligée de mobiliser au moins 50 000 DA, uniquement pour le loyer, sans compter les autres dépenses et frais !

Une équation difficile à résoudre, notamment durant cette période, dont le budget des ménages subit de forte pression. De l’avis de beaucoup de commerçants et restaurateurs, la consommation est en net recul. Une chose qui s’expliquerait par la hausse des prix. «On reçoit de moins en moins de familles que d’habitude. La hausse des prix est derrière cette situation», explique Hamid, un restaurateur de Béjaïa.

Des mesures pour promouvoir la destination interne

Dans un entretien accordé à l’APS, le Directeur central chargé des activités touristiques, du plan qualité et de la régulation au ministère du Tourisme et de l’artisanat, Nabil Melouk,  a précisé que plusieurs mesures incitatives avaient été prises pour améliorer la gestion des plages, au titre du programme tracé par la Commission nationale chargée de la préparation et du suivi de la saison estivale 2023, sur instruction du Premier ministre et sous l’égide du ministère de l’Intérieur, avec la participation des secteurs concernés, dont le ministère du Tourisme et de l’artisanat, l’objectif étant de veiller au bien-être des estivants.

Ce programme vise à optimiser l’exploitation des plages, à renforcer les structures d’hébergement et à promouvoir l’animation et la communication.

Dans ce cadre, des concessions sont octroyées aux professionnels pour l’exploitation d’une partie de la superficie de chaque plage afin de remédier aux insuffisances enregistrées durant les précédentes saisons, et ce, dans une démarche visant à améliorer les prestations et à créer une émulation entre les destinations touristiques nationales et territoriales, a expliqué le responsable, ajoutant que l’accès aux autres espaces de ces plages était libre. De plus, la priorité à la concession des plages attenantes aux établissements hôteliers est reconnue à ceux-ci pour leur permettre de proposer des offres complètes à leurs clients.

Cette année, les pouvoirs publics veillent sur l’application stricte de l’accès gratuit aux plages et en finir avec l’exploitation anarchique. Un phénomène qui prend de l’ampleur à chaque saison estivale. Des jeunes imposent leur diktat, en squattant des plages et des espaces pour faire leur business. Des tables, des chaises et parasols  sont proposés à la location, mais à quels prix !

Il est à noter que d’une plage à l’autre, le prix du parking va de 100 à 500 DA dans certains endroits. Les parasols sont «loués» entre 700 et 1 000 dinars. Les chaises à 300 DA. Les tables avec parasol et quatre chaises sont louées entre 2 000 et 3 500 DA ! 

Une nouvelle organisation des plages s’impose avec acuité pour en finir ces pratiques qui nuisent à l’image d’un pays qui veut faire du tourisme, un des leviers de croissance et de diversification de l’économie nationale. Les autorités locales sont appelées à s’impliquer davantage dans la gestion des plages et autres espaces touristiques, en mettant en place un cadre réglementaire (un cahier de charges).

Dans ce cadre, le ministre de l’Intérieur a appelé les corps de sécurité à « prendre les dispositions nécessaires et à renforcer leurs équipes sur le terrain afin d’assurer la sécurité et l’ordre publics, et d’anticiper tout danger de nature à menacer la tranquillité des estivants ou à perturber le bon déroulement de la saison estivale».

L’implication d’autres secteurs, une nécessité

Si les conditions de sécurité sont réunies, le problème des embouteillages  sur nos routes refait surface à chaque saison estivale.  Des axes routiers n’arrivent pas à supporter tous le flux des estivants. Ce samedi, et 1h du matin, des familles sont toujours bloquées dans la RN 9, reliant Bejaïa à Sétif. Donc, un grand travail reste encore à faire en matière d’infrastructure de base et modernisation de routes. En clair, le développement du tourisme en Algérie reste dépendant de l’essor d’autres activités et secteurs.

«Le secteur du tourisme ne peut pas se développer si les autres secteurs ne l’accompagnent pas», avait déclaré le ministre du tourisme, Mokhtar Didouche  lors d’une visite dans la wilaya de Chlef , en soulignant que «l’Etat doit également développer en parallèle tous les secteurs d’accompagnement, dont les travaux publics, l’hydraulique et l’énergie».

Effectivement soulignent des observateurs, qui avancent que l’action des pouvoirs publics  est déterminante à plus d’un titre, mais que celle-ci ne peut être efficiente que si l’on ne  détermine pas auparavant l’option du tourisme choisi.

A. R.

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