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Risques d’inondations : La meilleure lutte, la prévention - ECOTIMES

Risques d’inondations : La meilleure lutte, la prévention

Risques d’inondations : La meilleure lutte, la prévention

Les pluies printanières qui se sont abattues la semaine passée sur une grande partie du territoire national n’ont pas fait que des heureux parmi ceux qui attendaient depuis plusieurs semaines une inflexion de la situation de sécheresse qui dure depuis des années. Ces pluies, tout en renforçant les barrages hydrauliques et les nappes souterraines, ont causé de multiples désagréments aux populations, tournant parfois en drames lorsque les eaux boueuses, débordant des cours d’eau, envahissent les maisons, obstruent les routes ou emportent le cheptel ovin.

Par Amar Naït Messaoud

Les inondations de ces dernières années, qui, pour une grande partie, sont le résultat des changements climatiques, constituent un risque avéré pour la sécurité des biens et des personnes. C’est pourquoi, notre pays l’a inscrit sur la liste des dix-huit types de risques identifiés dans la loi sur les risque majeurs adoptée en 2024 (risques naturels industriels, biotechnologiques, cybernétiques,…) que les autorités publiques et les services techniques sont appelés à gérer.

Gérer, dans ce cas de figure, signifie adoption d’une stratégie de prévention -pour atténuer l’impact de la calamité ou empêcher sa survenue-, et d’un plan d’intervention à déployer lorsque le risque survient et devient une réalité qui menace les populations et les infrastructures.

Sur l’ensemble du territoire national, trente-huit wilayas sont menacées par le phénomène des inondations, selon l’ancien découpage administratif. C’est ce qu’avait révélé, il une dizaine d’année, le professeur Abdelkrim Chelghoum, spécialiste des risques majeurs.

Des projets grandioses avaient été lancés par les autorités publiques depuis 2008 pour protéger les villes algériennes des inondations ; cependant, hormis quelques cas où l’efficacité de ces ouvrages a joué, le reste semble ne pas correspondre aux impératifs techniques.

Des villes supposées protégées par des murs, des gabions, des exutoires artificiels, n’ont pas beaucoup résisté aux flux des pluies orageuses qui se sont dé- versées en automne, en hivers et même au printemps, comme c’est le cas en ce milieu du mois de mai 2025.

L’on se souvient des drames de la ville nouvelle Ali Mendjeli, immense banlieue de Constantine, de Khenchela, de Djelfa et d’autres villes où l’on a enregistré des affaissements d’habitations, une montée des eaux qui a bloqué la circulation et emporté même des véhicules, et causé des décès parmi les habitants.

Le spécialiste en risques majeurs avait préconisé que, à la tête de chaque commune, on désigne un « monsieur risques majeur » qui détecte, suit et anticipe les menaces de risques majeurs et de catastrophes naturelles qui pèsent sur la collectivité.

Cette personne est censée disposer des moyens et outils indispensables à cette mission, à commencer par la cartographie des risques potentiels.

Certaines explications, qui font l’économie de réflexion et par lesquelles leurs auteurs tentent de se dérober à leurs responsabilités, n’hésitent pas à recourir trop précipitamment à l’argument des changements climatiques, bien que ce dernier soit une réalité établie qui commence à être mieux appréhendée par les scientifiques.

Cependant, cet argument ne peut être servi à chaque fois que l’administration, les élus ou même les citoyens sont en défaillance par rapport à leurs responsabilités. Car, en vérité, les perturbations climatiques sont un facteur supplémentaire aggravant dans un contexte d’une gestion territoriale qui est loin des normes.

Les changements climatiques : un facteur aggravant

Même si les orages ont acquis une grande part d’imprévisibilité et les périodes de sécheresse ont tendance à s’étaler dans le temps, les risques d’inondations, qui se sont accrus ces dernières années dans notre pays, ont une relation étroite avec la gestion de l’espace et du territoire, telle qu’elle est conduite sur le terrain.

L’on a remarqué que, parfois des pluies saisonnières, sans grande torrentialité, ont fait des dégâts dans des quartiers mal aménagés ou ont emporté des taudis construits à la hâte sur les berges d’un cours d’eau.

Déforestation à grande échelle, qui a dénudé des massifs entiers du nord d’Algérie, non respect des règles urbanistiques, constructions illicites, et d’autres facteurs encore, ont conduit à la fragilisation du tissu urbain et des infrastructures, lesquels sont exposés à des flux d’eaux pluviales et de boues qui envahissent les quartiers, les ruelles et les boulevards.

Depuis le grand déluge de Bab El Oued de novembre 2001, qui avait fait des centaines de victimes, une grande masse de « littérature » administrative et technique a été produite, tendant à mieux prévenir les inondations en Algérie et à mieux organiser les secours sur le terrain.

En outre, des moyens technologiques modernes ont été mis en place, à l’image de la carte des zones inondables interdites à la construction (non aedificandi).

Ce sont là des sites interdits à la construction dans les textes réglementaires, mais investis par des constructeurs illicites qui s’exposent à voir leurs bâtisses et leurs biens emportés par les eaux.

Sur un autre plan, le ministère des Transports a acquis un supercalculateur météo permettant de prévoir, malgré le contexte de changement climatique qui génère une grande marge d’erreur, les orages. L’on ignore toujours le degré d’implication de cette technologie dans le système de l’anticipation météorologique.

La solution passe par la synergie de toutes les parties prenantes

Les Algériens se souviennent encore du déluge de Ghardaïa, le 1e octobre 2008, qui avait fait, la veille de l’Aïd El Fitr, une centaine de morts et avait détruit des centaines de maisons.

Depuis cette date, le gouvernement a recours aux ouvrages de génie civil (murs en béton armé, digues, exutoires artificiels, grands canaux d’évacuation…) pour lutter contre les inondations. Néanmoins, les experts jugent qu’il est temps de prendre le taureau par les cornes dans le domaine de la lutte contre les inondations.

Dans ce cas de figure, la première et la plus stratégique forme de lutte contre les inondations, c’est… la prévention. Il s’agit de lutter contre les déboisements et la dénudation des bassins versants, particulièrement en amont des agglomérations; de lutter contre les constructions illicites qui prolifèrent comme un cancer dans toutes les villes algériennes.

Ces constructions n’obéissent à aucun plan ou géométrie qui permette d’évacuer les eaux pluviales. La densification des constructions empêche parfois tout passage des eaux et concentre leur force en un seul endroit.

Ce qui conduit à la montée de leur niveau. À cela s’ajoutent les insuffisances dans l’entretien et la rénovation du système d’évacuation des eaux pluviales.

Pire, des gravats, issus des démolitions et des constructions qui se réalisent un peu partout, obstruent tous les passages au point de faire gonfler le niveau des eaux et les déverser dans les maisons, les écoles, les routes…etc.

C’est ce qu’a vécu la haute ville de Constantine juste après la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe», vu le nombre de chantier abandonnés par des entrepreneurs engagés dans la restauration du vieux bâti.

Le président du Collège national des experts architectes, Abdelhamid Boudaoud, évoque le rôle de la police d’urbanisme dans la prévention des inondations dans les villes.

Dans certaines villes, cette structure est peu visible. Même si des procès-verbaux de constat de délit -à savoir la construction illicite- sont dressés, la démolition des constructions demeure un fait rare.

Pire, l’administration a fini, dans certains cas, par régulariser une grande partie des bourgades et quartiers informels crées ces dernières années, et ce, par leur raccordement au gaz, à l’électivité, à l’eau, au téléphone et à l’assainissement, en plus de certains travaux d’amélioration urbaines qui y sont menés.

La prévention et la lutte contre le risque majeur des inondations requiert immanquablement la collaboration étroite de tous les services techniques et administratifs, de toutes les parties prenantes, de façon à optimiser et à mutualiser les solutions dégagées.

Car, une action isolée dans l’espace et dans le temps, aussi pertinente que soit sa conformité technique, ne pourra pas acquérir toute son efficience en l’absence des autres types d’intervention.

A. N. M.

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