La notion de vulnérabilité est importante dans l’analyse de la durabilité d’une filière car certains éléments peuvent influer sur le devenir des filières concernées. Ces vulnérabilités peuvent être d’origine humaine, naturelle, sociale ou autres.
Par Akrem R
Parmi les 10 risques liés à la production de pommes de terre, mentionnés par les producteurs à El oued, ce sont clairement des risques climatiques et la fluctuation et baisse du prix des pommes de terre, plusieurs années de suite, qui les inquiètent.
En effet, en regroupant les réponses d’une enquête réalisée par le programme d’appui de l’UE à l’Algérie dans le domaine agricole, (PASA), 48% sont liées aux aléas climatiques, en particulier, le manque de pluie, les vents violents et les gelées en hiver.
La fluctuation du marché et en particulier la baisse des prix au-dessous des coûts de production cumulent 39% des réponses. Ce phénomène devient régulier depuis 2015.
Les autres risques évoqués sont la dégradation progressive de la qualité de la semence, qui joue défavorablement en amont et en aval de la filière : semences moins performantes, d’où besoin de plus d’intrants pour compenser, ce qui revient plus cher pour des produits moins naturels.
La probabilité de ces risques est considérée comme élevée puisqu’ils ont été subits dans les trois dernières années (2018-2020) par 28 (85%) des producteurs.
Les producteurs déclarent 6 principaux risques subits entre 2013 et 2021 et pour lesquels ils n’ont pas beaucoup de solutions. Les aléas climatiques arrivent en tête globalement (canicule, vent violet et gelée).
Dans cette période, c’est en 2020 que la canicule fut la plus sévère et en 2019 que les vents furent les plus violents. Des gelées ont été subies entre 2019 et 2020 avec plus d’intensité en 2020. La fluctuation du marché de la pomme de terre est spécifiquement le risque le plus mentionné.
C’est en 2017, 2018 et 2019 que les fluctuations de marché furent les plus sévères. La faible qualité des semences subie par cinq producteurs présente un risque qui s’accroit d’année en année et qui affecte le rendement et le coût de production. Enfin, un producteur a été spécialement affecté par les nématodes qui ont détruit la production. En réalité, ce fléau de nématodes touche plusieurs producteurs qui tentent de le combattre par des rotations de culture, par des nématicides, par l’apport de sable sur la parcelle ou en changeant de parcelle.
Les deux tiers des producteurs ont tenté de minimiser l’effet de ces risques alors que les autres ont abandonné leur parcelle ou récolté ce qu’ils pouvaient. La diversification des productions par des rotations est une mesure qui vise principalement à limiter les risques économiques alors certains utilisent la rotation de culture avec un objectif premier de combattre les nématodes et les autres maladies, mais aussi pour maintenir la fertilité du sol et éviter de changer trop souvent de parcelles.
Les barrières anti vent sont surtout érigées dans les zones de couloir à vent. La diversification de l’économie familiale est une mesure qui s’accentue et qui devient la norme chez les producteurs.
En cas de canicule, l’irrigation en continue est pratiquée par certains producteurs pour sauver leur rendement, moyennant des coûts de production supérieurs. Certains, pour contrer les effets du changement climatique et les décalages de saison, modifient leur calendrier traditionnel de culture pour s’adapter. Près de 60% des producteurs déclarent être affectés par le changement climatique pour la production de pomme de terre. Les effets des canicules de plus en plus fréquentes et longues sont ceux affectant la plus grande proportion de producteurs, suivis par la fréquence accrue de vents de plus en plus violents.
Ces deux effets combinés accroissent l’ETP et donc la demande en irrigation et donc le coût de production. Les variations climatiques jouent également sur les calendriers culturaux, ce qui demande une adaptation des producteurs dans la gestion du cycle de culture.
De manière plus spécifique, les producteurs de pomme de terre répondent à ces effets climatiques par les actions suivantes : Retarder les plantations en attendant la température idéale; Installation de brise vents solides en palme pour limiter la vitesse du vent ; Choix de variétés précoces pour éviter les effets des gelées précoces en arrière-saison ; Irrigation continue en période de canicule ; Irrigation supplémentaire suite au vent pour enlever le sable et la poussière sur les feuilles et adoption de goutte à goutte pour accroitre la performance d’irrigation, surtout en période de canicule et de vent.
A. R.